Professeur des écoles, militant Freinet, Daniel Gostain a participé à Clic 2016. Il en ramène cette vision particulière, celle du « plan de travail », une expression clé de l’événement…
Je suis le Plan de travail, en direct du CLIC, le Colloque de la classe inversée, où je tape l’incruste, comme je ne l’avais jamais fait auparavant, sauf lors des congrès de pédagogie Freinet.
Quelle est ma surprise d’entendre sans arrêt mon nom pendant ce colloque : 17 fois par heure et par participant, j’ai compté. Au début, quand j’entendais mon nom, je me redressais, mais avec une certaine méfiance, redoutant comme à l’habitude les mots des pontes de la pédagogie transmissive qui me vouent aux gémonies.
Et puis, petit à petit, j’ai senti que les personnes invitées m’aimaient tel que je le rêvais.
On m’a donné, en plus, des compagnons, ce qui me ravit, vous le pensez bien : la Capsule vidéo, qui doit préparer les élèves à mon accomplissement, la Carte mentale – ce nom-là me fait un peu peur, je dois dire – et l’Autoévaluation, qui doit vérifier si j’ai bien fonctionné.
Je suis bien fier de toutes ces attentions, mais il y a une chose qui me fait peur : c’est d’être presque systématiquement numérisé, enfermé dans des machines vouées à me formater.
Heureusement, j’ai entendu avec bonheur : « Le numérique facilite la classe inversée, mais on peut faire sans. » Ouf ! Je reste humain. Et j’espère aussi que parfois, je pourrai me reposer, qu’on me mette de côté, et qu’on laisse place à d’autres temps de classe où on ne ferait que partager, que penser, que mener des projets « gratuits », simplement pour le plaisir, sans chercher l’évaluation des compétences.
Mais est-ce que la classe, même inversée, le permettra ?
Daniel Gostain