Par François Jarraud
Alors que le rapport de l’Inspection générale sur la réforme du primaire fustige l’empilement des dispositifs d’aide, une étude britannique met à jour la vanité de certains dispositifs d’aide extérieurs à la classe. Une réalité à méditer…
Les chercheurs n’en croyaient pas leurs chiffres ! Ils ont du prolonger d’un an leurs observations pour en être certains. Une enquête menée par l’Institut d’éducation de Londres auprès de 20 000 enseignants et assistants d’éducation (Teaching Assistants : TA) montre que plus un élève est aidé, moins il progresse !
Les Teaching Assistants ont été déployés à partir de 2003. Ils assument aussi bien des tâches éducatives qu’administratives. Ils entretiennent le matériel informatique, surveillent les couloirs mais font aussi un travail de répétition auprès des élèves, les aident à faire le travail scolaire en les prenant, sous les instructions d’un enseignant, en petit groupe ou individuellement.
Des résultats surprenants… L’enquête qui vient d’être publiée montre que leur arrivée dans les établissements a eu des effets positifs. Les TA ont fortement amélioré le climat dans les classes, qui sont plus disciplinées et concentrées. Deux profs sur trois estiment que depuis leur arrivée leur niveau de satisfaction a monté et leur stress diminué. Ce qui a surpris les chercheurs c’est qu’ils ont pu constater que plus un enfant était suivi par les TA moins il progressait. Le lien est tellement direct que l’enfant n’est pas en cause : c’est bien l’aide des TA qui explique cet écart dans les progrès scolaires des élèves.
Mais qui résultent du fonctionnement de l’école. « On ne blâme pas les TA » déclare un des auteurs. « On ne dit pas qu’ils ont une mauvaise influence… L’explication principale c’est qu’ils tendent à accaparer les enfants les plus en difficulté qui sont alors séparés du reste de la classe ». Lors de l’arrivée des TA, les enseignants ont voulu apporter une aide aux élèves en difficulté. Ils les ont donc confié aux TA pour les faire travailler en petit groupe ou individuellement. Plus un élève était en difficulté et moins il voyait son enseignant, mieux formé que les TA. Pendant ce temps, la classe entière, soulagée des élèves en difficulté, travaillait mieux et plus vite, dans un climat apaisé…
Qu’est ce qu’aider ? L’exemple des TA est symptomatique d’une certaine conception de l’aide qui consiste à traiter les cas difficiles, et en général la différenciation pédagogique, en dehors de la classe. On déresponsabilise l’enseignant et on aboutit à un système ségrégatif qui rend impossible les progrès des plus faibles alors même qu’on a mis en place des moyens supplémentaires. Bien loin d’aider les plus faibles ces moyens là creusent l’écart au bénéfice des élèves qui ont le plus de proximité avec l’école.
Politiquement, en voulant aider les enfants des milieux populaires, les travaillistes ont dépensé davantage de moyens pour accroître les inégalités scolaires. C’est certainement un exemple à méditer en France au moment où on assiste à un empilement de dispositifs d’aide gravitant autour de la classe. L’Inspection générale, dans un rapport examiné dans cet Expresso, s’alarme justement de l’absence de coordination entre eux. Les enquêteurs britanniques soulignent que moins d’un quart des enseignants avait été formé à travailler avec les TA.
Communiqué IOE
http://www.ioe.ac.uk/newsEvents/31191.html
L’étude