Par François Jarraud
Les événements sanglants intervenus à Winnenden (Allemagne), les brutalités de Gagny, amplifiées par l’écho que le président de la République leur a donné en recevant des enseignants de ce lycée, tout cela ravive le débat sur la violence scolaire. Le président de la République a promis « que tout serait mis en oeuvre pour qu’un tel événement ne se reproduise pas ». Il a invité le ministre de l’éducation nationale à « lancer, en concertation avec les collectivités locales concernées, une réflexion destinée à renforcer par des mesures opérationnelles la sécurisation des établissements scolaires ».
Aura-t-on la cruauté de rappeler des paroles vieilles d’à peine un an ? En janvier 2008, Xavier Darcos disait : « Je ne saurais accepter la multiplication des entorses à la tranquillité nécessaire à l’apprentissage. Je ne saurais accepter la banalisation des faits de violence ». En 2002, ministre délégué de Luc Ferry, il avait lancé un xième plan contre la violence scolaire. « L’objectif est de faire baisser la violence de moitié en cinq ans » promettait-il. « Je veux lever le tabou de la violence scolaire, prendre l’opinion à témoin et montrer ce qui se passe réellement dans nos écoles. Si chacun prend conscience de la gravité de ce qui se passe, nous aurons plus de facilité à combattre le phénomène ». Sept ans plus tard, la situation a-t-elle changé ?
A nouveau, on assiste à une erreur de diagnostic. Si toutes les formes de violence scolaire sont à combattre, le ministre, et les médias aussi, privilégient toujours les formes les plus spectaculaires de la violence, celles qui font des victimes. Or la violence scolaire c’est à 80% le harcèlement (le bullying) exercé par des élèves sur d’autres élèves. Cette forme là, qui n’est pas spectaculaire, et qui s’exercent entre jeunes, a autant d’effets négatifs sur les élèves qu’elle suscite peu d’intérêt chez les politiques.
L’erreur de traitement n’est donc pas surprenante. Si les liens entre établissement et police ne sont pas inutiles c’est d’abord parce qu’ils peuvent apporter comme sentiment de protection. L’enseignant se sent davantage protégé; les incidents sont transmués en procès-verbaux ce qui apprend à chaque partie à prendre du recul et à connaître les droits de l’autre. Mais aucune mesure policière n’empêchera les coups de folie qui se terminent en bain de sang. Aucune ne répondra à la réalité du harcèlement scolaire qui pourrit la vie de nombre d’établissements. Aucun policier n’aidera un jeune à apprendre à contenir sa colère.
Pourtant des solutions existent. Eric Debarbieux, qui mène en ce moment avec la mairie de Paris une expérience originale, estime qu’il y a des facteurs propres aux établissements dans leur organisation matérielle. La baisse du nombre de surveillants, des recoins mal contrôlés sont par exemple des facteurs de violence. Il y a surtout des causes à chercher au cœur même du fonctionnement de nos établissements. C’est la solitude des enseignants et l’anonymat des élèves qui favorisent le harcèlement. C’est la maigreur de la formation à la gestion du stress et des groupes qui fragilise des enseignants. La violence scolaire explose à la rencontre entre l’état de notre école et celle de notre société.
Eric Debarbieux
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Changer de paradigme pour Claude Lelièvre
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L’autorité ne règlera pas le problème
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Dossier violence scolaire
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Le Sgen appelle le gouvernement à ne pas se tromper de politique
« Le manque d’adultes dans les établissements laisse la place aux bandes. La première mesure utile serait donc de renoncer au dogme de la baisse de l’emploi public pour attribuer aux établissements les emplois nécessaires d’enseignement, d’éducation, de service social, d’orientation … » Alors que le président de la République demande un plan d’urgence pour faire face à ces intrusions, le Sgen Cfdt pose les jalons d’une autre politique.
« Ces événements ne se produisent pas n’importe où. Il faut relancer la politique d’éducation prioritaire, en dotant mieux les établissements des zones concernées mais aussi en faisant un effort de coordination de l’action éducative de l’État et des collectivités territoriales, en soutenant l’éducation populaire, en réinjectant les crédits nécessaires à la politique de la ville » estime le Sgen.
« La violence vient de la désespérance » joute-il. « On ne la combattra qu’en prenant en charge les jeunes en difficulté d’apprentissage, d’orientation, de construction de leur avenir. Le système éducatif doit avoir la possibilité de relever ce défi ».
Violence scolaire : l’émotion ne règle pas le sproblèmes
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Violentes intrusions à Gagny (93) et Eaubonne (95)
De violentes intrusions se sont produites dans deux lycées franciliens. Le 10 mars, à Gagny, un groupe d’une vingtaine de jeunes cagoulés ont pénétré dans le lycée JB Clément et s’en sont pris à des élèves envoyant 4 personnes à l’hopital et en blessant 8 autres. La veille, à Eaubonne une bande a pénétré à deux reprises dans le lycée Louis Armand et ont attaqué un élève.
Dans la journée, X Darcos s’est rendu à Gagny. Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, en charge de l’équipement des lycées, a condamné ces violences et précisé que le lycée de Gagny est équipé d’une « sécurisation de ses accès reliée à la loge ». Mais l’intrusion s’est produite à l’inter cours au moment des entrées et sorties d’élèves. La vidéosurveillance de l’établissement a fourni à la police les images de l’intrusion. 3 personnes seraient en garde à vue.
Intrusion à Gagny (AP)
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Intrusion à Eaubonne
http://www.leparisien.fr/abo-val-d-oise/violences-dans-un-lyce[…]