L’enseignement catholique creuse -t-il sa différence ? On peut s’interroger après les propos tenus par le secrétaire général, Pascal Balmand, sur certains enseignements le 8 octobre et après la publication des textes sur l’Enseignement moral et civique.
Pascal Balmand marque la différence de l’enseignement catholique dans l’approche de l’enseigneemnt des sciences. Il critique les programmes sur leur contenu d’enseignement. « Les programmes de sciences (du collège) peuvent prêter à une lecture hygiéniste ou comportementaliste qui pose question », dit-il. « Je m’interroge sur la vision de l’être humain et de sa place dans le vivat qui s’exprime à travers la phylogénétique ». Il invite à « ne pas réduire la démarche scientifique à une approche utilitariste ». Pour lui « ce qui est en jeu c’est une vision de la place d ela personne humaine dans le vivant. L’homme est il un animal ou autre chose ? Les savoirs sont des leviers apportés aux enfants pour qu’ils construisent leur vision du monde et non pour leur imposer ». Tout est dans la nuance y compris la volonté d ene pas imposer alors qu’on a là une critique en règle de l’enseignement et des finalités des enseignements scientifiques et une invitation à leur donner une finalité chrétienne.
C’est l’enseignement de l’EMC qui est évidemment l’autre élément travaillé par l’enseignement catholique. Le SGEC publie une déclaration sur l’éthique républicaine qui devra entrer dans les réglements intérieurs des établissements en lieu et place de la charte de la laïcité qui marque bien la singularité de l’enseignement catholique. Ce texte stipule que » le projet d’établissement comprend notamment un parcours citoyen, permettant de découvrir et de vivre les valeurs de la République. La liberté, l’égalité, la fraternité ne peuvent se construire que dans un espace où chacun peut partager sa culture et exprimer ses convictions dans la connaissance et le respect de celles d’autrui. La liberté de conscience et la liberté de religion, défendues par l’Église catholique, sont aussi garanties par le principe de laïcité ». La laïcité est ainsi située à la fois dans les valeurs républicaines et le « caractère propre » des établissements catholiques.
La réflexion sur l’EMC pousse plus loin la singularité des approches du SGEC. Notons qu’aux valeurs républicaines, P Balmand préfère le terme de « vertus ». Le SGEC publie une « contribution de l’école catholique » à l’EMC destinée aux enseignants qui resitue les valeurs républicaines dans la tradition des Pères. Ainsi le professeur pourra évoquer la liberté à travers Saint Augustin ou Saint Paul. « Comment prendre en compte dans le respect de l’autonomie des disciplines l’éclairage chrétien sur les enjeux éthiques d’une question », demande ce manuel de formation. Au final les fiches pratiques de ce manuel sont intéressantes car elles posent des questions morales dans un contexte scolaire concret et sans dicter de réponse. Mais la finalité chrétienne est introduite d’une certaine façon dans les attendus des programmes officiels.
Alors que l’enseignement catholique a « laïcisé » à la fin du 20ème siècle ses enseignements en abandonnant les manuels spécifiques aux écoles libres et en recrutant des enseignants selon les critères de l’éducation nationale, on assiste ainsi à un étonnant retour du sacré dans les enseignements. L’évolution est, nous semble-t-il, plus marquée à cette rentrée.
L’école catholique va-t-elle accentuer sa singularité ? Pour Bruno Lamour, secrétaire général de la Fep Cfdt, le premier syndicat enseignant du privé, « c’est un mouvement auquel on assiste depuis une quinzaine d’année et qui est amplifié par la Manif pour tous ». Pour autant, « le SGEC cherche avant tout l’unité des établissements » et n’appuie pas ce retour au religieux. « Ses interventions sont tout en nuances, àlire à la virgule près »…
François Jarraud