Par Jean-Louis Auduc
« La reprise d’une partie très intéressante du texte de décembre 2006 ne fait pas de ce projet d’arrêté un bon texte. Il souligne les incohérences, les contradictions de la réforme en cours ». Jean-Louis Auduc, directeur adjoint d’IUFM, analyse pour nous le projet d’arrêté sur le cahier des charges de la formation des enseignants. Le texte, que le Café s’est procuré, devrait être publié à la fin du mois.
Un projet d’arrêté du ministre de l’éducation nationale et de la ministre de l’enseignement supérieur visant à modifier l’arrêté du 19 décembre 2006 relatif au cahier des charges de la formation des maîtres est en cours de concertation avant publication fin mars 2010.
Ce projet d’arrêté reprend avec quelques modifications relatives aux réseaux numériques de travail et aux technologies numériques éducatives, les dix compétences jugées indispensables pour exercer le métier d’enseignant.
Mais, dans ce nouvel arrêté, ce discours sonne creux, car ont été supprimées toutes les dispositions visant à former réellement les futurs enseignants aux gestes professionnels du métier.
Toute référence aux IUFM a été gommée dans le nouveau texte. Le mot n’apparaît a aucun moment, comme si pour le ministère il ne s’agissait pas d’une intégration dans une université comme école interne, mais d’une disparition-dilution. Tous les paragraphes précisant un tant soit peu les éléments d’un cadrage national ont été supprimés.
La partie qui figurait dans l’arrêté du 19 décembre 2006 concernant les formateurs d’enseignants, leur formation et leurs compétences a disparu, preuve si l’en est du refus présent dans la note de cadrage du 25 février de considérer que cette fonction puisse exister et être indispensable à professionnaliser les futurs enseignants.
Alors que l’arrêté du 19 décembre 2006 insistait sur la progressivité de l’acquisition de ces dix compétences liées entre elles, le texte mis en concertation comporte le risque d’un émiettement, d’un fractionnement de ces compétences qui peut permettre de justifier, notamment pour les CAPES, l’abandon de toute approche professionnelle dans les concours et la non-obligation des stages.
En effet, deux articles cadrent précisément l’acquisition des compétences :
– l’article 3 qui indique que prioritairement « le cursus de master portera plus particulièrement sur les compétences 1,2,3,4 et 8 » : Agir en fonctionnaire…., maîtriser la langue française…., maîtriser les disciplines…., concevoir et mettre en œuvre son enseignement…, maîtriser les T.I.C …..
– l’article 5 qui indiquent que « pendant l’année de stage » seront prioritairement travaillées les autres compétences : conduite de la classe…, individualisation de l’enseignement, évaluation des élèves…, travail en équipe et coopération avec les parents.
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Il est curieux de penser qu’on ne juge qu’en année de stage « obligatoire » de travailler ces dernières compétences, pourtant indispensables pour exercer de manière satisfaisante durant son stage en responsabilité de quatre semaines durant le master.
Mais le texte n’en est pas à une contradiction près.
La reprise d’une partie très intéressante du texte de décembre 2006 ne fait pas de ce projet d’arrêté un bon texte. Il souligne les incohérences, les contradictions de la réforme en cours, l’absence de cadrage en terme d’horaires….et le risque que l’alternance régulièrement prônée ne soit qu’un mot sans véritablement « de groupe d’analyse de situations et d’exercices professionnels » . D’ailleurs cette phrase qui figurait dans le texte de décembre 2006 a disparu du projet actuel !
Jean-Louis Auduc
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