« C’est la rentrée la plus morose que j’ai jamais connue »… Combien de fois depuis la rentrée avez-vous entendu cette phrase ? Dans les cours d’école comme dans les bureaux des inspections, le moins qu’on puisse dire est que l’heure n’est pas à la fête.
Pourtant, la journée d’action du 11 septembre est passée pratiquement inaperçue. Si les profs sont moroses, ils ne sont pour l’instant pas décidés à aller l’exprimer dans les cortèges. Est-ce parce qu’ils sont assommés par l’ampleur des changements à mettre en œuvre ? Qu’ils ont décidé de prudemment faire l’autruche en attendant des jours meilleurs ? Bien malin celui qui peut dire ce qui se passe dans les têtes.
Parmi les nouveautés de la rentrée, il est encore trop tôt pour savoir ce qu’il va advenir : on voit bien que le soutien semble être une usine à gaz inextricable, et que les discours des chronobiologistes sur le non-sens de la semaine à quatre jours s’ensablent dans les petits compromis du quotidien… C’est vrai que ne pas travailler le samedi, hein, on ne va pas aller réclamer non plus…
Le ministre passe son temps sur les plateaux, faisant les gros yeux aux éternels râleurs qui trompent l’opinion alors que franchement, dans les classes, à deux élèves de plus, qu’est-ce que ça change… D’abord, les profs auront 1500 Euros de prime à la rentrée, et puis quoi, quelques heures supplémentaires, pour des gens qui travaillent si peu…
Montée en puissanceIl semble pourtant clair que l’année 2009 devrait être celle de l’Ecole primaire : après les programmes de 2002, ce sont les RASED qui sont clairement dans le collimateur. 6000 postes à supprimer dans le primaire, l’occasion est trop belle. Vous voyez les parents défiler pour maintenir les postes de rééducateurs, vous ? Quant aux deux ans à la maternelle, les derniers postes sont à supprimer, le ministre l’a dit à ses amis Arthuis et Longuet au Sénat.
Mais faisons un pari que tout ça va s’accélérer. Parmi les engagements pris devant le Sénat, l’instauration des Etablissements Publics d’Education, dès 2009. Ça n’a l’air de rien, comme ça. Ça fait juste penser à un machin bureaucratique de plus.
Alors précisons : regrouper les écoles rurales au chef-lieu de canton avec un super-directeur, sous l’autorité directe de l’IEN chargé de répartir les moyens en postes, d’évaluer la « performance » de chaque école, assisté d’un conseil d’administration, à l’instar de ce qui existe dans le second degré.
Et pouvoir dire, comme on le dit désormais aux chefs d’établissements du second degré : « nous vous donnons des moyens, débrouillez-vous pour les répartir comme vous le pouvez… ».
Etre totalement débarrassés des normes d’effectifs, des contrôles des commissions paritaires, pour faire marcher la concurrence à plein.
« Révolution copernicienne » ? Dites plutôt « changement de paradigme », vous aurez l’air branché. Gageons que le protocole d’accord que le ministre cherche à faire signer aux syndicats d’inspecteurs (IEN) devrait être un bel indicateur de la direction que le ministre, sous la tutelle directe de l’Elysée, veut faire prendre à l’Ecole primaire.
On n’a pas fini d’entendre parler de l’Ecole. Pour ce qui est des élèves, après tout, qu’ils se débrouillent. L’Égalité des Chances n’a qu’un lointain rapport avec l’équité. Relisez François Dubet.
X. Darcos au Sénat
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/08Rentree[…]
Les rythmes scolaires :
Lisez le reportage de F. Solliechttp://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/09/040908_rythme[…]
Sur le Café, H. Montagnerhttp://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/[…]
Un texte inquiet de l’avenir des RASEDhttp://www.meirieu.com/FORUM/lescouarch_rased.pdf
Luc Ferry justifiant sur Europe 1 la suppression des RASED :http://www.europe1.fr/Radio/ecoute-podcasts/entre-nous/[…]
Le rapport Tabarot sur la scolarisation à deux anshttp://www.premier-ministre.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Tabarot.pdf
Le projet de transformation du rôle des IENhttp://syndicat.snpi-fsu.orghttp://sien.unsa-education.org
2009, année de l’Ecole
