Par François JARRAUD et Blandine RAOUL-Réa
Eduquer aux médias : ça s’apprend ?
Le colloque organisé par la CDIUFM et le Clémi, avec le soutien de l’IUFM d’Auvergne a réuni nombre de pédagogues et de journalistes autour de cette question à Chamalières (63) les 6 et 7 décembre. S’il semble évident que la formation du citoyen ne puisse se faire sans une éducation aux médias reste que les questions quand ?, où ?, par qui ? n’ont pas de réponses institutionnelles. Ce colloque a posé une autre vraie question : « Eduquer aux médias : ça s’apprend ? ». Les délégués académiques du Clémi y ont répondu positivement. Les professionnels impliqués dans ce type de formation aussi. Mais l’espace et le temps de cette formation restent encore trop soumis aux questions de volonté et de motivation des équipes sur les terrains.
L’Inspection générale veut définir un temps spécifique pour l’éducation aux médias au collège
« Jamais l’École n’avait été interpellée de manière aussi forte et aussi urgente que depuis le développement d’Internet, qui apparaît comme une des plus grandes mutations techniques de l’histoire humaine – au même titre que l’invention de l’imprimerie ou celle de l’électricité ». Pour les inspecteurs généraux Catherine Becchetti-Bizot et Alain Brunet, auteurs d’un rapport de l’Inspection générale, non encore publié mais que le Café s’est procuré, sur l’éducation aux médias, Internet vient affirmer l’urgence de redéfinir l’éducation aux médias. « Internet présente, en effet, cette particularité d’être un « méta-média » rassemblant et combinant sur un même support tous les médias traditionnels, leur apportant de la profondeur et de la complexité, les concurrençant sur leur propre terrain, les rendant accessibles pratiquement à toute heure et en tout lieu et transformant rapidement les comportements et les pratiques sociales….Une illusion de surpuissance et de liberté se dégage de ces pratiques, alors même que les risques de dépendance et de manipulation sont considérablement accrus. Mais c’est surtout l’influence de ces nouveaux outils sur les modes d’apprentissage (la manière dont se construisent les savoirs) et sur la circulation des connaissances et des idées qui interroge l’École : « De l’enfant éduqué au sein d’une communauté fermée dans une logique d’héritage culturel et de tradition orale, nous sommes passés à l’enfant surexposé à l’information fragmentée accessible à travers des moyens technologiques ». Jamais la possibilité de collecter, de traiter et de diffuser une telle quantité d’informations n’avait été mise à la disposition des élèves. Ce sont les canaux d’accès au savoir qui se sont déplacés. Cette situation engendre de nouveaux risques et implique de nouvelles responsabilités, vis-àvis desquelles l’École a très certainement un rôle important à jouer ».
Le rapport souligne l’action du Clemi auprès des élèves et des enseignants. Il propose de « réaffirmer au plus haut niveau les principes généraux, les enjeux et les objectifs d’une éducation aux médias dans le cadre de l’École : en clarifier la définition, en rappeler l’obligation et en circonscrire le champ ». Pour cela, l’inspection demande que l’éducation aux médias traverse les disciplines mais qu’un espace, un temps, un enseignant référent soient identifiés dans tout collège.