Comment partager les enjeux d’une mission scientifique en classe ? En invitant les membres de l’équipage ! Corinne Le Doaré, professeure de SVT au lycée Jean Moulin de Châteaulin (29) évoque le milieu polaire arctique avec ses collégiens et lycéens via la mission scientifique Unu Mondo. « L’expédition est partie le 29 juin 2020 à la rencontre des personnes dont la vie quotidienne est affectée par le changement climatique ». Des drones pour survoler les baleines à l’impact du trafic maritime autour de l’Islande, les skippers polaires ont expliqué aux élèves les enjeux actuels du changement climatique. L’enseignante compte désormais lancer un échange Erasmus avec des lycéens islandais.
Qu’est ce que l’expédition polaire Unu Mondo ?
Il s’agit d’une expédition dirigée par une jeune française, Sophie Simonin, qui a grandi en Polynésie française et qui après un tour du monde en bateau stop a décidé, avec son compagnon Tobias, navigateur, d’agir pour la planète.
Qu’ont présenté les responsables de l’expédition à vos élèves ?
La présentation concerne aussi bien le parcours personnel de Sophie que l’historique de la mission, les volontés des acteurs, les travaux scientifiques qui vont être menés, les partenaires qui s’engagent aux côtés de Sophie et Tobias ; on présente également le bateau lui-même, la trajectoire prévue, et aussi la logistique autour du projet… Sophie nous a aussi parlé de leur précédente mission au Groenland, à la rencontre des habitants qui subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique.
L’expédition se veut à la fois scientifique et pédagogique, les membres de l’équipe souhaitent partager leurs expériences, leur aventure, leurs travaux, leurs découvertes… Par exemple, en lien avec l’université de Reykjavik, ils vont utiliser des drones pour survoler les baleines et récupérer leur souffle à l’aide de petits cotons dans le but de mesurer les hormones que contienne le souffle ; le but étant de mesurer l’impact de l’augmentation du trafic maritime autour de l’Islande en lien avec le changement climatique et l’ouverture de la « route du Nord » . Le temps d’échange après la présentation a été riche de questions de la part des élèves comme des enseignants.
Quelles sont les caractéristiques de ce voilier polaire Northabout ?
C’est un voilier en aluminium, spécialement conçu et entièrement équipé pour naviguer dans les mondes polaires ; parfaitement adapté à la navigation polaire, il possède une dérive relevable pour naviguer dans les zones de hauts fonds en Arctique et même esquiver les glaces en naviguant entre la banquise et la côte ; des plaques d’aluminium de 12 millimètres dans les fonds et 6 millimètres au niveau de la flottaison pour pouvoir aller frotter la glace le cas échéant ; enfin Northabout compte 8 couchettes et va embarquer cette fois 8 personnes dont des scientifiques, des photographes etc…
Appartenant auparavant à l’aventurier David Hempleman-Adams, le voilier a d’ailleurs déjà fait 2 fois le tour du pôle nord via la navigation circumpolaire, la première fois en 4 mois en 2016 et la seconde en 4 semaines, preuve s’il en était besoin de la rapidité avec laquelle la banquise diminue…
En quoi cette intervention se greffe-t-elle sur les programmes de SVT ?
Les élèves qui ont eu la chance d’assister à cette intervention y ont vu des intérêts divers, les 4èmes avaient participé au Vendée Globe virtuel avec leurs professeures de sciences physiques, d’histoire géographie et de français ; les 3ème avaient travaillé dans le cadre du programme de SVT sur le climat ; les 2ndes avaient également abordé les notions de climat et de changement climatique dans le cadre de l’étude des écosystèmes et de l’évolution en SVT, mais l’intervention est aussi un excellent pont vers les programmes de 1ère et Terminale en enseignement scientifique : l’établissement avait déjà accueilli une exposition de l’IPEV (Institut Polaire) sur les expériences menées en Antarctique et notamment une authentique tenue complète.
Les élèves présents à l’intervention de Unu Mondo en ont fait part, c’est un travail transdisciplinaire qui nous était proposé ici. On peut le ranger dans l’un (ou plusieurs) des objectifs d’Education au Développement Durable menés au sein de l’établissement dans le cadre des enseignements mais aussi dans le cadre des actions portées tant par des enseignants que les éco délégués.
Qu’allez-vous ré exploiter en classe ensuite ?
Personnellement, j’espère obtenir des informations scientifiques exploitables en Terminale Enseignement Scientifique sur les résultats des mesures de progression des glaciers auxquelles va participer l’équipe à bord ; nous pouvons suivre l’avancée de l’expédition grâce aux réseaux sociaux.
J’espère également que Sophie va pouvoir nous mettre en lien avec un lycée Islandais car c’est l’un de nos objectifs dans le cadre d’un nouveau plan Erasmus+ que d’échanger avec des lycéens de pays Européens confrontés aux changements climatiques.
Propos recueillis par Julien Cabioch
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