Par Cyril Froidure
« La nouvelle Russie » par Jean Radvanyi, INALCO.
Etonnante entrée en matière : Jean Radvanyi apprend à son public qu’il n’avait pas l’intention de publier une nouvelle édition de la nouvelle Russie mais ce pays est devenu question de concours d’où cette nouvelle mouture.
L’auteur rappelle qu’il s’agit là d’un manuel au plan classique mais pour lequel il a évidemment actualisé nombre de données. Il ajoute que c’est étrange de réécrire un livre car les exemples qui paraissaient pertinents, souvent le fruit de rencontres, de travail sur le terrain, il y a de cela trois ans, ne le sont parfois plus.
Ensuite le problème de sources est abordé. Elles sont abondantes… pour un russophone mais certaines ont subi des modifications. C’est le cas des statistiques qui, désormais se rapprochent des normes occidentales dans l’optique d’une entrée à l’OMC et de la mondialisation. Toute la comptabilité nationale est recalculée mais l’opération est en cours d’où la difficulté à obtenir un certain nombre de données.
Autre innovation : la publication massive de statistiques, publiées dans de nombreux annuaires vendus à des prix exorbitants : et oui, les russes sont bien entrés dans l’économie de marché.
Sont-elles fiables ? oui et non. Avant, sous l’ère soviétique, on savait que les statistiques n’étaient aux normes occidentales et beaucoup étaient publiées mais inutilisables. Aujourd’hui, beaucoup de données sont disponibles mais les fausses déclarations fleurissent afin d’éviter l’imposition.
Dans le secteur des hydrocarbures, les statistiques révèlent une sous-évaluation de leur part dans l’économie du pays ce qui a amené la banque mondiale a recalculé celle-ci pour obtenir des résultats de 20 à 30% supérieur.
Jean Radvanyi en arrive à parler ensuite de la régionalisation. Actuellement deux processus sont en cours :
-Celui d’une réforme « administrative rampante » par laquelle Poutine voudrait réduire le nombre de régions et en arriver à un seul type de région.
Au jour d’aujourd’hui, les dirigeants russes sont incapables de dire combien de régions composent la fédération, la situation évoluant au gré des référendums organisés sur l’ensemble du territoire.
-La mise en place de 7 districts fédéraux, décision plus politique que géographique au vu des découpages qui sont, pour l’intervenant, pour le moins étrange. D’ailleurs ni les manuels scolaires et universitaires russes, ni Jean Radvanyi ne l’ont adopté, conservant le découpage de l’époque soviétique.
Lors des questions du public, le problème démographique fait l’objet d’un focus. Il s’agirait pour l’auteur de l’un des 3-3 grands enjeux pour la Russie. Il stigmatise les mauvaises décisions prises par l’administration russe qui pour résoudre la crise de la surmortalité à l’âge adulte, a décidé d’agir sur la natalité en allouant de fortes allocations familiales aux familles ayant plus de deux enfants. Or il faudrait selon certains démographes russes, agir sur la mortalité mais cela sous-entend qu’il faille s’attaquer à une partie du mode de vie russe.
Il est ajouté que ça n’est pas la politique migratoire de Poutine qui changera la donne : l’émigré accueilli les bras ouverts est blanc, russophone et orthodoxe ce qui limite drastiquement le nombre d’entrées.
Une autre question porte sur la démocratie et là Jean Radvanyi est clair : lors d’un voyage récent lors duquel il a pu rencontré les dirigeants des principaux partis politiques russes, le message de ceux-ci est clair : comment vous, occidentaux, pouvez-vous nous demander d’accomplir en 1( ans ce que vous avez mis plus d’un siècle à réaliser ?
Toutefois Poutine a réaffirmé son souhait d’un pluralisme démocratique mais il considère pour l’instant que la stabilité du pays nécessite un régime autoritaire ce qui provoque actuellement un recul des pratiques démocratiques.
Sortie fin octobre.
Présentation de l’ouvrage : Vies citadines. Elisabeth Dorier – Appril et Philippe Gervais – Lambony. Belin, 2007
Par Elisabeth Dorier – Appril, Sonia Lehman – Frisch, Boris Grésillon, salle La Clairière, FIG 2007.
C’est un livre écrit à 15 mains sur le thème de la ville : Vies citadines. L’ensemble a été coordonné par Elisabeth Dorier – Appril et Philippe Gervais – Lambony. Cet ouvrage est le résultat de 4 ans de travail, ponctué de séances de terrain (Afrique du Sud…). La question n’est pas traitée de manière régionale mais transversale autour de thèmes : voisiner, villes en fêtes, bouger, s’ancrer…
Elisabeth Dorier – Appril a fait sa thèse sur Brazzaville, Philippe Gervais – Lambony sur Lomé. Ces 2 africanistes ont dirigé un groupe de géographes spécialistes de la ville comme eux mais aux antipodes : San Francisco pour Sonia Lehman – Frisch, Berlin pour Boris Grésillon. La confrontation d’un même espace dans des sociétés différentes était particulièrement enrichissante pour tous et quelques fois les dissemblances l’ont emporté sur les points communs. C’était tout l’enjeu de l’exercice.
Présentation de La Revue : La GéoGraphie.
Voilà ce qui se voulait un évènement. La sortie d’une nouvelle revue, qui plus est en géographie. Pour annoncer le lancement de cette nouvelle revue, des pointures étaient réunies.
Jean-Robert Pitte, président de l’université Paris Sorbonne ; Jean Bastié, président de la Société de Géographie, Gilles Fumey (Cafés géographiques) ; Jacques Glénat, président directeur général des éditions Glénat, Anne Catherine Ferrari, directrice de la communication à l’IGN étaient venus pour nous parler de ce nouvel objet.
Que retenir ?
La société de Géographie fait un retour aux fondements de la géographie du XIX° siècle en mettant en avant l’idéal de découverte : une nouvelle revue va paraître le 21/12/2007 en kiosque et sur abonnement : La GéoGraphie. http://www.lageographie.fr/
Cette revue est le fruit d’un partenariat entre trois institutions : la société de géographie, l’IGN, les éditions Glénat. Cette revue n’est pas la première publiée par la société de géographie. A l’origine, existait Acta Géographica puis est née La Géographie, au tirage limité. Aujourd’hui, sort sous le même titre une revue grand public. Grand public, grand format, cette revue doit être une revue de luxe. Elle est fortement inspirée de L’Alpe, déjà publiée par les éditions Glénat.
Son numéro 1 est consacré aux îles. Sont annoncés un article de Jean François Staszak (Le Tahiti de Gauguin), de Gilles Fumey (Des îles dans la ville), de Bruno Fuligni (Etre roi dans son île ?). Les personnalités présentes ont insisté sur le fait que cette édition luxueuse présentera des reproductions de trésors de l’IGN. Le partenariat avec la BNF se traduit par un article sur les Trésors photographiques de la Société de Géographie, exposition qui se tient actuellement à la BNF (Rue de Richelieu).