Si les acteurs de l’Ecole ne peuvent qu’être sensibles à la démarche présidentielle, la situation économique difficile, la dégradation profonde de l’Ecole enfin les attentes opposées de ses acteurs fait craindre que l’état de grâce soit bref.
Comment être insensible au geste de ce président dont le premier discours, le 15 mai, honore Jules Ferry et l’Ecole ? Aucun président n’a marqué autant d’intérêt pour l’Ecole. Les propos tenus par F. Hollande, qui mettent en avant les valeurs de l’Ecole, les hissent au-dessus de l’argent, vont droit au coeur des enseignants.
Plus fort encore, le président semble se rappeler des promesses du candidat. Sans les reprendre toutes, dans son discours des Tuileries, le jour de son investiture, F Hollande a rappelé les 60 000 postes, la réforme de la formation des enseignants, l’enseignement prioritaire.
Mais ce qui saute aussi aux yeux ce sont les difficultés de l’entreprise. La réalité de la crise économique réduit les possibilités d’action gouvernementale. L’ancien gouvernement a laissé des obstacles un peu partout comme le montre l’épisode des évaluations de CE1 et CM2 qui ne peuvent être supprimées car liées à une prime ou encore les difficultés du recrutement des enseignants. Les oppositions syndicales sont sous-jacentes et se lisent dès le 15 mai en creux dans les discours. Un « bloc du changement » s’amorce et déjà point le bloc contraire. Les chapelles pédagogiques doublent les clivages syndicaux et l’on voit déjà chacun chercher confirmation de ses idées dans le discours présidentiel.
Mais le plus singulier défi est l’appel à la confiance du président. Après un quinquennat qui a beaucoup malmené les enseignants et qui a dégradé leur métier il faudra aider les nombreux enseignants qui se sont recroquevillés dans la classe. Ceux-là pour le moment se préservent et protègent leur classe.
Le 15 mai, François Hollande aurait pu honorer Jules Ferry dans un autre lieu que le jardin des Tuileries. Il a son buste au Sénat, une rue à son nom dans le 11ème sans parler d’innombrables écoles et établissements scolaires. Mais les Tuileries évoquent aussi le palais brûlé en 1871, après les années bling bling de Napoléon III, par des insurgés illettrés. Et « L’Ecole ou la guerre civile » reste une question contemporaine.
François Jarraud
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