La rentrée c’est le moment où l’on peut encore rêver sa classe avant que les routines, la réalité du quotidien vienne adapter le rêve. Antonia Carriquiry va plus loin. Elle a pensé et réalisé une réorganisation de son espace classe. Pas de mobilier exceptionnel ou de super commande de matériel. Antonia construit son espace de travail au regard de ses pratiques pédagogiques et avec la collaboration des collègues croisés sur Internet. Et elle sait déjà que pour le faire vivre il faudra la coopération des élèves…
Communauté virtuelle et formation
Il y a des endroits où la liberté pédagogique a encore un sens. C’est le cas à Larceveau, la petite commune rurale du pays basque où Antonia Carriquiry exerce dans le cadre d’un RPI. Elle peut adapter sa salle de classe comme elle le souhaite, avec la seule restriction de le faire à ses frais. Ainsi la moitié du matériel informatique provient du programme Ecole numérique rurale (2009). L’autre moitié est sa propriété personnelle. C’est elle aussi qui fournit le mobilier supplémentaire.
Antonia enseigne en CE1 – CE2, « seulement deux niveaux » , ajoute-elle. Et cette année le nombre d’élèves est faible : seulement 13, ce qui facilite l’aménagement d’espaces différents dans une salle de classe un peu à l’étroit (44 m2).
Comment imagine t-on sa salle de classe ? Antonia s’est inspirée des idée de Rosan Bosch, une désigneuse néerlandaise. Mais le plan résulte aussi de ses pratiques pédagogiques. Et elles mêmes sont inspirées par ses lectures et par les échanges avec la communauté virtuelle C2cEdu.
« Depuis 3 ans , grâce à Twitter, j’ai rejoint des communautés motivées découvertes grâce au Café pédagogique », nous a-t-elle dit. « Ca m’a donné un coup de fouet et amené à une sorte de seconde carrière. Tout est parti de là ».
C’est avec sa communauté virtuelle qu’elle a construit le référentiel de ses ceintures de compétences. Un peu moins d’une centaine d’enseignants participent à une communauté Twictée. Une douzaine à la « Super Team Cycle2 ». « On a avec Slack un excellent outil de travail en commun. On ouvre des channels sur différents sujets », explique-t-elle.
Une classe divisée en 5 espaces
Au final, Antonia Carriquiry divise sa classe en 5 espaces correspondant à 5 fonctions. Il y a l’espace de l’explication et de l’exposé, face au tableau, celui de la coopération, un espace atelier, un lieu pour travailler debout et bouger. Enfin il y un lieu de réunion, où l’on s’assoit par terre, qui sert aussi pour se reposer.
« En cycle 2 les récréations arrivent au bout d’une heure 40. Alors pour certains enfants, même si les activités ne dépassent pas 20 minutes, c’est trop long et certains enfants ont besoin de faire un break. Cet espace servira aussi au conseil », explique Antonia.
« Je vais proposer au conseil un emploi du temps en conformité avec les programmes. Mon problème c’est plutot de faire entrer les horaires des différentes matières dans des projets interdisciplinaires. Mais il y aura des moments de français et de maths avec des leçons en petits groupes et des plans de travail ». Chaque matin, elle a aussi instauré un rituel d’écriture qui permet des prolongements en grammaire et orthographe.
L’efficacité de la classe coopérative
Une telle organisation du temps et de l’espace est-elle efficace ? « Les plans de travail et l’évaluation formative, oui c’est efficace », estime Antonia. « On respecte le programme mais la disposition du temps et de l’espace permet de suivre chaque élève. Cela permet aussi de construire une communauté ».
Antonia suit le projet d’une classe coopérative, au sens où Sylvain Connac la défend. « C’est important de construire une communauté où les enfants viennent apprendre ». L’espace de la classe est aussi une machine coopérative où les enfants peuvent s’entraider au long de temps différents où il travaillent parfois en classe, parfois en groupe, parfois seuls.
François Jarraud