Etalement des dédoublements des CP et CE1 sur trois ans au lieu de deux, rallonge budgétaire, Emmanuel Macron répare les impasses de gestion de JM Blanquer. C’est ce qui ressort de l’entretien donné par Jean-Michel Blanquer aux Echos. Comme le Café l’a annoncé le 25 août, le ministre fait de nouvelles annonces sur la gouvernance. Il va aussi autoriser le redoublement en CP. Jean-Michel Blanquer est en train de lever les obstacles qui se dressent sur la route de ses réformes. Dans Les Echos du 27 août il apporte des réponses aux problèmes soulevés par le Café pédagogique depuis juillet.
Budget relevé pour faire face à l’impasse budgétaire
Premier problème : l’impasse budgétaire. Le 22 août, le Café attirait à nouveau l’attention sur l’incohérence entre les engagements budgétaires du ministre et les annonces gouvernementales. Pour 2018, le gouvernement a prévu 20 milliards d’économies pour à la fois ne pas dépasser 2.7% de déficit public et diminuer les prélèvements de plus de 10 milliards. Un effort qui doit continuer jusqu’en 2021. Or les engagements pris par JM Blanquer imposent déjà deux milliards de dépenses supplémentaires en 2018 pour l’Education : 500 millions pour les 9500 postes des dédoublements annoncés, 700 millions pour le PPCR s’il est maintenu, 150 millions pour « devoirs faits » et 200 millions pour la prime de Rep+. Pour cette dernière, on sait depuis le 24 août qu’elle est reportée sine die…
Interrogé par N Barré et MC Corbier, des Echos, sur son budget, le ministre déclare : » l’Education nationale a été définie comme une priorité par le président de la République et le Premier ministre. Cela se traduira par une augmentation du budget de l’Education nationale ». Celle ci n’est pas chiffrée. Mais ce coup de pouce inattendu de Bercy devrait grandement faciliter les choses.
Comme nous l’annoncions aussi le ministre attend de la réforme du lycée des économies budgétaires. » Une réforme intelligente du baccalauréat doit permettre de gagner du temps sur le mois de juin et de gagner de l’argent sur l’organisation. On peut parfois avoir une plus grande richesse d’options en mutualisant entre lycées ou entre le lycée et l’université pour, finalement, offrir autant voire plus de choix aux lycéens. »
Etalement des dédoublements sur 3 ans
Deuxième impasse dans laquelle JM Blanquer s’était enfermé : les postes nécessaires au dédoublement des CP et CEI des Rep et Rep+ promis par E Macron pour la rentrée 2018. Sur les 12 000 postes nécessaires, le ministre n’en a finalement trouvé que 2 500 en 2017. Il lui restait 9 500 postes à trouver pour 2018. Dès le 3 juillet, le Café pédagogique expliquait que c’était techniquement impossible. Finalement JM Blanquer annonce dans les Echos le report des dédoublements des CE1 pour la rentrée 2019. La promesse d’E Macron sera respectée mais le président a du accepter que ce soit sur 3 ans au lieu de 2.
Réforme de la gouvernance
Troisième domaine d’intervention du ministre : la gouvernance de l’éducation nationale. Le 25 août nous demandions de prendre le ministre au sérieux et nous annoncions des projets ministériels en ce domaine. C’est la principale annonce de l’entretien donné aux Echos.
Le ministre y reprend les principales idées de son dernier livre. Il revient sur l’évaluation des enseignants. » le rôle des inspecteurs est appelé à évoluer pour qu’ils viennent davantage en soutien des équipes éducatives et les aident à formuler un projet éducatif au niveau de l’établissement. Les évaluations doivent nous conduire à faire progresser collectivement une école ou un établissement dans un endroit donné. L’évaluation individuelle prend son sens à l’intérieur de cette logique-là. » Décryptons : dans L’école de demain il envisage d’utiliser les inspecteurs pour des audits d’établissement, l’évaluation des enseignants étant faite par les chefs d’établissement, un projet avorté sous Chatel.
Il revient aussi sur l’idée d’une direction partagée dans l’établissement idée aussi défendue dans L’école de demain. » L’idée est de créer autour du chef d’établissement une véritable équipe de direction avec des professeurs prenant chacun à leur tour des responsabilités, par exemple sur des sujets comme le numérique, le dialogue avec les parents… »
JM Blanquer confirme le recrutement des enseignants par les chefs d’établissement : » Le but de l’autonomie est de permettre l’existence d’un esprit d’équipe dans l’établissement autour d’un projet éducatif. On doit aussi avoir de la cohésion, du dynamisme et de la stabilité. Tout ce qui va dans ce sens est bon. »
Avec ces avancées réformistes, JM Blanquer donne un gage à la tradition en évoquant le redoublement en CP. » L’objectif c’est de prévenir au maximum le redoublement. Mais il ne faut pas en faire quelque chose d’impossible ».
François Jarraud
Blanquer et l’impasse budgétaire
Blanquer et les postes dedoublés