Politique
Loi Blanquer : Ce que la confiance veut dire…
« L’école de la confiance » c’est le slogan préféré de JM Blanquer , celui qui a été utilisé pour justifier sa politique tout au long de ses 18 mois de présence au ministère de l’éducation nationale. C’est encore le nom de son projet de loi sur l’école qui devrait bientôt arriver devant le Parlement. La confiance c’est, selon le Larousse, « le sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre, à quelque chose ». Mais le projet de loi de JM Blanquer redéfinit le terme et sa portée. Il éclaire du coup le véritable projet du ministre. L’école de la confiance c’est celle de la mise au pas des enseignants.
L’Education nationale et les nouvelles mesures Macron
« Nous répondrons à l’urgence économique et sociale par des mesures fortes, par des baisses d’impôts plus rapides, par une meilleure maîtrise des dépenses plutôt que par des reculs ». Emmanuel Macron a présenté le 10 décembre des mesures pour mettre fin à la crise sociale dans le pays. Mais qui en paiera le prix ? L’Education nationale, premier budget de l’Etat, est évidemment au premier rang. C’est d’abord là que l’Etat cherchera à réaliser des économies. Le Café pédagogique dessine quelques pistes…
Mesures Macron : L’Europe opposée à la hausse du déficit et les conséquences pour l’Ecole
C’était prévisible. Pour la Commission européenne, les mesures d’urgence d’Emmanuel Macron ne pourront pas être financée par une hausse substantielle du déficit public. » Il n’y a pas deux poids deux mesures, les règles sont les mêmes pour tous » , a prévenu le commissaire européen aux affaires économiques. L’Europe ne pourrait autoriser qu’une hausse « limitée et exceptionnelle » du déficit au delà de la limite de 3% . Le gouvernement doit trouver 10 milliards pour financer les mesures Macron. » Je vous confirme que le Gouvernement fera tout ce qui est nécessaire, en regard des 10 milliards d’euros de dépenses supplémentaires, pour tenir les comptes publics et pour nous rapprocher le plus possible des 3 % de déficit public », a déclaré le 13 décembre B Le Maire devant le Sénat. Les mesures vont donc bien entrainé des économies dans les ministères et notamment l’Education nationales. Le Café pédagogique a présenté les conséquences pour l’Education nationale le 11 décembre.
Blanquer face aux lycéens
Alors que le président de la République doit apporter une réponse aux gilets jaunes le 10 décembre, c’est Jean-Michel Blanquer qui doit faire face à la contestation. La journée du 7 décembre a encore vu de très nombreux blocages de lycées et des incidents. Le ministre de l’Education nationale n’entend pourtant pas écouter les organisations lycéennes. Il en appelle au seul Conseil national de la vie lycéenne, une assemblée dont la représentativité est contestable. C’est que la contestation lycéenne porte sur ses réformes. En refusant le dialogue avec les organisations lycéennes il les pousse dans la rue.
Blanquer reçoit les parents
» Le ministre et les représentants des parents d’élèves ont rappelé leur attachement à la République et au fonctionnement de notre démocratie. La violence n’est pas une solution. C’est donc une volonté commune de recherche d’apaisement et de dialogue qui s’est exprimée », explique le ministère de l’éducation nationale suite à la rencontre du 7 décembre entre le ministre et les trois associations de parents d’élèves Fcpe, Peep et Apel. « Un comité de travail composé des représentants des parents d’élèves sera réuni toutes les deux semaines afin de prendre en compte les questionnements que suscitent les réformes, dans la perspective de préparation de la rentrée 2019 ». Interrogé par le Café pédagogique, Rodrigo Arenas, co président de la Fcpe, rappelle que la Fcpe demande aux parents d’accompagner leurs enfants pour limiter les violences. « La Fcpe suggère une pause dans la mise en place des réformes pour obtenir un compromis. On n’a pas besoin de pédagogie mais qu’on entende nos critiques sur la politique éducative du quinquennat », nous a-t-il dit. « La sortie de crise ce n’est aps que la gestion de la violence mais la mise en place de réformes acceptables par ceux qui les vivent ».
Le Sénat adopte 3 jours de carence pour les fonctionnaires
Le Sénat a adopté un amendement du sénateur C Nougein (LR) portant de 1 à 3 jours le délai de carence pour les congés maladie. « Il s’agit d’une mesure d’équité entre les salariés du secteur public et du secteur privé », explique le sénateur, et d’efficacité contre l’absentéisme. En janvier 2018, le gouvernement a rétabli la journée de carence que le gouvernement précédent avait supprimé en 2012. Le rétablissement de cette mesure devait rapporter 400 millions à l’Etat. En fait, selon l’Insee, « le jour de carence a conduit à une baisse importante des absences de 2 jours ». Mais l’Insee ajoute que « la prévalence des absneces d’une semaine à 3 mois a augmente dans la fonction publique pendant la période d’application du jour de carence et diminué après sa suppression ». L’argument d’équité ne tient pas plus : la quasi totalité des salariés du privé bénéficient d’accords de prévoyance qui substituent l’entreprise au salarié pour le délai de carence.
Mardi noir : Parents et lycéens lancent un appel au calme au gouvernement
« Le gouvernement attend les vacances de Noël. Mais nous préparons déjà la rentrée de janvier ! » Face à la « panique » du gouvernement, Louis Boyard , président de l’UNL, l’organisation lycéenne qui a lancé la contestation, met en garde sur les risques à continuer la répression du mouvement lycéen avec cette violence. Rodrigo Arenas, co-président de la Fcpe, première association de parents d’élèves, Laurence Roques, présidente du syndicat des avocats de France et Carlos Lopez, secrétaire national du SNPES PJJ-Fsu témoignet le 11 décembre de l’importance de la répression qui s’abat sur les lycéens et demandé le respect de l’Etat de droit et des discussions avec le gouvernement.
Philippe Vincent: La réforme du lycée n’est pas vraiment mise en cause
Les lycéens ont-ils des revendications claires ? La question est posée par Philippe Vincent, secrétaire général du Snpden Unsa, un syndicat qui représente la majorité des personnels de direction. Aux premières loges pour observer les mouvements lycéens, il estime que les lycéens n’ont pas vraiment de revendications et que cela rend difficile une issue au mouvement.
Elections professionnelles
Tout le monde a gagné ?
Exhaustif – Tout le monde peut-il gagner aux élections ? En principe, non. Les élections 2018 décidément exceptionnelles. Face à un gouvernement qui remet en cause le syndicalisme comme tous les corps intermédiaires, le principal enseignement de ces élections c’est qu’en dépit des difficultés pour voter, le nombre de votants a nettement augmenté. De fait, tous les syndicats ont gagné des voix et peuvent s’en prévaloir. Et les électeurs ont eu tendance à renouveler leur confiance à l’organisation dont ils étaient déjà proches en 2014. Dans les différents corps, on observe peu de variations. La FSU conserve sa première place et l’Unsa progresse légèrement.
Réformes des lycées
Lycée : La carte des spécialités avant Noël
Alors qu’une contestation générale secoue les lycées et que le ministre appelle au calme, il annonce le 9 décembre sur France 3 l’accélération de la réforme contestée du lycée. Les établissements recevront avant Noël le nombre de spécialités qu’ils pourront proposer. « Tout établissement aura au moins 7 spécialités » a promis le ministre. Le problème c’est que l’on sait déjà que ce ne sera pas le cas. Ainsi, à propos du lycée de Bellac, la rectrice de Limoges a nettement expliqué que 7 spécialités en zone rurale n’est pas rentable. » En ville les lycées ont en moyenne 7 spécialités contre 6.75 à la campagne ».
Les programmes du lycée publiés par le Snes
Le Snes Fsu met en ligne les projets de programme du lycée revus par le Conseil supérieur des programmes après la phase de consultation. » Pour la très grande majorité des projets, les modifications n’ont été que cosmétiques et très peu de nos propositions ont été prises en compte… »
Seconde pro : Les familles de métier à moitié adoptées par le CSE
La seconde professionnelle doit-elle avoir une spécialisation professionnelle ou doit-elle proposer une présentation générale de « familles de métiers » ? Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 11 décembre devait examiner le décret de création des familles de métier et l’arrêté précisant ces familles. Il apparait que le CSE est très divisé. Le décret qui pose le principe des familles de métier a été adopté par 26 voix pour contre 25. L’arrêté qui précise les contours des familles a été rejeté par 27 voix contre et seulement 6 pour. La classe de seconde professionnelle est déterminante pour que le jeune, qui a rarement choisi cette orientation, l’accepte et s’engage comme élève. Jusque là cette acceptation s’est faite par une professionnalisation exigeante dès la 2de.
Langues : L’APLV « stupéfaite » des baisses de postes aux concours
« L’APLV a pris note avec stupéfaction de la diminution très importante du nombre de postes à pourvoir dans les concours de l’agrégation, du CAPES et du CAPLP », écrit Françoise Du, présidente de l’Aplv, à JM BLanquer le 3 décembre. « Nous ne comprenons pas comment, après plusieurs annonces, au plus haut niveau de l’Etat, sur l’importance de l’Europe, de la formation multilingue des générations futures, et sur la nécessité économique d’aller conquérir des marchés à l’exportation, après nos courriers vous alertant sur les risques que la réforme du lycée et du baccalauréat faisait courir quant à l’atteinte des objectifs fixés par le président de la République et le Premier Ministre, après de nombreuses rencontres avec vous-même, vos conseillers, et différents représentants du Ministère et/ou de l’Inspection Générale, vos services font aujourd’hui le choix de réduire à néant les efforts faits par les professeurs de langue pour s’adapter à des conditions de travail toujours difficiles et les espoirs de changement que la réforme du lycée et du baccalauréat pouvait apporter ».
Cahier des charges des campus des métiers
» Ce cahier des charges a pour finalité de présenter les critères de labellisation des Campus des métiers et des qualifications et des campus catégorie Excellence. » Publié au BO du 13 décembre, ce cahier des charges évoque les 11 critères de labellisation et le processus de labellisation.
Métier enseignant
Orientation : Pour le Cnesco il faut changer le logiciel
« A l’étranger on a un autre logiciel. Et du coup on est complètement en retard ». Après la conférence internationale sur l’orientation des 8 et 9 novembre, le Cnesco publie le 11 décembre les préconisations de son jury présidé par Yves Dutercq. Tout en reconnaissant l’engagement des acteurs (enseignants, Onisep etc.), le rapport met en évidence un accompagnement insuffisant pour un jeune sur deux avec des inégalités sociales. C’est pourquoi le Cnesco demande un véritable engagement politique sur l’orientation. C’est à dire fixer à l’orientation des objectifs en terme de lutte contre les inégalités. Dans cet esprit, le Cnesco demande aussi d’axer davantage l’éducation à l’orientation vers la connaissance de soi et le développement d’une grande plateforme nationale par l’Onisep.
Tetra’aide un outil (aussi) pour les CPE¨
» Un petit outil utilisé à l’origine dans l’enseignement primaire, mais qui peut tout à fait être utilisé dans des séquences de vie de classe, d’heure de permanences, ou encore durant une formation des délégués. Ce tétraèdre est un outil de gestion du travail de groupe et de régulation de la parole, permettant de visualiser quand l’élève a vraiment besoin d’aide ou pas, quand il se fait aider… très pratique ! », annonce S Goudet sur le site académique de Dijon. Le Tetra aide permet à chaque élève d’annoncer où il en est dans son travail et s’il a besoin d’aide ou s’il aide un camarade. Le Tetra’aide a un beau développement effectivement dans le primaire. Le voilà dans le second degré.
Enseignement et réseaux sociaux : les fiches de l’Autonome
» Les outils numériques créent de nouveaux risques du métier. » L’Autonome de solidarité fait le point avec ses avocats conseil dans plusieurs vidéos . Ils abordent la question de l’usurpation d’identité en ligne, de la diffamation sur les réseaux sociaux ou encore du droit à l’image.
Comment l’école change la vie de famille
Parlons des grands bonheurs. L’école a-t-elle un effet direct sur la vie personnelle, même la plus intime ? L’OCDE publie à partir de l’enquête PIAAC, sur les compétences des adultes, une étude sur le lien entre le niveau de compétence en littératie et la vie personnelle et familiale. Elle confirme ce qu’on savait déjà : la réussite scolaire retarde les naissances, l’échec scolaire au contraire fabrique des couples jeunes, instables et en charge d’enfants.
Numérique
SFE : Evaluer l’impact du numérique sur l’école, regards croisés
Vendredi 12 décembre, la Société Française d’Evaluation, association qui a pour objet l’évaluation des politiques publiques en France, a porté son regard sur l’impact du numérique sur l’école. Les intervenants de cette journée, principalement des responsables institutionnels de l’Education Nationale et des collectivité territoriales et des chercheurs, ont proposé leur regard sur le « bilan des expériences menées, au travers des évaluations déjà réalisées ou en cours, et aux travaux permettant de mesurer les multiples façons dont le numérique impacte l’école ». L’opportunité de cette journée est d’autant plus grande que le ministère à enfin annoncé ses lignes directrices pour cette question du numérique, que deux rapports parlementaires ont tenté de faire un bilan (on regrettera l’absence de leurs auteurs) sur ce thème, que la Cour des comptes réalise actuellement des travaux sur cette même question et qu’enfin l’abandon du plan Hollande remplacé probablement par un appel à projet BYOD pour les collèges est acté dans les faits et les budgets.
Bruno Devauchelle: Qu’est-ce que comprendre le numérique qui nous entoure ?
Lors des premières rencontres du numérique organisées récemment par la Mission Laïque Française (14 – 16 novembre 2018, Saragosse), des tables rondes ont été organisées avec d’une part des parents et d’autre part des élèves. Ces échanges, dont chacun des participants a reconnu l’intérêt autant que la rareté, ont mis en évidence une réelle lucidité des élèves. C’est d’ailleurs ce qui surprend le plus, quand on les entend énoncer leur regard sur la relation des adultes avec le numérique. Des élèves de collège et lycée nous ont dit : maintenant nous devons construire une nouvelle liberté car nos parents eux, sont dépassés, prisonniers… alors que « nos grands-parents, eux étaient libres ». L’étonnante lucidité d’une grande partie de la jeunesse à propos de cette généralisation se retrouve dans plusieurs enquêtes même si celle-ci s’augmente de leur usage très fréquent voire permanent de ces machines. Ce qui est intéressant c’est d’essayer de comprendre comment les jeunes, les élèves construisent leur compréhension de l’univers qui les entoure.
Bruno Devauchelle : Former au numérique par la recherche action ?
Depuis de nombreuses années, la demande de formation par les enseignants dans le domaine du numérique (comme dans d’autres domaines) est forte. Répétée et souvent complétée par l’autoformation ou la formation par les pairs, la formation traditionnelle en présence ou à distance via des plateformes comme m@gistere ne semble pas correspondre complètement aux besoins profonds des enseignants. Du côté des pouvoirs éducatifs, le terme formation est souvent présenté, tel un étendard, pour indiquer qu’on en fait, mais très peu voire pas de réflexion sur les modèles de formation retenus. Si les enquêtes rapportent en continu l’importance de l’autoformation et de la formation par les pairs c’est soit que l’offre de formation ne correspond pas à la demande (insuffisante, pas adaptée) soit que la modalité de formation telle qu’elle est proposée encore souvent ne correspond pas aux besoins de développement des enseignants, dans le domaine du numérique comme dans d’autres.