JM Blanquer ne rencontre pas les organisations lycéennes. Mais il souhaite que l’on sache qu’il a rencontré le 17 décembre le Conseil national de la vie lycéenne. Selon le ministre, ses membres « ont exprimé au ministre leurs préoccupations, en particulier être mieux informés sur les réformes en cours au lycée, améliorer la communication avec les élus lycéens et être davantage entendus dans les instances ». Un pur exercice de communication politique.
Le Conseil national de la vie lycéenne (CNVL) tout comme les Conseils de la vie lycéenne (CVL) sont nés des révoltes lycéennes. Novembre 1990, 300 000 lycéens surtout en banlieue manifestent. Le ministère crée les CAVL en 1991. 1995 les manifestations contre le CIP aboutissent à la création du CNVL. Les CVL sont nés des manifestations anti Allègre en 1998. Toutes ces instances sont nées sous la pression des « nouveaux lycéens » issus des quartiers populaires.
Mais les CVL jouent un role très négligeable dans la grande majorité des lycées. On ne se bat pas pour y être élu. Et les CVL sont confisqués par les enfants les plus favorisés. Or ce sont les membres de ces CVL qui vont élire les CAVL qui désigneront le CNVL, sans tenir d’ailleurs compte de la taille fort différente des académies.
Dans un livre publié en 2017, E Nouaille et A Moinet, deux élus au CNVL, décrivent en ces termes le CNVL : « le CNVL apparait davantage comme un outil de controle des élus lycéens pour canaliser leur colère éventuel en donnant un semblant de cadre de dialogue. Cette instance est peu prise au sérieux à l’image de l’ensemble de la démocratie lycéenne ». Eux deux avouent au Café pédagogique avoir candidaté pour paralyser ce conseil postiche. Ils dénoncent aussi la composition du CNVL : des élèves venus des milieux les plus favorisés. « Les instances sont une colonie de vacances », concluent-ils.
En utilisant le CNVL contre les organisations lycéennes, JM Blanquer refait ce que F Fillon a déjà fait en 2005. C’est que le CNVL a un avantage déterminant pour le ministre. A la différence du Conseil supérieur de l’éducation, où il y a des représentants lycéens, il est purement consultatif. Il ne vote pas et ne risque pas de prendre position contre les réformes. Le ministre a quand même du répondre à des questions sur les inégalités sociales et territoriales dans la réforme du lycée.