« C’est une façon de découvrir les élèves autrement ». Frédéric Desmedt, professeur de SES au lycée Viollet-le-Duc de Villiers-Saint-Frédéric (78), co-organise le Prix lycéen de sciences économiques et sociales. Une initiative qui fait travailler ensemble une centaine de lycées. Alors qu’existe un prix officiel « du livre d’économie », des professeurs de SES s’obstinent depuis 10 ans à associer économie et sociologie dans les lectures de leurs élèves…
Un prix autogéré par des enseignants
Cette année c’est Marie Astier, pour son livre « Quel pain voulons nous ? » (Seuil) qui a remporté les suffrages des élèves, après plusieurs années où des livres de sociologie l’avaient emporté. Initié par Arnaud Catala en 2001, le prix lycéen de sciences économiques et sociales invite les lycéens à voter pour des ouvrages sélectionnés par Alternatives économiques et Liens sociaux. Une centaine de lycées participe au prix. Ce 5 décembre, environ deux cents élèves, venus de toute la France , sont venus écouter Julie Pagis, une sociologue qui travaille sur la naissance de l’ordre social chez les écoliers et bien sur Marie Astier. L’ambiance est sérieuse dans l’amphithéâtre du lycée Claude Monet. Les élèves écoutent et posent des questions aux auteurs.
Préparer les lycéens au supérieur
« L’idée c’est de préparer les élèves au post bac », explique Frédéric Desmedt. « Dans le supérieur il va falloir qu’ils se confrontent à des ouvrages universitaires. Or le programme de SES, trop morcelé et trop chargé, ne se prête pas à cette préparation. Avec le prix on amène les élèves à avoir des curiosités en économie ou sociologie, à changer de posture et à se comporter en étudiants et en lecteurs rencontrant des auteurs ».
Chaque lycée organise les lectures à sa façon. F Desmedt a opté pour participer au prix avec des élèves volontaires venus des 4 classes de 1ère et terminale ES de son lycée. Régulièrement les deux professeurs de SES déjeunent avec la trentaine de jeunes qui participent au prix. C’est là que les élèves échangent et expliquent pourquoi ils préfèrent tel ou tel livre. En moyenne chaque lycéen va lire trois livres dans l’année. Mais certains les ont déjà lu avant Noël !
Découvrir ses élèves autrement
Dans les critères de choix des élèves, beaucoup de choses entrent en compte. Il faut un thème qui leur parle. Mais l’aspect physique du livre joue aussi : il ne doit pas être trop épais et la couverture doit être attirante. Mais une des découvertes que font les élèves c’est qu' »ils font des lectures fort différentes des mêmes ouvrages. L’attrait n’est pas le même pour tout le monde ».
Le concours les amène à s’exprimer en public pour défendre leur choix. Une compétence pas assez travaillée au lycée.
« C’est une autre façon de découvrir mes élèves », explique F Desmedt. L’organisation du concours prend du temps et de l’énergie mais on voit que la balance est largement positive. « Il n’y a pas de controle. On n’a pas d’objectif précis à boucler en temps limité ». Avec le concours, F Desmedt reprend pied dans son métier d’enseignant en accompagnant des jeuens vers leur avenir d’étudiant.
François Jarraud