Si la Conférence sociale avait pour objectif de rassembler pour un élan collectif pour l’emploi, pour l’éducation au moins c’est loupé ! La Conférence a été le lieu d’expression des clivages habituels dans le monde éducatif opposant les « réformistes » à leurs adversaires.
Plus fort encore que les discours de l’exécutif, le moment fort de la conférence sociale a été la sortie majestueuse de la Fsu, le 8 juillet au matin. Bernadette Groison, secrétaire générale de la Fsu, explique qu’elle part car la conférence « est trop mal engagée ». Elle dénonce « un dialogue unilatéral », des choses « déjà arrêtées » malgré les désaccords. La FSU rappelle ses désaccords sur le pacte de responsabilité « qui implique d’énormes contraintes budgétaires ne permettant pas d’assurer tous les investissements nécessaires en particulier pour conforter l’action publique et les services publics… Trop d’interrogations demeurent quant aux réelles intentions du gouvernement notamment en ce qui concerne l’apprentissage, l’action publique sur l’ensemble du territoire… La FSU constate qu’une fois encore à la conférence sociale, il n’est pas question de placer au cœur des questions d’actualité, les services publics et la fonction publique. Ils ne sont toujours pas placés comme un atout pour la nécessaire relance de notre pays ». Devant les caméras, B Groison menace . « Si le gouvernement ne voit pas le malaise ce serait grave. S’il attend que l’été passe il y aura un malaise profond. On verra alors avec les personnesl ». Interrogée elle n’écarte pas la possibilité d’un mouvement social à la rentrée. Venant après la non participation de FO et de la Cgt, le départ de la Fsu a beaucoup affaibli la crédibilité d ela conférence. Pour Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa Education, « les occasions de voir ensemble le patronat, les syndicats et le gouvernement sur des sujets d’ampleur nationale ne sont pas assez nombreuses pour s’en priver ». L’Unsa entendait bien « ne pas laisser filer ce moment ».
Benoit Hamon avait fixé 5 thèmes à la table ronde éducation. D’abord, la représentation des branches au sein des Commissions professionnelles consultatives : « Quels engagements les partenaires sociaux sont-ils prêts à prendre pour que dans les Commissions professionnelles consultatives, là où sont construits les diplômes afin qu’ils répondent à de vrais besoins, les représentants du monde professionnel soient de véritables professionnels qui connaissent la réalité des métiers ? » Ensuite l’offre de périodes de formation en milieu professionnel : « Quels sont les engagements des partenaires sociaux pour que les jeunes en bac pro qui doivent effectuer 22 semaines de stage en milieu professionnel ne soient plus contraints d’accepter parfois des stages qui ne correspondent pas à leurs besoins de formation ? » En élargissant à l’ensemble de l’enseignement secondaire, le ministre posait la question de leur contribution au parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel : « Quels sont les engagements des partenaires sociaux pour prendre leur part dans la mise en oeuvre du parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel, pour aider les élèves à préparer leur orientation et lutter contre les stéréotypes selon lesquels certains métiers seraient davantage réservés à un sexe ou à un autre ? » Les deux derniers thèmes concernaient les inégalités et les discriminations (« Quels sont les engagements des acteurs de l’apprentissage pour qu’un jeune Français d’origine africaine en formation professionnelle ait les mêmes chances d’intégrer une formation en apprentissage qu’un jeune à la peau blanche ? ») et la lutte contre le décrochage : « Quels sont les engagements des partenaires sociaux et des régions, aux côtés des pouvoirs publics pour ramener en formation ou en emploi les 620 000 jeunes décrocheurs sortis du système scolaire sans qualification ? »
Du coté des réformistes, la difficulté c’état déjà de faire le lien entre la problématique générale de la conférence, l’emploi, et l’éducation nationale. Pour Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen Cfdt, interrogé par le Café pédagogique, « il faut travailler l’insertion professionnelle. Elle doit être une dimension de la formation. Pour cela il faut décloisonner les mondes de l’éducation et de l’économie, pas seulement l’entreprise ». Cela passe obligatoirement par « la déhiérarchisation des filières de l’éducation, notamment entre professionnel et général. L’Ecole a une demande de diplômer de plus en plus d’étudiants. Des segments comme le lycée professionnel portent seuls cette demande. On lui demande à al fois de récupérer des élèves décrocheurs, de les former et même de les préparer au supérieur. Ca ne vas être tenable longtemps ! ». La solution pour le Sgen Cfdt c’est de penser la scolarité « en modules et parcours plutôt que filières ». Une révolution pédagogique et non plus une refondation.
François Jarraud