« Benoît Hamon se félicite des résultats des concours », annonce le ministère. Mais , si l’attractivité globale progresse, les nœuds d’étranglement du système demeurent. Ainsi que la question : comment y faire face ?
« Dans le premier degré, la quasi-totalité des postes ont été pourvus », explique le ministère qui rappelle qu’en 2013, 290 postes étaient restés vacants. « Ce très bon résultat est dû à la forte hausse du nombre de candidats (63 878 candidats en 2014, contre 41 327 en 2013) et à la grande qualité des candidats admissibles (13 642 admissibles en 2014 contre 12 281 en 2013) », ajoute le ministère. « La qualité des concours a, de plus, permis aux jurys de constituer des listes complémentaires (775 lauréats ) qui permettront de compenser sans difficulté les 744 postes restés vacants lors du concours exceptionnel 2014 ». Une seule académie, Créteil, reste déficitaire de façon sensible.
Malheureusement ces bons résultats ne se retrouvent pas au secondaire. Le déficit de postes reste massif en maths où , comme en 2013 , seulement 67% des postes sont pourvus. En lettres la situation se détériore avec 83% de postes pourvus alors que tous l’avaient été en lettres modernes en 2013. En lettres classiques un poste sur deux reste vacant. Si en anglais c’est mieux (917 postes pourvus sur 1000) c’est pire en allemand où seulement 64% des postes ont trouvé preneurs. Les résultats sont globalement meilleurs qu’au capes exceptionnel mais ne s’arrangent pas par rapport au capes 2013. Des listes complémentaires vont boucher les manques dans certaines disciplines mais pa là où le déficit est devenu chronique.
Cette crise de recrutement vient de loin. Selon la Commission française pour l’enseignement des mathématiques (CFEM) elle tient d’abord aux » fluctuations de très grande ampleur » dans les politiques de recrutement. « Ces conditions créent un corps enseignant dont la démographie n’est pas stationnaire, et qui subit donc des coups d’accordéon suivant les cohortes partant en retraite ». La CFEM avance d’autres facteurs conjoncturels : « l’allongement du nombre d’années d’étude à la charge de l’étudiant, dû à la réforme de mastérisation, même si la réforme récente plaçant le concours en quatrième année a amélioré les choses ; la concurrence avec d’autres professions qui ont des arguments convaincants, également due à la réforme de mastérisation ; la baisse du pourcentage de femmes qui a aussi diminué le nombre de candidats potentiels ; la concurrence possible avec l’informatique pour les débouchés ; les conditions de salaire, et le fait souvent répété que les salaires des enseignants français, en début et milieu de carrière, sont nettement en-dessous de la moyenne des enseignants de l’OCDE ».
François Jarraud