Quelles inégalités territoriales en matière d’éducation ? Indicateur classique de l’Education nationale, La géographie de l’Ecole sort le 1er juillet dans une édition totalement renouvelée par la Depp (division des études du ministère). Sous la houlette de Catherine Moisan, La géographie de l’Ecole met en évidence les inégalités territoriales en matière d’éducation et propose des analyses pointues pour les comprendre. Elle publie de nombreux indicateurs sociaux qui permettent de saisir les enjeux éducatifs territoriaux.
La géographie d el’école publie plusieurs centaines de cartes qui permettent à tout enseignant ou parent de saisir les particularités du territoire dans toutes ses dimensions sociales, démographiques comme éducatives. Ainsi on peut découvrir la France des enfants pauvres, des familles monoparentales ou de l’encadrement éducatif. Pour la première fois une double page est consacrée aux inégalités sociales entre établissements publics et privés (page 44).
L’ouvrage se termine, pour la première fois également, par 4 études. Le dossier d’Olivier Monso (DEPP) propose une typologie socio-économique des départements. Elle permet de regrouper les départements de France métropolitaine en sept types, et les DOM en trois types. Le dossier de Gérard Boudesseul (Céreq), met en regard, sous forme de cartes, les zones à risques d’échec scolaire caractérisées par des situations difficiles sur le plan économique, social et culturel, et les parts des non diplômés au niveau des cantons. On a donc une représentation extrèmement fine. La correspondance entre zones cumulant les difficultés sociales et zones à parts élevées de jeunes non diplômés est fréquente, mais pas systématique.
Le dossier de Pascale Guillois (SSA Bordeaux – DEPP) travaille sur les disparités dans l’accès des élèves de troisième à l’enseignement supérieur au niveau des ZAP. Les disparités restantes peuvent être notamment reliées à une plus forte précarité économique sur certains territoires, et à la répartition de l’offre de formation dans l’enseignement supérieur. Solène Hilary et d’Alexandra Louvet (DEPP) proposent un dossier sur l’attractivité des académies pour les enseignants du second degré public. Les auteures proposent une typologie des académies à partir de variables caractérisant l’aspiration à la mobilité et les affectations obtenues.
Ainsi se dessine la réalité vécue du système éducatif national. National ne veut pas dire uniforme. Les inégalités de toutes sortes ne peuvent être traitées que si elles sont connues et comprise spar les acteurs de l’Ecole.
Cet énorme travail est complété par une édition unique et totalement nouvelle : « l’Atlas académique des risques sociaux d’échec scolaire : l’exemple du décrochage » réalisé avec le Céreq. C’est le fruit d’un énorme travail pour dégager des caractéristiques statistiques au niveau cantonal. De nombreuses analyses nationales sur le décrochage accordent une place très modeste à la dimension territoriale. Cet atlas souligne l’importance du rôle du territoire dans la reproduction sociale. « Dans le cadre de la mise en place d’une politique de lutte contre le décrochage renforcée sur sa partie prévention, l’utilisation de cette cartographie pourrait permettre d’apporter des réponses territorialisées adaptées aux besoins spécifiques des jeunes et d’intensifier les actions de prévention en fonction des territoires », affirme la Depp. Pour l’enseignant on a là des clés irremplaçables pour orienter son action éducative.