« Dans l’immense majorité des pays de l’OCDE les élèves du privé obtiennent des scores meilleurs que dans le public », écrit Maryline Baumard dans Le Monde. Selon elle le résultat est attesté même à situation sociale comparable à partir des données Pisa 2012. Cet écart irait croissant attestant une supériorité incontestable du privé.
L’affirmation peut surprendre, l’OCDE ayant publié en 2011 une étude montrant que les écoles privées sont moins performantes, à situation sociale égale, que le public. La situation se serait-elle inversée depuis ? En fait les données de l’OCDE sont beaucoup plus nuancées. » L’écart de score en faveur des établissements privés par rapport aux établissements publics ne s’observe toutefois plus dans la plupart des pays si le milieu socio-économique des élèves et des établissements est pris en compte », écrit l’Ocde. « Ainsi, après contrôle du milieu socio-économique des élèves et des établissements, les établissements privés ne l’emportent plus sur les établissements publics que dans 8 pays et économies, et les établissements publics l’emportent sur les établissements privés dans 12 pays et économies. Les établissements privés – et les établissements publics dont les élèves sont issus de milieux socio-économiques plus favorisés – procurent donc un avantage aux élèves qui les fréquentent, mais rien ne suggère que les établissements privés contribuent à rehausser le niveau de performance du système d’éducation dans son ensemble ». (Regards sur l’éducation page 434). Dans le cas français, l’écart , toute situation sociale comparable, est jugé « non significatif » par l’OCDE.
Ce que montre surtout l’OCDE c’est la masse d’avantages dont disposent les écoles privées. Evidemment des avantages en terme de moyens. Mais aussi une population scolaire d’un niveau culturel plus élevé. Et enfin un degré d’autonomie qui permettrait de développer des pédagogies adaptées aux besoins.
Derrière cette question de la supériorité du privé ou du public, se profile une vraie question. Celle de la gouvernance du système éducatif. Disposer de vrais chefs d’établissement qui soient de vrais leaders, disposant d’une large autonomie c’est le rêve de beaucoup d’acteurs de l’éducation qui perçoivent bien que le système actuel fonctionne très mal. Ce que montrent les données Ocde c’est que cette gouvernance qui ramène le leadership sur le terrain ne suffit pas à apporter l’efficacité.
François Jarraud