Puisant dans ses différentes enquêtes, l’OCDE, dans Regards sur l’éducation 2014, livre aussi quelques singularités du métier d’enseignant en France. Quelle est l’utilité d’avoir un nombre d’heures d’enseignement aussi important ? Qu’enseigne-t-on vraiment ? Et avec qui ?
Quelle durée de l’enseignement ?
Singularité bien connue du système éducatif français, les professeurs et les élèves français ont nettement plus d’heures de cours que ceux des autres pays de l’OCDE. Et ils sont regroupés sur un nombre de semaine plus faible. Ainsi en 2012 les enseignants du primaire assuraient 936 heures de vat élèves soit 156 de plus que la moyenne.
Mais ce temps théorique est-il réellement consacré à l’enseignement ? Dans le secondaire, les données OCDE montrent aussi que la France fait partie, avec les Pays Bas ou le Portugal, des pays où l’heure de cours est la plus grignotée par d’autres tâches que l’enseignement. Un quart de chaque heure de cours est consacré au maintien de l’ordre en classe. Ainsi la durée réelle de l’enseignement diffère-t-elle de la durée théorique..
Quels contenus d’enseignement ?
Comment est utilisé le temps d’enseignement ? On entend dire qu’il faudrait revenir aux fondamentaux et arrêter le grignotage du temps scolaire par les disciplines « non fondamentales ». Or le système éducatif français fait partie de ceux qui consacrent déjà le plus de temps au français et aux maths : près de 60% du temps scolaire au primaire. Seuls le Portugal et le Mexique leur accordent davantage de place. La Finlande n’y consacre que 40% du temps scolaire. Au collège 30% du temps est consacré au français et aux maths contre 22% en Finlande.
La solitude enseignante
Mais peut-être la caractéristique la plus lourde du métier enseignant est l’isolement.
De tous les pays de l’OCDE, il n’y a qu’en Espagne et en Islande où les enseignants ont encore moins de contact avec les autres enseignants. Quatre professeurs sur cinq déclarent ne jamais observer travailler leurs collègues et ne jamais avoir de retour sur sa façon de travailler. Cela a à voir avec le désintérêt envers la pédagogie constaté dans la formation officielle des enseignants. On mesure le caractère révolutionnaire des rares moments où les enseignants sont en équipe, comme les TPE. Parler moins d’équipe éducative et créer les conditions matérielles concrètes de son fonctionnement pourrait réellement révolutionner l’Ecole française.
François Jarraud