Affelnet fait -il reculer la ségrégation scolaire à Paris ? L’étude de Gabrielle Fack, Julien Grenet et Asma Benhenda, de l’Institut des Politiques Publiques, l’affirme. Pierre Merle, dans un article publié par la revue de la Société suisse de sociologie (n°40, 2014) arrive à un résultat différent qui nuance le regard en abordant la question de la place du privé.
« Dans l’académie de Paris la croissance de la ségrégation scolaire est modérée dans le public (0.3 point annuel) mais forte dans le privé (2.25 point). Ces dynamiques ségrégatives différenciées ne peuvent s’expliquer par une croissance de la ségrégation urbaine », explique-t-il. Portant sur les années 2008-2010, l’étude de Pierre Merle met en cause la procédure Affelnet.
« Avant la mise en oeuvre de la procédure Affelnet (dans l’académie de Paris), la ségrégation de chaque secteur est stable », écrit-il. « A partir de sa mise en oeuvre, les secteurs publics et privés connaissent une évolution divergente. Dans le secteur public la ségrégation scolaire baisse de presque un point alors que dans le secteur privé cette ségrégation augmente sensiblement. L’objectif d’une augmentation de la mixité sociale est donc atteint mais seulement pour les lycées publics. A la rentrée 2009, les modifications de la procédure Affelnet.. ont favorisé les choix ambitieux des familles d’origine aisée et moyenne et accentué la ségrégation sociale. Dans le secteur privé elle augmente de 3.2 points en une seule année à la rentrée 2009 ».
Le travail de J Grenet et alia ignorait les établissements privés pour ne s’intéresser qu’aux lycées publics. Partant de données différentes et de problématiques différentes, il n’est pas si surprenant que ces travaux aboutissent à des conclusions différentes. On retiendra notamment du travail de P Merle le rôle particulier joué par les établissements privés dans la ségrégation scolaire.