Le 41ème colloque de la COPIRELEM (Commission Permanente des IREM sur l’Enseignement Élémentaire) s’est tenu à l’ESPE de Bordeaux sur le site de Mont de Marsan (Landes) du 18 au 20 juin 2014. Ce colloque annuel est un moment d’échanges et de réflexions qui rassemble des Professeurs et Formateurs de Mathématiques chargés de la Formation des Maîtres, autour de questions cruciales de l’enseignement des mathématiques en lien avec une réflexion plus globale sur l’école. Ce rendez-vous annuel est à l’image de la force du réseau des IREM, un réseau reconnu mais un réseau en danger par manque de moyens budgétaires alloués par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche depuis deux ans.
Cette année, environ 120 personnes se sont retrouvées autour du thème « Quelles ressources pour enrichir les pratiques et améliorer les apprentissages mathématiques à l’école primaire ? », qui s’avère être aujourd’hui crucial et d’actualité à l’heure où la formation des enseignants est de plus en plus réduite.
Quand nous évoquons les ressources, nous pensons en fait à de multiples composantes : programmes, documents d’accompagnement et autres textes officiels, manuels scolaires y compris manuels numériques, ouvrages pédagogiques et didactiques, mallettes pédagogiques, vidéos, logiciels dont didacticiels, ressources en ligne notamment pour la formation à distance, etc. Cette diversité dans les ressources s’accompagne d’une grande variété dans leurs usages dans les classes et en formation, ce qui entraîne de multiples questions, pour la formation mais aussi pour la recherche en didactique des mathématiques.
Les questions de formateurs s’orientent par exemple vers des enjeux très pragmatiques : comment, face à la grande variété des ressources, peut-on aider les futurs enseignants à faire des choix pensés et notamment comment peut-on les aider à prendre du recul sur les manuels scolaires ? Dans le contexte mouvant de la formation (initiale ou continue), comment adapter les ressources de formation existantes aux nouvelles contraintes imposées par les moyens alloués à la formation ainsi qu’au développement des modalités de formation hybrides ? Quelles sont les ressources manquantes qui pourraient répondre aux besoins spécifiques des enseignants et des formateurs ?
Mais se posent aussi des questions de recherche qui croisent certaines questions de formateurs. Quelles évolutions, dans les ressources disponibles pour les professeurs ? Quelles articulations entre ressources numériques et ressources classiques ? Comment un professeur s’approprie-t-il une ressource ? Comment prendre en compte des injonctions contradictoires pour réaliser un manuel scolaire ? L’informatique et les réseaux associés modifient-ils le rapport aux ressources ? Ces questions ont été l’objet de conférences, communications et ateliers prenant appui sur divers outils théoriques et méthodologiques présents dans la littérature didactique pour étudier les ressources.
Dans un contexte où la place de la formation (notamment continue) est de plus en plus réduite et où les programmes évoluent très (trop ?) rapidement, l’étude des ressources, qu’elles soient à disposition des enseignants, des formateurs, ou même des élèves, apparaît aujourd’hui comme déterminante en didactique des mathématiques, et le colloque de la COPIRELEM à Mont-de-Marsan l’a mis en lumière de manière très forte.
De plus, pour œuvrer à une formation de qualité, en lien avec le thème du colloque, notre commission a engagé, depuis deux ans, une réflexion autour des situations de formation déjà produites et diffusées par la COPIRELEM et qui font partie de la culture commune de nombreux formateurs. Notre intention est de les reconsidérer à la lumière des nouvelles contraintes de travail dans les ESPE pour les adapter et les enrichir . Ce travail a donné lieu, lors de notre dernier colloque, à trois ateliers plus spécifiquement destinés aux nouveaux formateurs mais ouverts aussi, bien évidemment, à tous ceux qui ne connaissaient pas ces situations ou qui, tout simplement, voulaient prendre part à notre réflexion.
Tout au long de notre colloque, nous avons proposé aux participants de questionner l’évolution récente des ressources, liée notamment au développement du numérique, ainsi que celle des modalités de formation liée à la mise en place par le Ministère de l’Éducation Nationale du dispositif M@gistère destiné à la formation continue des professeurs des écoles. Quels sont les choix qui ont présidé à l’élaboration de ces modules et parcours de formation ? Comment les formateurs peuvent-ils réussir à s’emparer de modules de formation conçus par d’autres ? Que peut-on espérer d’une formation à distance sans la présence de formateurs pour accompagner les enseignants ?
Le colloque de Mont-de-Marsan a fait ressortir des points cruciaux et des questions vives dont les actes témoigneront, ainsi que la nécessité de construire une culture commune de la formation autour de la question des ressources, en appui sur les travaux de recherche. Étant donné la richesse de ce sujet, nous en poursuivrons l’étude lors de notre prochain colloque qui aura lieu les 16, 17 et 18 juin 2015 à l’ESPE de Besançon, sur le site de Montjoux. Nous envisageons également la diffusion des travaux de la COPIRELEM sur la question des ressources très prochainement, au-delà des actes du colloque de Mont-de-Marsan qui seront quant à eux disponibles au printemps 2015.
Les membres de la COPIRELEM