Alors que les enseignants de l’école élémentaire réfléchiront sur le socle commun, les enseignants de maternelle sont invités à travailler sur leur seul nouveau programme. Des programmes rédigés eux-mêmes dans l’ignorance du nouveau socle…
Le nouveau programme
Le nouveau programme établit d’emblée un certain nombre de principes qui sont en réaction avec la « primarisation » dénoncée dans les programmes de 2008. « C’est dès l’école maternelle qu’il importe de s’attaquer aux inégalités de réussites scolaires. L’institution est attentive à ne pas sous‐estimer ni sur estimer les inégalités socioéconomiques, territoriales, culturelles ou entre filles et garçons pour éviter l’apparition précoce de difficultés scolaires », affirment les programmes. « L’école maternelle est une école bienveillante. Sa mission principale est de donner envie aux enfants d’aller à l’Ecole pour apprendre, grandir et s’affirmer comme sujet singulier Accueillir des jeunes enfants à l’école maternelle et leur permettre de devenir progressivement élèves demande une pédagogie adaptée à leur âge et aux objectifs poursuivis L’école maternelle se caractérise par des situations qui s’ancrent sur les intérêts des jeunes enfants, en crée de nouveaux et leur offre différentes entrées dans les apprentissages visés. Elle s’appuie sur le langage dans toutes ses dimensions, sur le jeu, propose des activités structurées et sollicite la participation à des projets. De cette manière, elle soutient et favorise un développement global des enfants à la fois affectif, social, sensoriel, moteur et cognitif, et elle les initie aux différents moyens d’expression et à des formes culturelles variées, tout en contribuant à la construction de valeurs partagées ».
Le programme repose aussi sur une conception globale des élèves à laquelle els enseignants sont très attachés. « Dans les programmes, les enseignements sont organisés en domaines distincts mais cette distinction n’existe pas pour les enfants à l’école maternelle qui, au cours de leurs apprentissages, se mobilisent tout à la fois corporellement, affectivement et cognitivement. Ces différentes dimensions s’alimentent les unes les autres, de manière réciproque et non hiérarchisée ». Les enseignements sont organisés en cinq domaines d’apprentissages articulés selon trois grands pôles. D’abord le pôle du langage, avec le domaine « Utiliser le langage dans toutes ses dimensions ». Il réaffirme sa place primordiale à l’école maternelle comme condition essentielle de la réussite de toutes et de tous. Ce domaine précise les apprentissages visés en matière de langage oral et écrit. Un pôle permet de développer les interactions entre l’action, les sensations, l’imaginaire, la sensibilité et la pensée. Il est composé de deux domaines d’apprentissage : – « Agir, s’exprimer, comprendre au travers de l’activité physique » et – « Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités artistiques ».
Un dernier pôle pose les bases d’une première culture mathématique, scientifique et technologique. Il comporte deux domaines d’apprentissage. L’un, « Organiser et prendre des repères » comprend trois parties : « Organiser et structurer les quantités », visant spécifiquement la construction du nombre; « comparer, trier, identifier des formes et des grandeurs »; « se repérer dans le temps et l’espace ». L’autre « Explorer le monde du vivant, des objets et de la matière » s’attache à en développer une première compréhension et à susciter le questionnement des enfants.
Une consultation qui reconnait le CSP
Selon le ministère, la consultation se fixe comme objectifs » d’évaluer le degré d’adhésion des personnels au projet proposé ; de recueillir des propositions dans la perspective éventuelle d’une réécriture ; d’interroger les personnels sur des questions qui font débat ».
La consultation commence, comme pour celle sur le socle commun, par une réflexion commune des enseignants de l’école sur une demi journée banalisée. » Les équipes pédagogiques pourront profiter de ce temps commun pour la consultation sur le socle commun à laquelle elles sont bien sûr associées », précise assez maladroitement le ministère.
Un questionnaire guide la consultation. Il comprend des questions « ouvertes », permettant de formuler des avis étayés et de faire état, éventuellement, de propositions et des questions « fermées » « qui visent à permettre une mesure nuancée du niveau d’adhésion des personnels ».
Une différence essentielle existe entre la consultation sur le socle et celle sur les programmes de maternelle. Elle est dans la fin de la procédure. En maternelle, une synthèse des consultations sera rédigée et transmise au Conseil supérieur des programmes. Il émettra un avis dont tout le monde semble penser qu’il sera retenu.
François Jarraud