L’apprentissage a ses limites rappelle Gilles Moreau
» Envoyer un jeune dans le dispositif apprenti avec un faible niveau scolaire, c’est lui infliger une double peine sociale : échec à l’École et échec probable dans l’apprentissage. L’apprentissage à quatorze ans est une vision qui date des années 1960″. Dans Les dossiers de l’Enseignant 94, le sociologue Gilles Moreau critique les objectifs du plan Borloo. Celui-ci prévoit d’atteindre 500 000 apprentis en 2010.
Pour G. Moreau ce plan est irréaliste. « Depuis la réforme de 1987 qui permet de faire se succéder les contrats d’apprentissage, l’effet des capitaux scolaires joue dans l’apprentissage.
L’expression peut sembler paradoxale, mais l’apprentissage s’est scolarisé. En fait, la réussite d’un apprenti au diplôme, tout comme ses chances de poursuite à un niveau d’apprentissage supérieur, sont étroitement liées à son niveau scolaire à l’entrée en apprentissage ». Il rappelle d’autres limites. La rareté des entreprises : par exemple un quart des apprentis de Bep ne trouvent pas d’entreprise pour continuer leur apprentissage. Enfin le coté ségrégatif de l’apprentissage : « les filles sont sous-représentées (30%), tout comme les jeunes d’origine immigrée. Ne jurer que par l’apprentissage, comme le fait actuellement le gouvernement, n’est pas sérieux. L’État dispose d’autres leviers, comme le lycée professionnel qu’il a tendance à laisser à l’abandon ».
Dossier de l’enseignant 94
http://www.se-unsa.org/page_dossier.html