Rétablir les TPE au bac en supprimant la préparation en terminale est inacceptable
Dans un article du Parisien du 12 février, François Fillon annonce qu’il maintient la suppression des Travaux personnels encadrés (TPE) en terminale mais qu’il les rétablit au bac en prenant en compte dès cette année les résultats des TPE de première pour le bac 2006 : « cela prendra effet dès cette année, vos résultats de TPE en première cette année compteront pour votre bac l’année prochaine ». Les TPE ont été supprimés en terminale et au baccalauréat par deux arrêtés du 9 décembre 2004 (J.O. du 17/12/2004).
Pourquoi cette mesure nous paraît inacceptable
A première vue, cette décision semble rétablir presque à l’identique le dispositif précédent et donne à penser que le ministre a écouté les lycéens, les parents et les enseignants qui, depuis décembre, ont milité en faveur des TPE. On peut penser que cette annonce n’aurait jamais été faite s’il n’y avait pas eu la mobilisation initiée par la pétition que nous avons lancée et qui s’est amplifiée avec le mouvement lycéens. Nous pensons cependant qu’elle reste un leurre et qu’elle est inacceptable et nous demandons le rétablissement des TPE en terminale pour les raisons suivantes.
Si le ministre connaissait davantage les TPE, il saurait que dans de nombreux établissements les TPE sont organisés sur le premier semestre de l’année. Dans ce cas, les lycéens ont déjà terminé leur TPE de première. Le bac est une chose sérieuse. Il faut beaucoup de légèreté pour briser le contrat pédagogique et annoncer aux lycéens que le travail qu’ils ont rendu il y a quelques semaines, et qui en aucun cas ne devait entrer dans leur note du bac, finalement sera déterminant pour cet examen. Nous disons : on n’a pas le droit de traiter les lycéens ainsi.
Les TPE sont une épreuve tout a fait unique. Dans une scolarité, c’est le seul moment où on demande aux élèves d’organiser leur travail, d’en prévoir les étapes, de rechercher des informations, de les construire, c’est-à-dire de se comporter en chercheurs ou en étudiants. Les TPE mobilisent des compétences jamais ou très rarement mobilisées au lycée. C’est d’abord l’apprentissage de l’autonomie qui leur pose problème. Il faut à la fois gérer le temps, anticiper et remédier aux inévitables obstacles et aux retours sur les interrogations de départ. Ensuite ce sont les capacités à trouver, interroger, mettre en doute et critiquer les sources d’information. C’est parce que ces apprentissages sont difficiles mais en même temps indispensables pour prétendre à des études supérieures et pour s’insérer en entreprise que la préparation des TPE était prévue sur deux années, première et terminale. La première année faisait prendre conscience des difficultés et des obstacles. L’année de terminale permettait une issue réussie dans la très grande majorité des cas. Nous disons : on ne peut pas préparer les candidats à cette épreuve de façon efficace en une seule année.
Nous nous interrogeons donc sur les motifs du maintien de la suppression en terminale et du rétablissement au bac. Le ministre dit que c’est pour alléger l’année de terminale. Nous ne le croyons pas sincère. Nous avons de bonnes raisons de penser qu’il s’agit en fait uniquement d’économiser des moyens. Si le ministre est seulement soucieux de l’allègement en terminale, il a la possibilité d’organiser les TPE sur la seconde et la première. Si le seul souci est d’ordre financier, il faut le dire et le faire entrer dans la négociation. Ne pas l’évoquer c’est ne pas respecter les lycéens et les autres acteurs de l’Ecole. Nous disons : agir ainsi c’est refuser le dialogue.
En rétablissant les TPE au bac, F. Fillon vient d’annoncer l’annulation d’un des deux arrêtés du 9 décembre 2004. Pour ces raisons nous pensons que la seule issue qui soit acceptable pour les lycéens, les parents et les enseignants, c’est l’annulation des deux arrêtés du 9 décembre. Nous demandons le rétablissement des TPE en terminale.
Le Café pédagogique – http://cafepedagogique.net
Le CRAP – Cahiers pédagogiques – http://www.cahiers-pedagogiques.com
Version imprimable : la lettre aux lycéens (format PDF)
Page publiée le 14-02-2005