Alors que la question budgétaire devient pour l’Education nationale la question prioritaire, l’interview donnée par G Darmanin, ministre du budget, au Parisien le 11 juillet apporte plus de questions que de réponses. Elle renvoie directement aux silences de JM Blanquer.
Selon cet entretien donné au Parisien, Gérald Darmanin confirme l’objectif de 4 à 5 milliards d’euros d’économies en 2017. Selon le ministre , les économies porteront surtout là où on ne les attendait pas : près d’un milliard sur la Défense, 500 millions sur l’intérieur, 100 millionss ur l’Aide publique au développement. Pour le reste le ministre se fait fort de trouver quelques milliards « sur la gestion du parc des voitures » des ministères et « avec des appels d’offres mieux négociés ». On demande à voir…
Pour l’Education nationale, le ministre se veut rassurant. « Il y a une économie de 75 millions. Mais il n’y aura pas de postes de professeurs supprimés pour la rentrée scolaire »,dit-il . « Et nous tiendrons l’intégralité des promesses du président de la République ».
75 millions dans un budget de plus de 60 milliards c’est rien. Mais ces propos sont largement à décrypter. Ne pas supprimer des postes pour la rentrée ne veut pas dire grand chose puisque les seuls emplois qui sont supprimables pour la rentrée, les contractuels, ne sont pas des postes.
C’est ce que ne dit pas G Darmanin qui compte. Car les défis budgétaires pour l’Education nationale se renforcent pour 2018.
Pour faire face à celui du doublement des CP et CE1 de Rep et Rep+ , l’Education nationale doit trouver 9500 postes. Il était prévu que 5000 seraient créés en 2018, soit 250 millions. Pour 9500 c’est presque le double. Darmanin n’en parle pas.
L’Education nationale doit aussi financer le PPCR (700 millions), les « devoirs faits » (150 millions), le glissement vieillesse technicité (en clair l’avancement) pour 300 millions. Au total, les engagements du ministre et du président représentent plus d’un milliard de charges nouvelles pour l’Education nationale. Or 2018 c’est aussi l’année où le gouvernement, qui vient encore d’annoncer 10 milliards de suppressions d’impôts, doit faire plus de 20 milliards d’économies.
Alors décryptons un peu. Il n’y aura peut-être pas de baisse très importante du budget de l’éducation nationale. Mais, au mieux, tous ces engagements, JM Blanquer devra les financer sur son budget.
De Bercy à Grenelle, il va bien falloir à un moment sortir des non-dits et présenter un budget. C’est à dire se prononcer clairement sur les coupes qui sont probablement déjà décidées. Dans l’Education nationale où 95% du budget correspond à du salaire, il va falloir dire où les postes seront supprimés et transférés. Les Fables de La Fontaine c’est pour les enfants.
François Jarraud