Valérian et Laureline, les deux agents spatio-temporels imaginés par Jean-Claude Mézières et Pierre Christin, font escale à la Cité des sciences, jusqu’au 14 janvier 2018. À travers une quarantaine de dessins originaux et de nombreuses reproductions grand format, l’exposition temporaire qui leur est consacrée, donne à voir la beauté de l’œuvre et présente les points de vue de trois scientifiques passionnés de BD. Ils décryptent la science qui se tient sous la fiction. Pour plonger au cœur de l’œuvre, un dispositif de réalité augmentée permet une immersion totale chez les Glapum’tiens, les Shingouz, les Kamuniks au plus profond de ces incroyables civilisations extraterrestres. Les jeunes à partir de 9 ans sont très attendus dans cet univers singulier et foisonnant décodé scientifiquement.
Une œuvre majeure dans la science-fiction
Commencée il y a cinquante ans, la série Valérian et Laureline créée par Pierre Christin, scénariste et Jean-Claude Mézières, dessinateur, s’est imposée comme une œuvre engagée dans son temps et majeure dans la science-fiction. Elle compte aujourd’hui 24 tomes et a inspiré de nombreux auteurs et réalisateurs de science-fiction. Les deux héros, Valérian et Laureline sont des agents du Service Spatio-Temporel de Galaxity, capital de la Terre au 28ème siècle. Au cœur de leurs périples, ils parcourent l’Univers et le temps, découvrent d’incroyables civilisations extraterrestres et rencontrent des personnages pittoresques et des formes de vie aussi diverses que luxuriantes. Les thèmes de la saga demeurent très actuels : il y est question de la conquête spatiale, de la colonisation, du racisme, des catastrophes écologiques et nucléaires, du changement climatique, des totalitarismes, des effets de la mondialisation…
La science là où on ne l’attend pas
Le sujet de l’exposition n est pas à première vue scientifique ni technique. Mais il permet d’y conduire par des chemins détournés. Il s’agit de montrer la science où on ne l’attend pas. Trois scientifiques fans de BD sont invités à décrypter la science qui se tient sous la fiction. L’exposition propose un dialogue entre Pierre Christin, un astrophysicien, un géographe, et un paléontologue, sur des sujets aussi variés que l’univers, la civilisation, le socio-politique ou encore la faune et la flore. En apportant son point de vue sur l’Univers imaginé par les auteurs, l’astrophysicien Roland Lehoucq répond à plusieurs questions : peut-on vraiment voyager dans le temps ? Comment sont faites les exoplanètes « réelles » ? Existe-t-il un centre de l’univers ? Le transmuteur grognon est-il biologiquement envisageable ?
Le géographe Alain Musset pose son regard affuté sur les civilisations de la saga qui sont une sorte de miroir déformant de notre monde et de notre époque, et qui rappellent des régimes actuels ou ayant existé. En observant et en analysant les systèmes politiques, économiques et sociaux présents dans la saga, Alain Musset montre comment cette œuvre de science-fiction dénonce les horreurs de la guerre, les inégalités sociales et toutes les formes de domination humaine, qu’elles soient passées ou présentes. En compagnie du paléontologue Jean-Sébastien Steyer, les visiteurs mènent l’enquête à la découverte des animaux et des plantes extraterrestres d’une incroyable diversité : Ces formes de vie foisonnantes d’où viennent-elles ? De quelles espèces réelles sont-elles inspirées ? Peut-on les rattacher à des groupes zoologiques ou botaniques déjà connus sur Terre ? Un formidable moyen pour découvrir les sciences de l’évolution en s’amusant.
Une scénographie immersive
Dans une scénographie immersive organisée en six alcôves autour d’une salle de projection, les planches se dévoilent aux visiteurs, notamment grâce à l’utilisation de la réalité augmentée . Le visiteur superpose sur une planche originale, une tablette mise à sa disposition, ou son propre smartphone. Lorsque l’application détecte la planche, la vidéo de l’expert se déclenche automatiquement en s’appuyant sur des effets graphiques et animés qui s’ajoutent. Les quatre premiers espaces, « Univers », « Civilisations », « Faune et flore », « Politique-fiction », sont munis de tablettes : la réalité augmentée plonge le visiteur dans l’univers riche et fascinant de l’œuvre, lui permettant, entre autres, d’assister à une envolée d’oiseaux intrigants, à l’atterrissage d’un vaisseau spatial… ou encore d’écouter les explications des scientifiques, dont celui de l’astrophysicien Roland Lehourcq sur les voyages spatio-temorels par exemple. Les Glapum’tiens, les Kamuniks, les Blopikiens, les Shingouz, les Aliens…n’auront plus de secrets pour les visiteurs.
Une application gratuite
En plus des tablettes mises à disposition du public, dans les quatre premières alcôves de l’exposition, une application gratuite pour mobiles est proposée aux visiteurs qui le souhaitent. Cette application ludique et pédagogique permet de plonger encore plus profondément au cœur de l’œuvre, de voir ce que les yeux ne voient pas : des bribes de conversation dans un langage inconnu ? C’est un trio de Shingouz affairé ; un bruissement suspect ? Ce sont les Oiseaux-folie qui menacent ; une vibration stridente ? C’est le vaisseau XB982 qui effectue un saut spatio-temporel…outre ce parcours immersif dans l’exposition qui mêle illusion et science, l’application permet aussi d’obtenir 18 scènes en réalité augmentée dans le catalogue édité à l’occasion.
Hommages et clins d’œil
Où et comment les auteurs trouvent-ils leurs inspirations ? Réponse dans l’espace « Sources et références » où les deux auteurs se sont amusés à en dévoiler : Auguste Renoir( !)…Charles Darwin, Jackson Pollok, Orson Wells, Hugo Pratt, Stanley Kubrick…Dans le sixième et dernier espace, les visiteurs découvrent une page de manuscrit démesurément agrandie, deux planches inédites du futur album et ils peuvent suivre aussi, sur grand écran, un débat entre les deux auteurs et les scientifiques Roland Lehoucq et Alain Musset. La salle de projection, au centre de l’exposition présente en continu, deux films qui décrivent la conception d’une planche, de la page blanche jusqu’à l’étape cruciale de la mise en couleur : « L’histoire de la page 52 » et « Les couleurs de la page 52 ».
Pour le public scolaire
Les professeurs peuvent organiser des visites de l’exposition. Un billet unique donne accès aux expositions temporaires et aux espaces permanents. Les sorties scolaires doivent se réserver auprès du service groupe de la Cité des sciences et de l’industrie, resagroupescite@universciences.fr
Des ateliers cet été
Une animation de 45 minutes en libre accès prolonge l’exposition et invite à décrypter les incohérences scientifiques que l’on peut rencontrer dans l’univers de la science-fiction. Plusieurs ateliers gratuits sont également proposés aux familles en juillet et en août. « Fabrication du vaisseau spatial de Valérian et Laureline » invite les participants à partir de 8 ans, à concevoir et réaliser la maquette du vaisseau de l’univers de la bande dessinée. C’est l’occasion de découvrir les possibilités offertes par la découpeuse laser, et les différentes techniques utilisées au Fab Lab de la Cité des sciences. Les familles ont aussi la possibilité de réaliser un film court en stop motion qui plonge Valérian et Laureline dans de nouvelles aventures. Il est proposé aussi aux familles avec enfants de plus de 12 ans, de prolonger la visite de l’exposition, en prenant en main une tablette graphique et de découvrir les différentes techniques de colorisation numérique en se basant sur des planches extraites de la bande dessinée. Ces ateliers gratuits sont accessibles sur inscription.
Béatrice Flammang
L’exposition « Valérian et Laureline en mission pour la Cité »