Par Blandine Raoul-Réa
… Eglantine Reymond bibliothécaire au Centre de Ressources et de documentation de l’IUFM de Créteil. Cette jeune bibliothécaire travaille sur le site de Bonneuil (94) à la politique documentaire de l’IUFM , IFUM rattaché à l’Université de Paris 12. Nous l’avons questionnée sur sa vision du métier et sur celle de professeur documentaliste.
Café Pédagogique : Vous souvenez-vous du moment, de la personne, de l’activité qui vous a incité à entrer dans cette voie ?
Eglantine Reymond : En fait j’ai toujours voulu faire un métier en relation avec les livres. Mais les bibliothèques sont des lieux qui m’ont plus particulièrement marqué. Quand j’étais enfant j’adorais passer des heures à la bibliothèque municipale de la ville dans laquelle j’habitais. La bibliothécaire jeunesse était très gentille et j’étais curieuse de savoir comment s’organisait la vie de la bibliothèque. Les bibliothèques municipales et les bibliothèques universitaires sont des lieux que j’ai énormément fréquentés pendant mes études par la suite et dont j’ai de tous temps apprécié les missions. Ce sont pour moi des lieux » riches » à tous points de vue.
CP : Quel parcours universitaire avez-vous choisi ?
ER : J’ai fait deux ans de classe CPGE (Classe préparatoire aux grandes écoles) littéraire puis un DEA de lettres modernes. J’aurais aimé me spécialiser plus tôt dans le métier qui me plaisait, mais à l’époque la filière des métiers du livre à l’Université n’en était qu’à ses débuts et je n’ai pas été bien orientée. De plus mon choix de métier n’était pas encore suffisamment précis. Je savais que je voulais travailler avec les livres et de préférence en bibliothèque, mais différentes voix s’ouvraient à moi et j’avais envie de faire quelques expériences avant de faire un choix définitif. J’ai donc fait des démarches en ce sens, et ai eu la chance de pouvoir travailler à mi-temps dans une maison d’édition, tout en faisant mes études. J’y suis finalement restée plus de 6 ans ! Les tâches et les responsabilités qu’on m’y a confiées (lectures, corrections, recherches iconographiques…) se sont avérées extrêmement enrichissantes et m’ont permis de découvrir un aspect particulier du monde des livres. Mais la manière de travailler et l’aspect commercial toujours sous-jacent (et stressant !) m’ont conforté dans mon désir de travailler en bibliothèque, avec des missions qui me correspondaient davantage. Après mon DEA j’ai donc préparé pendant deux ans le concours de conservateur et celui de bibliothécaire… que j’ai réussi pour ma plus grande joie !
CP : Avant de postuler à l’IUFM de Créteil sur le site de Bonneuil, avez-vous eu d’autres expériences en bibliothèque ?
ER : Parallèlement à mon poste dans l’édition et à mes travaux de recherche, j’ai fait deux étés de vacations à la bibliothèque Mazarine. Cela m’a permis de découvrir le fonctionnement d’une bibliothèque de recherche de l’intérieur, et m’a conforté dans mon désir de travailler en bibliothèque, de pouvoir mettre les livres en valeur et à disposition de tous, et d’ainsi les faire » vivre » réellement. Sans parler des magnifiques manuscrits conservés avec soin et sur lesquels j’ai pu travailler. J’ai toutefois constaté lors de cette expérience que le fonctionnement très catégorisé d’une grande bibliothèque était assez frustrant. Chacun y avait une ou deux tâches précises et qui me semblaient, pour moi qui venais d’un milieu où j’étais beaucoup plus polyvalente, assez restreintes bien qu’essentielles et intéressantes.
CP : Pourquoi avoir postulé pour l’IUFM de Créteil ?
ER : C’est pour cette dernière raison que le poste de l’IUFM de Créteil m’a attirée. J’avais envie de travailler de préférence dans une plus petite structure, qui me permette à la fois d’avoir davantage de responsabilités mais aussi des tâches très diversifiées. D’autre part, je connaissais bien le milieu de l’enseignement car ma maman est enseignante.
CP : Vous travaillez avec des professeurs documentalistes. Quel est votre regard sur métier et ce cursus ?
ER : Pour ma part je ne me suis jamais sentie l’âme d’une enseignante, et c’est ainsi que je voyais ce métier, les professeurs documentalistes ayant une solide formation pédagogique et un réel goût de transmettre alors que je suis plutôt de nature réservée et attirée par l’aspect technique du métier. Et puis avec mon expérience dans la recherche et dans l’édition j’avais envie de travailler dans le secteur public, mais plutôt en bibliothèque municipale ou universitaire et non dans un établissement scolaire. Toutefois je pense que le métier de bibliothécaire et celui de professeur documentaliste ne devraient pas être opposés comme on le fait : nous avons des préoccupations et des objectifs communs et en premier lieu celui d’être des médiateurs culturels et de satisfaire les intérêts de nos lecteurs dans un monde de l’information de plus en plus mouvant. Je trouve qu’il y a une réelle richesse à échanger, à travailler ensemble et en complémentarité, comme c’est le cas à l’IUFM.
CP : Quelles tâches spécifiques relèvent de votre fonction de bibliothécaire ? Quelles tâches spécifiques vous semblent les plus éloignées de votre univers ?
ER : Mon poste est très orienté sur la gestion documentaire. Je suis responsable du catalogue commun aux cinq centres de ressources de l’IUFM, de son fonctionnement et de sa cohérence, et co-responsable de la politique documentaire de l’IUFM. Travailler sur la politique documentaire (charte documentaire, budget, plans de développement des collections…) me passionne et correspond tout à fait aux tâches pour lesquelles j’ai été formée. En revanche, le travail sur les bases de données ou systèmes de gestion documentaires est très spécifique et je n’étais pas suffisamment formée dans ce domaine. Toutefois, si cette tâche m’a parue au début plutôt éloignée de mon univers, j’ai vite réalisé que le catalogue est un outil indispensable pour le personnel autant que pour le lecteur, et qu’un informaticien, étranger au monde des bibliothèques, ne pourrait remplir cette fonction de la même manière.
CP : Comment voyez-vous notre métier de professeur documentaliste ?
Je vois le métier de professeur documentaliste comme un métier d’analyse et de transmission, de formation, en lien étroit avec une équipe pédagogique. Je crois que les bibliothécaires ont beaucoup à apprendre de cette collaboration avec une équipe enseignante, même si la mise en application de cette collaboration semble plus complexe à l’université ou à l’échelle de la ville.
CP : Comment l’imaginez-vous dans 10 ans ?
ER : En fait, avec l’évolution des technologies, et du monde des livres et de l’information en générale, je vois nos deux métiers amenés à s’enrichir de plus en plus l’un l’autre, quel que soit le contexte dans lequel s’exercent leurs missions.
CP : Que diriez-vous à un étudiant qui hésite entre les deux formations (bib et doc…) ?
ER : Je lui demanderai de s’interroger sur sa personnalité (rires), et de réfléchir à sa manière d’envisager les deux métiers, à son goût pour l’enseignement, la formation, et les techniques documentaires, aux publics qu’il a envie de rencontrer et aux lieux dans lesquels il a envie de travailler.
CP : Quelques mots pour finir…
Je dirais que quel que soit le choix de carrière entre la documentation et les bibliothèques, l’important est notre goût pour des métiers vivants et passionnants, qu’il faut défendre !
Lien vers la bibliothèque de l’IUFM de Créteil
http://www.creteil.iufm.fr/ressources/service-commun-de-documentation/
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