Publiés le 26 juillet au bulletin officiel de l’Education nationale, les nouveaux programmes de maths, français et EMC des écoles et des collèges entrent en application à cette rentrée. Les repères annuels, qui auraient du être publiés dans la foulée, ne sont toujours pas sortis. Aussi, les enseignants ont-ils eu le temps de s’emparer vraiment de ces programmes ? Là où les changements sont les plus importants, dans le premier degré, les attitudes varient…
» Je n’ai même pas encore rangé le bureau. Je commencerai – peut-être – à réfléchir après le 15 août ». C’est le genre de remarque que l’on peut lire sur Twitter. Peu d’enseignants mettent en avant leur travail de vacances. Pourtant beaucoup ont déjà commencé à réfléchir sur l’usage qu’ils allaient faire des nouveaux programmes, particulièrement dans le premier degré, là où les programmes sont les plus modifiés par les « ajustements » Blanquer.
Deux professeures en Cm1
Emmanuelle Lescène enseigne en Cm1. Elle donne la priorité à la cohérence dans le parcours scolaire des élèves. Elle trouve les nouvelles appellations plus cohérentes car au collège les professeurs de français utilisent les termes anciens qui sont rétablis avec les ajustements Blanquer. « La cohérence entre école et collège c’est très important », nous a-t-elle dit. En maths, elle suit, comme nombre d’enseignants, la méthode heuristique. « Suivre cette progression est très efficace et elle tient compte des ajustements ». Elle prépare aussi de nombreux projets pédagogiques pour l’année qui vient , notamment un projet mutualisé en histoire et un autre en lien avec un collège qui utilisera des montres connectées pour un travail en maths et SVT sur la santé.
« Maikresse 72 », une enseignante aussi en Cm1 a enrichi son site d’analyse des programmes et de progressions. Revoir les programmes ne la choque pas : « c’est aussi une façon de renouveler les pratiques et de questionner ». Et elle n’a pas vu de gros changements sauf dans la terminologie. Elle trouve d’ailleurs qu’en français la terminologie des programmes de 2015 était plus parlante et convenait mieux aux élèves. Le « complément de verbe » est plus facile à comprendre que les compléments d’objet direct ou indirect des nouveaux programme. Surtout elle est en attente des repères de progressivité puisque son cycle est à cheval sur école et collège. « On se demande quelle part du programme est pour la 6ème »…
Au cycle 2
Marie-Line Millereux enseigne en cycle 2 à Toulouse. Et c’est sans doute là que les changements sont les plus importants. Elle les a pourtant pleinement digérés et mis en pratique. Sur son site on trouve tous les objectifs à travailler en cycle 2.
« Je fonctionne en entonnoir , je pars des instructions officielles pour redescendre dans la classe », nous a-t-elle dit. « J’ai repris le texte des programmes et mis à jour les listes de compétences. Je peux donc préparer ma programmation pour cette année.
Les changements lui semblent positifs. « Il y a beaucoup de reformulation. Par exemple « mémorisation » devient « mémoriser ». Je trouve cela plus clair. Les compétences sont reformulées mais on s’y retrouve ». Pour elle les seuls programmes à avoir vraiment changé sont ceux d’EMC. « Les intitulés sont moins flous. Il y a des points précis à l’intérieur : pour « identifier les symboles de la République » on nous dit ce que les élèves doivent connaitre. Acquérir les valeurs de la République ça commence par respecter les règle de la vie collective ».
Reste le problème des 4 opérations au CP. La rédaction du programme est pas très claire. « Je pense aborder les notions de ces 4 opérations mais pour le CP je ne pense pas qu’on puisse aborder le symbolisme des signes et le calcul posé. On ne peut pas aborder frontalement les 4 opérations ».
Pour elle les nouveaux programmes vont changer sa pratique. « Je retravaille beaucoup les activités au regard des compétences. Il y a des choses mises en avant comme la dictée quotidienne. Je vais réfléchir à élaborer une petite dictée tous les jours. IL faut aussi que je fasse plus de production d’écrit ».
Il lui reste encore beaucoup à faire d’ici la rentrée. Notamment mettre en rapport des activités pour chaque compétence. « Je recherche des idées ». Il reste encore quelques jours…
François Jarraud
Nouveaux programmes : Notre dossier