Si le rapport postes / élèves s’améliore un peu dans le premier degré à cette rentrée cela tient autant à la baisse du nombre d’élèves qu’à la création de postes. Encore cette amélioration moyenne ne reflète pas la majorité des situations en classe , loin de là.
40 000 élèves en moins
Le ministre l’a assez répété à tous ceux qui critiquaient les fermetures de classe : cette année , le rapport P/E s’améliore. Le rapport P/E compte le nombre de postes d’enseignants pour 100 élèves. S’il était de 5,2 quand JM Blanquer a quitté la Dgesco fin 2012, les recrutements massifs du quinquennat Hollande ont fait monter ce rapport à 5.46 en 2017. Il devrait encore monter un peu à cette rentrée.
En effet on attend 40 000 élèves de moins dans le premier degré à la rentrée 2018. Soit 26 000 en moins en maternelle et – 14 000 en élémentaire. Ces données reflètent les évolutions démographiques et aussi la stagnation – et même le léger recul – de la scolarisation avant trois ans.
3680 professeurs en plus
D’un autre coté on comptera 3680 enseignants en plus à la rentrée dans le premier degré. Selon le Snuipp, 3053 viendront dans des classes ouvertes à cette rentrée. Il y a en effet eu 4957 ouvertures de classes en éducation prioritaire à cette rentrée du fait des dédoublements des Cp de Rep et Ce1 de Rep+. 228 postes sont aussi ouverts dans l’enseignement spécialisé , 313 postes de remplaçants , 17 pour les moins de 3 ans et 217 dans d’autres fonctions. Enfin 1181 postes seraient gardés en réserve pour les ajustements de rentrée.
Au total on comptera 330 000 professeurs dans le premier degré, dont 26% en maternelle, 51% en élémentaire, 9% en remplacement et 5% pour le pilotage du système (directeurs, CP etc.).
L’impact des dédoublements
Selon le Snuipp, les dédoublements mis en place à la rentrée auraient nécessité 5 428 postes supplémentaires alors que seulement 3 680 étaient créés. Pour compléter et faire face aux besoins les Dasen ont largement supprimé des postes de « maitres plus ».
Créés en 2014 les maitres + ont créé une véritable dynamique dans le premier degré en encourageant le travail et la réflexion collectifs. 3 220 postes existaient en 2016. 1 330 disparaissent à cette rentrée après 1278 en 2017. Il ne reste plus que 1496 maitres plus soit moins de la moitié en seulement deux ans.
Les Dasen ont aussi pris des postes sur les maternelles : 890 selon le Snuipp. Enfin ils ont fermé beaucoup de classes rurales : 808 selon le Snuipp.
Au final, à cette rentrée la situation s’améliore pour les enseignants de CP et CE1 des rep+ et de CP en Rep. Ils ont moins d’élèves. Mais ce la ne concerne qu’une petite poignée d’enseignants et un nombre limité d’élèves. La grande majorité des élèves défavorisés (70%) ne sont pas scolarisés e éducation prioritaire mais sont dans des classes « normales ». D’autre part, en éducation prioritaire, pour pouvoir fournir en enseignants les classes de CP et Ce1, les Dasen ont souvent fermé des classes en éducation prioritaire (478 en élémentaire et 253 en maternelle selon le Snuipp). On a regroupé les élèves de CM par exemple pour libérer des enseignants. Ainsi en éducation prioritaire aussi la situation s’est dégradée à cette rentrée à beaucoup d’endroits en dehors des CP et CE1.
Aussi le Snuipp s’est livré à un calcul intéressant. Selon le syndicat, avec 7178 postes (soit 2000 de plus) il aurait été possible de limiter à 20 élèves le nombre d’élèves par classe dans toute l’éducation prioritaire et pas seulement sur deux années…
F Jarraud