A quoi peut bien me servir un Espace Numérique de Travail ? C’est la question que vont se poser les collégiens parisiens et leurs enseignants dans les mois à venir. La ville qui gère les 83 collèges parisiens et encore 13 lycées municipaux, a décidé de se doter d’un ENT. Le 24 octobre, elle réunissait chefs d’établissement, enseignants et parents pour convaincre les uns et les autres de s’emparer de ce nouvel outil.
Finalement la ville de Paris a choisi une déclinaison de l’ENT libre de la région Ile-de-France, Lilie, qu’elle a baptisé « Paris classe numérique ». Libre ne veut pas dire gratuit. C’est la société Sopra qui développe et gère l’ENT. La ville a crédité 5 millions pour son déploiement qui va se faire jusqu’en 2015.
Adjointe au maire de Paris en charge de la vie scolaire, Colombe Brossel insiste sur la nécessité de collaborer au succès de l’ENT. « Il y a un risque de coquille vide », dit-elle. « On a besoin de vos expérimentations ». Le budget comprend des formations sur site et un accompagnement confié au Crdp de Paris.
Justement des enseignants, des représentants d’associations, des parents étaient là pour parler de leurs usages des ENT. A quoi sert l’ENT ? D’abord à gérer les notes et le cahier de textes. La focalisation sur les notes est très forte et revient chez tous les interlocuteurs. Alors qu’il est question de changer l’évaluation, celle-ci et singulièrement la note sont vraiment la fondation de l’ENT. L’ENT permet même d’avoir la note en direct avec le risque, souligné par D Dupuis de la Fcpe, de remplacer le dialogue parents – enfants. « Ca demande beaucoup de travail mais collectif » annonce Jean-Pierre Lauby, IPR d’histoire-géo. « C’est invasif particulièrement le soir après les cours avec les fonctionnalités de messagerie », ajoute-il, ce qui crée quelques remous dans la salle. Alors pourquoi se donner tout ce mal ? La ville avance une offre de ressources en ligne particulièrement alléchante.
« C’est un nouveau modèle d’école qui se met en place », explique Eric Bruillard, directeur du laboratoire STEF Ens Cachan – Ifé. Il insiste sur la nécessité d’accompagner les enseignants et les parents. Et il soulève aussi la question du contrôle de l’ENT. Si l’outil a des fonctionnalités intéressantes, l’ENT reste une innovation institutionnelle. L’inscrire dans le vécu des établissements implique un changement de posture et de culture pédagogique.
François Jarraud