La manifestation du 19 décembre avait été un succès. Celle du 22 janvier devrait être encore plus forte. A l’appel des syndicats parisiens (Snuipp, Se-Unsa, Cgt, Sud, Cnt, FO) les professeurs des écoles sevraient être très nombreux à manifester leur opposition à la décision de la ville de Paris d’appliquer la réforme dès 2013.
C’est que depuis le 19 décembre, un élément nouveau est venu jeter de l’huile sur le feu. Bertrand Delanoë, maire de Paris, a décidé d’appliquer les nouveaux rythmes scolaires dès la rentrée 2013. La ville qui s’est beaucoup impliquée dans la préparation de cette réforme, qui co-anime le Réseau des villes éducatrices , à l’origine de l’appel de Bobigny, pouvait difficilement faire autre chose. Quelles que soient les conditions financières, la ville devait être au rendez-vous d’une réforme réclamée depuis longtemps.
Résultat, selon la municipalité, 84% des enseignants du primaire parisien ont annoncé qu’ils font grève le 22 janvier. En conséquence, 372 écoles sont fermées, soit plus d’une école sur deux. Lancé en décembre par la quasi totalité des syndicats du primaire parisien (il ne manque que le Sgen), le mouvement prend une nouvelle ampleur qui pourrait lui donner l’aspect d’un test national.
Depuis décembre, les revendications n’ont pas bougé. » On ne veut pas passer à coté d’une réelle transformation de l’école », affirmait Jérôme Lambert , secrétaire général du Snuipp parisien. « La vraie priorité ce sont les méthodes pédagogiques, les contenus d’enseignement ». Le Snuipp estime que le projet ministériel « dégrade les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des enseignants » et qu’il « porte en germe la territorialisation du service public d’éducation ». « Ce projet est une attaque frontale contre leurs statuts » , estime Sud. Les syndicats estiment que la ville de Paris ne sera pas prête à mettre en oeuvre un service périscolaire de qualité. Par contre elle entrainera le retrait des professeurs de la ville de Paris qui aujourd’hui encadrent les enfants pour les heures d’Eps et d’arts.
La ville de Paris assure qu’elle dispose des moyens financiers pour garantir des activités périscolaires de qualité. 5 millions ont été votées auxquels s’ajouteront 6 millions versés par l’Etat. Pour les 135 000 écoliers parisiens, cela fera un peu plus de 80 euros par enfant. La vile promet aussi de consulter avant d’arrêter son projet éducatif local. Des réunions en arrondissement commencent dès le 24 janvier. Mais il n’y aura pas de consultation des seuls enseignants.
Mais comment mener à la fois ces consultations pour définir un projet et préparer celui-ci pour qu’il soit bouclé pour septembre 2013 ? Privilégiée par rapport aux petites communes rurales par sa taille et sa puissance financière, la ville de Paris pourrait avoir du mal à mettre en place dans un temps record un projet éducatif local qui puisse séduire parents et enseignants.
François Jarraud