« Ce sera une approche systémique… Une approche gagnant-gagnant ». Interrogé par les sénateurs de la Commission de l’éducation le 17 novembre sur le budget de l’éducation nationale, JM Blanquer est revenu sur le Grenelle de l’éducation et l’éventuelle loi de programmation. Le Grenelle devrait conduire à une redéfinition du métier d’enseignant. Gagnant – gagnant ?
Très admiratifs de JM Blanquer, les sénateurs, majoritairement à droite, ont de l’expérience et savent poser des questions embarrassantes au ministre. Lui, il sait très bien ne pas répondre, par exemple sur la baisse des taux de scolarité à 2 ans et 3 ans (question d’A Billon centriste) ou sur la hausse du programme 214 du budget (question de MP Monnier PS).
Mais JM Blanquer a évoqué de lui-même le Grenelle. Au lendemain de l’annonce des modes de « revalorisation » en 2021, interroger le Grenelle c’est poser la question de l’avenir au-delà de 2021, d’une éventuelle loi de programmation et des contreparties qui lui seraient attachées.
JM Blanquer n’aime pas trop utiliser les mots « loi de programmation ». Il préfère parler de « processus pluriannuel ». Mais il parle aussi de la loi. « Nous avons la perspective d’une loi de programmation en 202 », dit-il. « La perspective c’est une loi de programmation. J’espère revenir devant vous pour cette loi mais c’est trop tôt pour le dire. Ca doit être le résultat d’un travail pour que ce soit politiquement au programme pour 2021 ». La loi de programmation, qui avait été promise il y a un an, n’est plus assurée. JM Blanquer n’a visiblement pas le feu vert sur ce point. Mais ça ne l’empêche pas d’organiser le Grenelle de l’éducation.
Si le ministre rejette le mot « contreparties », il lie constamment la revalorisation à un changement du métier enseignant.
« Revaloriser le métier d’enseignant c’est non seulement gagner plus mais aussi une modification profonde des conditions de travail des professeurs ». Il fixe 3 axes : « une meilleure reconnaissance des professeurs, une plus grande coopération des professeurs, la transformation des pratiques et une véritable gestion des relations humaines de proximité… La carrière des professeurs est sur la table », ajoute le ministre. « Comment donner plus de satisfaction à leur évolution de carrière… C’est cette modernisation générale qui est en jeu ».
Un exemple ? JM Blanquer en donne un. « La formation des enseignants hors temps scolaire (qu’il a rendu obligatoire à hauteur de 5 jours pris sur les congés avec la loi Blanquer NDLR) c’est une amélioration de la formation et de la rémunération des professeurs. C’est gagnant – gagnant. C’est de l’épanouissement général ». Il n’est pas certain que les enseignants partagent cet avis…
La participation très limitée (par le ministère) des syndicats au Grenelle, où ils sont remplaçés par des personnalités choisies par le ministère, ouvre la voie à une redéfinition du métier enseignant qui satisfasse le ministre. Les grandes lignes en ont été esquissées en décembre 2019. Cette « modernisation » serait un alignement sur un management des enseignants installé outre-Atlantique. Les syndicats veulent une revalorisation pluriannuelle et non s’en tenir aux petites mesures annoncées le 16 novembre. JM Blanquer a besoin de cette loi de programmation pour avancer dans ses réformes. L’avenir du Grenelle semble suspendu à celui de l’éventuelle loi de programmation.
F Jarraud