Peut-on traiter en cours d’histoire-géographie un sujet d’actualité comme le coronavirus ? Peut-on ne pas le traiter ? Mais dans quelle discipline le traiter ? Géographie ? Histoire ? EMC ? Florent Ternisien, professeur d’histoire-géographie au lycée Jean Renoir de Bondy (93) aborde toutes ces disciplines et quelques autres dans une séquence conçue au printemps dernier. Une réflexion qui montre aux élèves comment chaque discipline contribue à leur compréhension du monde. Florent Ternisien parle de cette séquence.
Quand on regarde les sites académiques on voit peu de séquences sur le coronavirus. Qu’est ce qui vous a amené à en faire une ?
J’essayais au printemps dernier de trouver du sens à mon enseignement. On était encore en confinement. On commençait à voir que le bac aurait lieu au controle continu et je me voyais mal faire cours comme si de rien n’était. Comme si on n’était pas en train de vivre quelque chose d’exceptionnel. Ca me paraissait important de permettre aux élèves de comprendre le monde dans lequel ils vivent et de montrer que nos disciplines aident à cela.
Pourquoi ce sujet n’est-il pas traité plus souvent en histoire-géographie ?
Cela tient aux programmes et aux examens. Si on prend quelques heures sur ce sujet on risque d’être en retard dans une démarche classique. Il faut savoir jouer avec les programmes.
Est-ce important que l’histoire -géographie éclaire l’actualité ?
C’est important mais ça ne peut pas être sa seule finalité. On a besoin de recul pour éclairer l’actualité. Je n’ai pas retouché cette séquence depuis le printemps et déjà il y a des choses à modifier. C’est cet exercice qui rend compliqué l’utilisation de l’actualité en classe même si nos disciplines sont essentielles pour que les élèves comprennent le monde.
Cette séquence c’est une séquence d’histoire ? de géographie ? d’EMC (instruction civique NDLR) ? d’Education aux médias ? de sciences politique ? Parce qu’il y a tout cela dedans…
C’est tout cela et c’est une séquence un peu libre conçue pour un enseignement à distance. Il y a tout cela brassé. Et le fait que je participe à l’atelier sciences po du lycée a fait ajouter les sciences politiques.
Cette réunion des disciplines pour traiter ce sujet c’est important ?
On a besoin de regards croisés pour comprendre la complexité d’un faut d’actualité. Chaque discipline apporte sa spécificité et ses méthodes. Cela montre la complexité de cette période, nos doutes aussi et les impacts qu’elle a sur nos vies.
La séquence invite à débattre de Stop Covid. Qu’en ont dit les élèves ?
C’était assez partagé comme dans tout débat de société. On était pas loin des débats de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui il faudrait reprendre cette partie maintenant que l’on connait l’échec de Stop Covid.
La séquence se termine sur les traitements à venir. Là on n’est plus en histoire géo. Pourquoi cette fin ?
En EMC on peut le faire car ça renvoie aux débats du printemps dernier. Et ce sont des questions que les élèves se posent. Du coup ça amenait les élèves à réaliser un travail en EMI sur des sources. Enfin il y avait l’idée de terminer sur quelque chose d’optimiste. Aujourd’hui cette partie montre à quel point c’est difficile de travailler sur l’actualité.
Propos recueillis par F Jarraud