On n’a sans doute pas fini avec les surprises en cette année scolaire 2020-2021. Elle a commencé avec des évolutions inattendues du nombre des élèves, comme le montrent deux Notes de la Depp (la division des études du ministère de l’Education nationale). Ces évolutions prennent souvent le contre pied des déclarations ministérielles. Ainsi, alors que JM Blanquer a rendu la scolarisation à 3 ans obligatoire, le taux de scolarité a régressé à cet âge à la rentrée. Alors qu’il assure de sa volonté de mettre en valeur l’apprentissage et l’enseignement professionnel, ils sont davantage fuis. Alors que le ministre affiche sa volonté de davantage contrôler le hors contrat celui-ci progresse.
Des taux de scolarisation en recul en maternelle
Avec l’instruction obligatoire dès 3 ans, on pouvait penser que le taux de scolarisation en maternelle augmenterait. On pouvait aussi penser que le nombre d’enfants scolarisés le ferait aussi puisque près de 30 000 enfants échappaient à l’école maternelle en métropole et sans doute davantage outre-mer. C’est cet idée de scolariser tous les enfants à 3 ans qui a été mise en avant avec la loi Blanquer.
Selon une Note de la Depp on assiste pourtant à une chute de 66 500 élèves à l’école maternelle à la rentrée 2020. Certes la démographie y a sa part avec des générations 2015-2018 moins nombreuses qu’avant. Mais l’évolution démographique n’explique pas la totalité de cette chute.
Pour pouvoir achever les dédoublements en CP et Ce1 de l’éducation prioritaire et amorcer la limitation à 24 élèves en GS, CP et Ce1, le ministère a une nouvelle fois ponctionner le nombre de places offertes en TPS, c’est à dire pour les enfants âgés de 2 ans. Cette année ils sont 11 500 de moins à entrer à l’école. Ce n’est pas seulement parce que leur classe d’âge diminue. Leur taux de scolarisation descend à 9%. Il était de 11% en 2019 et de 35% en 2000.
Pour les 3 ans il y a 18 600 enfants de moins à l’école. Là aussi ce n’est pas du qu’à l’évolution démographique. Le taux de scolarité des 3 ans diminue lui aussi un an après l’adoption de la loi Blanquer. La Depp explique cela par l’épidémie de Covid 19 qui inciterait les parents à scolariser plus tard leur enfant. En tous cas la coupure entre le préscolaire et le scolaire pour l’éducation du jeune enfant, qui est une caractéristique française montrée du doigt par l’OCDE, s’agrandit au lieu de se résorber.
A l’école élémentaire les effectifs sont aussi en baisse de 20 000 élèves , principalement en Ce1 et CM1 du fait de l’évolution démographique.
Si globalement le premier degré perd 87 000 élèves, c’est 1.5% d’élèves en moins dans le public et le privé sous contrat. Par contre le privé hors contrat continue sa progression avec une hausse de 1.4% et plus de 50 000 élèves. On notera aussi la baisse continue des effectifs en zone rurale avec un nombre d’élèves par classe significativement moins élevé qu’en zone urbaine.
La Note de la Depp montre aussi des évolutions pédagogiques notables. Dans les écoles non prioritaires plus de la moitié des classes sont multi-niveaux alors que ce sont seulement 6 à 10% des classes dans l’éducation prioritaire.
Le second degré marqué par la gestion de la crise sanitaire
A cette rentrée 2020 il y a finalement moins d’élèves dans le second degré qu’attendu. On attendait 30 à 40 000 élèves en plus. Finalement ils ne sont que 10 000.
Au collège on compte 16 000 élèves de plus pour des raisons démographiques. Mais on observe un recul de 11 000 élèves en 6ème en lien avec la hausse des redoublements en Cm2. Inversement le taux de redoublement en 3ème a été très bas, peut-être en line avec les perturbations liées au Covid19.
Au lycée on compte finalement 8000 élèves de moins qu’en 2019. En 2de générale et technologique on a 12 000 élèves de plus , le taux de passage de 3ème vers la 2de ayant augmenté de deux points. C’est lié à la baisse du taux de redoublements en 3ème mais aussi à la réforme du lycée.
Cette réforme a brouillé les cartes pour l’orientation en fin de 3ème. Cela se voit par la baisse des orientations vers l’enseignement professionnel en fin de 3ème qu’il s’agisse de la seconde professionnelle ou de l’apprentissage. Les discours ministériels sur le renouveau du professionnel et la progression de l’apprentissage sont démentis par les chiffres.
Il est probable que le brouillage des cartes se lit dans une baisse des orientations vers l’enseignement technologique. Mais la Note Depp agglomère le général et technologique et ne permet pas de les distinguer. Une autre note sur les spécialités choisies ne donne de chiffres que pour la filière générale…
S’il y a 12 000 élèves de plus en 2de il y a par contre 21 000 élèves en moins en terminale. C’est le résultat de la façon dont le bac a été géré en juin 2020. Il y a beaucoup moins de redoublants en terminale. Ce n’est pas pour autant que ces jeunes aient trouvé la place qu’ils souhaitaient dans le supérieur.
Le lycée professionnel voit son effectif augmenter en 2020 de 1400 élèves. Mais ce n’est pas par un attrait renouvelé vanté par le ministre. En fait il y a moins d’élèves cette année en 2de pro et 1ère année de CAP. Ce sont les sorties en cours de formation en première et 2de année de cap qui ont diminué.
Enfin là aussi la Depp note un recul du public dans le 2d degré (-11000) et une hausse du privé (+3000). Il n’y a pas de regain de l’école publique en 2020.
F Jarraud