C’est maintenant officiel. La Depp publie les résultats définitifs du brevet 2018. Ceux ci sont marqués par le triple échec de la nouvelle formule de l’examen mise en place en octobre 2017. Un examen qui fait échouer davantage de candidats, qui est marqué par de fortes inégalités sociales et qui demande des semaines de travail pour un diplôme inutile. Quel échec !
Le premier échec c’est le recul du taux de réussite qui baisse de deux points aussi bien au brevet « normal » qu’au diplôme professionnel. Le brevet devrait marquer simplement la réussite aux compétences attendues en fin de collège et donc être largement réussi. Or la nouvelles formule faut régresser le taux de reçus sans qu’on sache davantage ce que savent faire les candidats.
Car le deuxième échec c’est sa complexité renforcée depuis octobre 2017. A l’origine de la réforme de 2017, la volonté de revenir sur la situation absurde crée par la réforme précédente. Après celle ci la majorité des candidats arrivait aux épreuves finales avec suffisamment de points pour avoir déjà le brevet. Cette situation étrange résultait de l’absence de choix par le ministère entre deux formules d’examen. Le brevet est il un diplôme délivré par un examen final ou correspond il à la validation du socle commun ? Faute d’avoir choisi, avant 2017 le ministère avait privilégié la validation du socle et la plupart des élèves avaient assez de points pour avoir le brevet avant les épreuves finales. Conséquence : celles ci ne comptaient que pour les élèves les plus faibles qu’elles éliminaient… En octobre 2017 le nouveau ministre veut renforcer l’examen sans revenir sur le socle. Le balancier repart dans l’autre sens. JM Blanquer prolonge la vie du monstre à trois têtes dans une formule où il y a validation du socle, épreuve orale et examen classique avec un poids plus lourd accordé à certaines disciplines. Au final personne ne veut de ce monstre administratif qui est massivement rejeté par le CSE le 19 octobre. Mais JM Blanquer n’écoute pas et impose son projet.
Le troisième échec c’est que cet examen entretient les inégalités sociales. » La série présentée au DNB est très marquée socialement et scolairement, tout comme la réussite à l’examen. 63 % des candidats de la série professionnelle ont du retard dans leur scolarité lorsqu’ils se présentent à l’examen », écrit la Depp. « C’est le cas de 12 % des candidats de la série générale. En termes de réussite, 97 % des enfants issus d’un milieu très favorisé réussissent leur examen contre 79 % des enfants issus d’un milieu défavorisé, soit près de 20 points d’écart ».
Le bilan c’est l’écart entre la complexité du monstre bureaucratique issu de la décision d’octobre 2017 et son utilité sociale. Faute d’avoir tranché entre examen final et validation du socle, le brevet version 2017 demande les deux dans une formule que seul le futur bac va dépasser en complexité. Le résultat se lit cette année avec une baisse de 2 points du taux de reçus. Le brevet nécessite des semaines de préparations et il obère une bonne partie du mois de juin. Et tout ça pour quoi ? Pour un examen qui n’a pas d’utilité par rapport à l’orientation, décidée sur la seule vue du socle. Et qui n’en a pas non plus pour la société où il ne jouit d’aucune reconnaissance. Sa seule utilité semble être d’entretenir la méfiance envers l’école et l’apprentissage précoce des inégalités sociales. Est-ce la raison du maintien de ce monstre inutile ?
F Jarraud