Par François Jarraud
« Le bac a-t-il encore un sens? » interroge un quotidien du matin. Pour un million d’élèves c’est l’événement de l’année et une étape importante dans leur vie. Pourtant, chaque année, le marronnier du « bac au rabais » revient dans les médias. Cette régularité n’arrive pas par hasard. Rien n’est plus politique et social que la question du bac.
Le bac est-il donné à tout le monde ? C’est ce que laissent entendre des médias qui glosent sur le taux de réussite de 80%. Il a même atteint 86 % en 2009. Est-ce à dire que le diplôme est donné à tous ? Remarquons d’abord que ceux qui tiennent ces propos ont obtenu leur bac à une époque, dans les années 1970, où le taux de réussite oscillait entre 65 et 70%. C’était déjà un taux élevé qui tient à deux raisons. La première c’est que cet examen sanctionne un niveau moyen de fin d’étude. Ce n’est pas un concours. On peut attendre du système éducatif qu’il assure 80% de réussite comme il assure 90% pour les compétences en maths ou français en fin de primaire ou de collège. Ce taux est d’autant plus facile à attendre qu’en fat la sélection a lieu avant le bac. Ce taux de 80% cache que seulement 63,8% d’une génération obtient le bac. Un jeune sur trois quitte l’école sans le bac. Ce taux de réussite n’est pas seulement faible. Il est stable depuis 1995 où déjà on atteignant 63%. Pire il est en baisse légère mais régulière depuis 3 ans. C’est d’ailleurs la même chose pour le taux d’étudiants.
On observe également de forts écarts entre groupes sociaux : le taux de réussite au bac est de 90% pour les élèves dont les parents sont cadres, 86% pour les professions intermédiaires, 83% pour les employés et 76% pour des parents ouvriers. On observe également un fort écart entre sexes : 81% des garçons sont reçus contre 85% des filles. Ce taux cache en fait un écart trois fois plus grand : 70% des filles d’une génération seront bachelières contre 58% des garçons.
Trop de diplômés ? Dans l’intérêt général, si on veut avoir par exemple une économie plus compétitive, on devrait plutôt s’inquiéter de la faiblesse de ces taux. Mais il y a une explication à cette attitude malthusienne. Ce qui défrise dans un fort taux de réussite au bac c’est quand même que certains qui n’y arrivaient pas y arrivent. Or on sait bien que statistiquement on a d’autant plus de chances de réussir le bac que l’on est issu d’un milieu favorisé. L’élévation du taux de réussite au bac renvoie à sa démocratisation. Ce n’est pas tolérable pour tout le monde… Ceux qui critiquent le bac rêvent d’un examen d’entrée en université qui garantirait à leurs enfants, seuls capables déjà de payer les frais d’examen, le monopole des études supérieures.
La France a-t-elle davantage de bacheliers que ses voisins ? Dans tous les pays de l’Union européenne, un document certifie la fin de l’enseignement secondaire Selon les statistiques de l’Unesco, le taux brut de diplômés de fin du secondaire s’établit à 51% en France contre 92% en Finlande, 73% aux Etats-Unis, 74% en Italie. Le taux brut de diplômés du supérieur est à 38% en France contre 62% aux Etats-Unis, 74% en Finlande, 55% en Italie.
Faut-il réformer le bac ? Les mêmes critiques font campagne pour une réforme du bac. A vrai dire ils ont des arguments. Le bac est une machine colossale et couteuse. Et d’ailleurs la RGPP a fixé comme objectif des économies sur son organisation. Le Figaro rappelle que quelques épreuves seulement sont prédictives du résultat pour 90% des candidats. Enfin R Apparu, dans son projet de réforme du lycée, demande une simplification du bac. 4 disciplines seulement resteraient matière à contrôle final. Si elle apparaît logique, la réforme proposée semble surtout susceptible d’augmenter l’injustice. En effet on sait, depuis les travaux de D. Oget, que si le bac était passé au contrôle continu les résultats finaux seraient largement différents. Le fait qu’au bac on corrige une copie anonyme augmente les chances de certains candidats : les garçons, les jeunes des milieux populaires. R Apparu ne demande d’ailleurs pas de contrôle continu mais un CCF où les élèves seraient notés par un professeur qui ne serait pas son professeur.
Mais pour bien estimer si le bac a de la valeur, voyons ce qu’il coûte à celui qui ne l’a pas. Si en France personne ne s’est attaché à ce calcul, le caractère pragmatique des Anglo-Saxons nous permet de trouver plusieurs études en ce sens. La plus récente provient de l’Alliance for Excellent Education (AEE) , une association charitable qui milite pour la scolarisation. Pour elle « tout le monde bénéficie des progrès de qualification ». Elle a pu calculer la différence de salaire entre un bachelier et un non bachelier (26 923 $ contre 17 299) et partant de là estimer le manque à gagner collectif : si tous les jeunes Américains de 2008 avaient poursuivi leurs études jusqu’au bac, ils auraient apporté 319 milliards de dollars en plus à l’économie américaine durant leur vie. Mais puisque les diplômés vivent plus longtemps, deviennent des citoyens plus posés, L’AEE estime également d’autres retombées : « les économies régionales et locales souffrent plus quand elles ont des populations moins éduquées car il leur est plus difficile d’attirer des investissements. En même temps elles dépensent davantage en dépenses sociales ». L’AEE a pu calculer qu’en poussant tous les Américains jusqu’à la fin des études secondaires, l’Etat économiserait de 8 à 11 milliards chaque année en aide sociale, 17 milliards en aide médicale. Si le taux de sortie sans qualification des garçons baissait de seulement 5% cela représenterait 5 milliards de dépenses policières en moins. Vendredi dernier la valeur du bac ne faisait aucun doute pour trois lycéens d’Argenteuil (95) qui ont tenté de dérober les sujets dans le coffre de leur lycée.
Oui mais comment augmenter la part des bacheliers ? Comment faire ? Ce n’est pas à Neuilly qu’on pourra l’augmenter significativement. Il faut évidemment aller chercher les nouveaux bacheliers là où ils sont : dans les ghettos défavorisés. Il faut que dès la maternelle, dès deux ans, il y ait un effort important de fait pour ces enfants. Or on sait que la scolarisation à deux ans régresse justement dans ces quartiers. Il faut, nous dit T Pickety, réduire le nombre d’élèves par classe significativement en ZEP. Or, là aussi, on sait que la réduction est marginale. Mieux que la prédiction du résultat à partir de certaines matières, on peut déjà prédire que le taux d’échec ne sera pas le même si l’on est fils de cadre ou d’ouvrier. C’est justement cela qu’il faudrait changer.
Les chiffres du bac
http://media.education.gouv.fr/file/06_juin/19/3/Baccalaur[…]
Pour une rétrospective du bac
http://media.education.gouv.fr/file/48/6/5486.pdf
Inflation scolaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/11032007Artic[…]
Le devenir des bacheliers
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni/ni2005/ni0519.pdf
Que faire sans le bac ?
http://www.cidj.com/Viewdoc.aspx?docid=775&catid=4
Les statistiques Unesco
http://www.uis.unesco.org/TEMPLATE/pdf/ged/2006/GED2006_fr.pdf
Le ministère a publié les résultats du bac 2009. Avec 86% de reçus, le bac fait un bond de presque 3% par rapport à 2008. Ce bond est uniquement du à un meilleur taux en bac professionnel.
En effet avec 87,1% de reçus, les bacheliers professionnels voient leur taux de réussite progresser fortement : il était de 77% en 2008. On compte 86,8% de reçus dans les secteurs tertiaires et industriels et 89,2% en production agricole. La nouvelle épreuve de rattrapage, contestée par trois syndicats, explique-t-elle cette progression ? Elle ne suffit pas à expliquer la hausse puisqu’on comptait déjà 81% de reçus à l’issue du premier groupe d’épreuves.
Les bacs généraux stables. Le bac L compte 87,1% de reçus (86,2 en 2008), la série ES 88,5% (86,8%) et la série S 89,6% (89,2).
Une interrogation sur le bac ST2S. Pour les bacs technologiques, le pourcentage de reçus diminue globalement du fait du mauvais résultat de la série ST2S. Il y a 78,7% de reçus en STI (78,2), 86,7% en STL (85,8), 81,2% en STG (80,2) mais seulement 74% au nouveau bac ST2S (82,6% pour l’ancien bac SMS).
Une progression significative ? Au total le taux de bacheliers connaît une augmentation sensible passant de 63,8% en 2008 à 66,4% en 2007. C’est d’autant plus remarquable qu’il était stable depuis le milieu des années 1990 (avec un maximum à 64,3% en 2006). C’est évidemment une bonne nouvelle si la France veut atteindre l’objectif européen de la moitié d’une tranche d’âge admis dans l’enseignement supérieur. La France compte environ 18 000 bacheliers de plus et on pourrait peut-être voir le nombre d’étudiants, à la baisse depuis plusieurs années, se redresser en 2009.
L’effort est-il suffisant ? Surement pas pour atteindre un taux de diplômés du supérieur comparable à celui des pays les plus développés. Récemment la commission Legendre affirmait que « le nombre de bacheliers (est) encore trop insuffisant en France… La proportion de bacheliers dans une génération est nettement plus faible qu’elle ne l’est en moyenne dans les pays de l’Ocde ». Or une grande partie de ces bacheliers se dirigera vers des formations supérieures courtes, asséchant les formations longues. Malgré les réformes récentes, le taux d’échec dans le supérieur devrait rester élevé. Seules une véritable lutte contre le décrochage scolaire et une réforme audacieuse du lycée pourraient amener la France au niveau des pays innovants. En prend-on le chemin ?
Résultats 2009
http://www.education.gouv.fr/cid28893/baccalaureat-2009-res[…]
Faut-il refuser le rattrapage aux candidats du bac pro ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/07/020[…]
Résultats Bac 2008
http://www.education.gouv.fr/cid26581/resultats-definitifs-d[…]
Réformer le bac
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2009/bb0[…]
Bac ST2S : Que se passe-t-il ?
Dans la filière médico-sociale, on est passé de 83 à 74% de reçus. La première fournée du nouveau bac ST2S, qui remplace le bac SMS, n’est pas réussie. Nous avons demandé à Martine Lemoine, professeur de sciences médico-sociales, son sentiment sur cette évolution négative. Pour elle, ce mauvais chiffre renvoie à l’orientation des élèves : « depuis deux ans, nous nous battons pour faire reconnaître l’évolution de la série : le passage d’un baccalauréat SMS à un baccalauréat ST2S n’est pas un simple jeu d’affichage, il s’agit d’une réelle mutation ».
Le reportage du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/07/BacST[…]
Un record peut en cacher un autre. Année exceptionnelle pour le taux de reçus au bac, 2009 est aussi l’année du creusement des inégalités. Une Note d’information ministérielle revient sur les taux de réussite en apportant pour la première fois des résultats par bac et par académie. On savait que de forts écarts existaient entre les bacs. Ce que montre cette note c’est le creusement des inégalités entre académies.
Créteil, un pays du Tiers-Monde ? Pour les bacs technologiques, l’écart entre les taux de reçus des académies la plus haute et la plus basse en métropole est passé de 16 à 18%. Créteil compte seulement 69% de reçus quand Nantes en compte 87%. C’est pour le bac ST2S que l’écart est le plus important : 90% de reçus à Strasbourg, 52% à Créteil. C’est presque du simple au double ! 52% c’est un taux digne d’un pays pauvre ! Il est d’autant plus intéressant d’observer que pour les bacheliers généraux celui-ci a diminué. Il était de 12% en 2008, entre l’académie métropolitaine la plus faible et la plus haute. Il n’est plus que de 11% en 2009.
Emettons deux hypothèses. Plus une académie connaît une situation sociale difficile plus, elle décroche. Cela concerne particulièrement les bacs technologiques parce qu’ils sont marqués sociologiquement. Les nouvelles épreuves mises en place en STG et surtout en ST2S aggravent les écarts sociaux. Dans une France où 66% d’une tranche d’âge a le bac, ces jeunes sont encore davantage marqués. Est-ce une bonne politique éducative ?
Résultats bac 2009
http://www.education.gouv.fr/cid28894/resultats-provisoires-d[…]
86% de reçus au bac 2009, c’est trop ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/07/150720[…]
Bac St2s que se passe-t-il ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/07/150720[…]
Il y a-t-il une vie après le bac ?
Alors que les candidats vont chercher leurs résultats, il n’est pas mauvais de mettre en perspective l’après-bac, avec une pensée spéciale pour les recalés.
Que deviennent les bacheliers ? Juste après le bac, 88% des bacheliers poursuivent leurs études. Un an plus tard, 93% de ceux-ci continuent leurs études. Mais tous ne rencontrent pas les mêmes difficultés selon une étude ministérielle. Si 3% seulement des étudiants en STS se réorientent au bout d’un an, c’est le cas de la moitié des élèves des prépas littéraires ou de 16% des étudiants en université. Comment expliquer ces décalages ? Le type de bac joue fortement : ainsi en université 83% des bacheliers généraux ne changent pas d’orientation à la fin de la première année, contre la moitié des bacheliers technologiques ou professionnels.
Comment l’expliquent-ils ? Plus d’un étudiant en université a du mal à s’organiser dans son travail et un sur trois manque d’intérêt pour les matières étudiées. Ces facteurs d’échec viennent bien avant les difficultés matérielles. On mesure là l’importance de dispositifs comme les TPE qui justement apprenaient à s’organiser (ça va être beaucoup plus difficile sur une seule année !) et à dégager du sens dans les disciplines. Mais l’encadrement est aussi en cause. Ainsi seulement un étudiant en université sur cinq trouve du soutien pédagogique dans l’établissement.
Que devient-on sans le bac ? Sans le bac, il reste des solutions ! Outre le redoublement et la préparation à distance, il est possible de préparer un bac professionnel, de choisir l’alternance, ou d’entrer en fac sans bac avec le DAEU.
Après le bac
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni/ni2005/ni0519.pdf
Que faire après le bac
http://www.education.gouv.fr/cid24150/que-faire-apres-l[…]
Le Guide du bac 2009
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/bb09_Acc[…]
Que faire quand on a pas le bac ? Le DAEU
http://sqr.onisep.fr:8080/faqsqr/template.do;jsessioni[…]
Quelle épreuve attend les élèves à a fin de l’enseignement secondaire général en Europe ? Dans tous les pays de l’Union européenne un certificat est délivré aux étudiants qui terminent l’enseignement secondaire supérieur général et qui ont satisfait aux exigences requises.
Dans de nombreux pays, l’obtention du certificat est liée à la fois aux résultats de l’épreuve finale et au travail de la (des) dernière(s) année(s).En Espagne et en Suède, le certificat est délivré uniquement sur la base de l’évaluation continue de la (ou des) dernière(s) année(s) du secondaire. Dans la majorité des pays, l’épreuve finale est composée de deux parties, l’une écrite, l’autre orale. Mais en Grèce, à Chypre, en Lituanie, au Portugal, en Finlande, en Bulgarie, elle est exclusivement écrite. A ce niveau d’enseignement, l’épreuve écrite est très fréquemment mise au point par un organe externe à l’établissement.
En Belgique, en Islande, en République tchèque et en Slovaquie, cependant, l’épreuve finale écrite est réalisée par un enseignant ou une équipe d’enseignants de l’établissement. En Autriche, le président de la commission d’examen choisit les questions à poser parmi celles rédigées par les enseignants de l’établissement. En Grèce et au Portugal, les étudiants sont soumis à deux épreuves écrites, l’une interne et l’autre externe.
Selon le pays, la note finale est attribuée soit par un jury ou par des personnes extérieures à l’établissement, soit par les enseignants de l’établissement qui décident de la note attribuée et de la délivrance du certificat. En Finlande, pour l’obtention du certificat basé sur l’épreuve externe écrite (matriculation examination), l’évaluation est d’abord menée par les enseignants puis par un organe externe, le Matriculation Examination Board. Au Luxembourg et dans la majorité des nouveaux Etats membres, les examinateurs externes attribuent la note finale en tenant compte des résultats obtenus à l’épreuve externe et du travail de l’année. Enfin, au Danemark, en Allemagne et en Norvège, le certificat mentionne à la fois les notes obtenues à l’épreuve finale (pour les matières présentées) et les résultats du travail de l’année ou des dernières années (pour les autres matières ou pour toutes les matières). Aux Pays-Bas, la note finale est la moyenne des résultats obtenus aux deux épreuves, interne et externe. En Estonie, les épreuves externes sont corrigées par les examinateurs externes. En Lettonie et en Lituanie, des examinateurs externes établissent la note pour les matières évaluées lors des examens centralisés et, pour les autres matières, les enseignants corrigent les épreuves sur la base de critères établis par un organe externe
Dans tous les pays européens, les filles sont plus nombreuses que les garçons à se voir délivrer un diplôme de l’enseignement secondaire général : le rapport moyen est de 139 diplômées pour 100 diplômés.
Plus de 76 % des jeunes européens de 20 à 24 ans ont achevé avec succès l’enseignement secondaire. Le pourcentage est encore plus élevé dans les nouveaux États membres: il représente 87 % de cette classe d’âge. La situation au sein de l’Europe est assez homogène. En effet, seuls trois pays enregistrent un taux inférieur à 60 % (Malte, Portugal et Islande) et trois pays ont un taux supérieur ou égal à 90 % (République tchèque, Slovénie et Slovaquie). Mais 35% des jeunes n’a pas un diplôme suffisant pour accéder à l’enseignement supérieur. L’Estonie, Chypre, l’Autriche, la Finlande, la Suède et la Norvège enregistrent la proportion la plus faible. A contrario, au Luxembourg, à Malte, au Portugal et en Islande, la proportion des 20-24 ans n’ayant pas le niveau de qualification requis pour intégrer directement l’enseignement supérieur dépasse 55 %.