Selon les indications données par le ministère et les syndicats, la mobilisation du 9 mai devrait être moins importante que celle du 19 mars. Un paradoxe alors que de nombreux écoles et établissements sont mobilisés contre la loi Blanquer et les réformes des lycées et que la réforme de la Fonction publique est annoncée au Parlement. JM Blanquer souligne cette faiblesse syndicale.
De 15 à 30% de grévistes
Selon JM Blanquer 15% des enseignants du premier degré devraient faire grève le 9 mai et « moins » dans le second. Le Snuipp Fsu annonce de son coté « un enseignant sur trois » en grève dans le premier degré. Pour les uns et les autres ces chiffres sont inférieurs à ceux de la journée du 19 mars. Ce jour là on comptait 24% de grévistes dans le 1er degré et 9% dans le second selon le ministère et environ 50% dans le premier selon le Snuipp.
Dans le premier degré on devrait atteindre 40 à 50% de grévistes dans les Bouches du Rhône, la Côte d’Or, la Creuse, Paris, la Drôme, la Haute Garonne, les Vosges et la Seine Saint-Denis, selon le Snuipp.
Retrait…
Les enseignants sont pourtant face à deux projets de loi qui les concernent directement et qui devraient entrer en application dès 2019. La loi Blanquer attaque leur liberté d’expression et met les enseignants du 1er degré des EPSF sous l’autorité d’un principal de collège. Les sénateurs veulent ajouter au texte d’autres mesures comme faire du directeur le supérieur hiérarchique des professeurs, rendre la formation continue obligatoire sur le temps des congés ou contourner la procédure d’affectation. La loi sur la fonction publique va retirer aux commissions paritaires leur pouvoir d’intervention sur le mouvement et l’avancement. Chaque enseignant devra se battre seul si ses droits ne sont pas respectés. Elle va aussi généraliser la contractualisation.
Comment expliquer cette baisse du taux de grévistes en un moment aussi critique ? Le Snuipp Fsu met en avant les promesses du ministre et du président. » La forte grève dans les écoles le 19 mars, la journée du 30 mars qui a réuni plus de 60 000 manifestants, la journée de grève du 4 avril, les multiples mobilisations locales avec les parents, ont poussé Emmanuel Macron et son ministre de l’Éducation à vouloir désamorcer les mobilisations », explique le Snuipp qui évoque les courriers adressés par le ministre aux enseignants et les annonces présidentielles.
Ou nouvelles formes ?
Or, « les annonces sur les effectifs des classes reposent pour l’heure sur des moyens insuffisants. Les 6 000 emplois supplémentaires promis ne correspondent qu’à la moitié des besoins. Les annonces de revalorisation ne sont accompagnées d’aucune mesure précise pour améliorer les salaires des enseignants qui sont parmi les moins bien payés des pays de l’OCDE », rappelle le Snuipp Fsu.
Mais il y a aussi l’usure d’un mouvement long. De nombreuses écoles et établissements ont déjà accumulé les journées de grève depuis le début de l’année. On voit le mouvement prendre de nouvelles formes. « En Seine-Saint-Denis, la mobilisation prend des formes multiples, et de très nombreux parents d’élèves s’y impliquent, proposant et organisant des actions variées », explique R Schneider du Snuipp 93. Elle cite les réunions publiques parents / enseignants, les « écoles mortes », des manifestations le samedi.
De son coté le ministre de l’Education nationale se réjouit de cette situation sur Europe 1 le 8 mai. « Nous avons eu les plus faibles taux de grévistes de l’histoire de l’Education nationale au cours des deux dernières années », déclare le ministre. Il promet une nouvelle fois une revalorisation des enseignants à venir « au cours des prochains mois ». Pourquoi faire plus ?
François Jarraud