Par Monique Royer
Les mauvaises nouvelles pleuvent sur l’enseignement agricole. Un jour on devine entre les lignes de la circulaire de préparation de la rentrée des suppressions de classe, de postes , des regroupements d’établissements. Un autre, on apprend, par la voie de l’autorité académique qu’une baisse des dotations horaires de 3% sera appliquée pendant cinq ans. Le rapport budgétaire sur l’éducation présenté au Sénat se réjouit de la qualité de l’enseignement agricole tout en prônant une rigueur budgétaire sur l’enseignement public. Et puis, cerise sur le gâteau, arrive l’annonce des Bac Pro en trois ans. L’enseignement agricole étant un enseignement professionnel, il est de plein fouet touché par ce missile : que vont devenir les Bep Agricoles ?
Les attaques sont ciblées mais leur provenance varie : ministère de l’agriculture, autorité académique régionale ou encore pouvoir législatif. La mobilisation est aussi éparse : on réagit, dans les conseils d’administration des établissements, dans les réunions paritaires, dans des lettres ouvertes, sur le net. A Rivesaltes, un site est mis en ligne pour protester contre la fermeture de classes dans deux établissements. Pour mettre en musique ces réactions une semaine de mobilisation est annoncée du 10 au 14 décembre avec comme point d’orgue un rassemblement le vendredi à Paris sous les balcons de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche.
Pourquoi ces attaques, répondent elles à une stratégie réfléchie ou sont elles le résultat d’une recherche effrénée d’économies ? On y comprend goutte. L’enseignement agricole traite des questions vives de notre société : le développement durable, l’alimentation, la gestion de l’eau ou à fortiori les modes raisonnées d’agriculture. Ses pratiques pédagogiques sont reconnues. Au Sénat, il a été déclaré « L’enseignement agricole a été une nouvelle fois présenté comme une illustration particulièrement remarquable des résultats que pouvait atteindre le système scolaire lorsqu’il mobilisait tous ses acteurs autour d’un projet clair et fédérateur, fondé en particulier sur le souci de répondre aux besoins, aux attentes et aux problèmes singuliers connus par chaque élève. » Ce sont les rapporteurs du projet de loi de finances pour l’éducation en 2008 qui le disent. Alors pourquoi ces attaques?
Peut-être parce qu’il est petit et divisé, donc plus difficile à défendre. Petit , avec 175 000 élèves dans 847 établissements, il équivaut à une petite académie. Divisé, les élèves se répartissent pour à peu près 60% dans le privé et 40% dans le public. Les personnels des établissements publics dénoncent les restrictions accentuées pour leur secteur tandis que ceux du privé réclament plus de moyens. Déjà que sa taille ne le prédispose pas à une exposition médiatique importante, la division de ses troupes entre public et privé offre peu de chances à l’enseignement agricole d’attirer l’attention sur lui. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de penser qu’il sert à nouveau de laboratoire, pas pédagogique cette fois, mais politique. Il serait temps que le monde de l’éducation nationale s’intéresse à ce qui se passe chez son petit frère de l’enseignement agricole, avant que les missiles n’ait détruit cette belle frégate et s’attaquent ensuite plus sérieusement au navire amiral.
Les inquiétudes de l’enseignement agricole
Le rapport du Sénat pour le budget de l’éducation 2008
http://www.senat.fr/rap/a07-092-5/a07-092-560.html#toc473
La mobilisation à Rivesaltes
http://sosenspublagri66.wordpress.com/
L’appel intersyndical à la mobilisation