FSU et Se-Unsa soulignent les limites de la proposition de loi sur les séparatismes présentée par E Macron. Tous deux dénoncent par exemple la complaisance envers l’enseignement privé qui est lui aussi religieux. Anne Coffinier prend la défense des écoles hors contrat et dénonce un amalgame.
« La diversité culturelle n’est pas une menace. C’est quand la République se détourne des réalités sociales, qu’elle laisse perdurer ou s’amplifier les inégalités et les discriminations facteurs d’exclusion, que s’installe le terreau favorable à la remise en question de la laïcité et du vivre ensemble », estime la FSU, première fédération syndicale de l’éducation. « Si l’instrumentalisation du fait religieux existe, les usages radicaux et politiques de la religion ne relèvent pas uniquement de l’islamisme. Les réseaux liés à l’intégrisme chrétien ou à des sectes au sein de nombreux secteurs sont passés sous silence, peut-être parce qu’ils sont parfois ancrés dans les sphères de décision ». Pour la FSU, cette loi vise surtout à lancer une campagne électorale. « L’ensemble du discours présidentiel s’inscrit en droite ligne de celui de son ministre de l’Intérieur pour préparer les futures élections présidentielles en instrumentalisant la laïcité ».
Le Se-Unsa se déclare favorable mais avec réserve aux mesures sur l’instruction à domicile. « Cette disposition est susceptible de protéger un grand nombre d’enfants instruits en deçà des standards éducatifs, d’autant que l’administration de l’Éducation nationale manque actuellement cruellement de moyens pour mettre en œuvre la totalité des contrôles règlementaires… Cette mesure, dont la constitutionnalité et la conformité au droit européen restent à démontrer au regard du principe de liberté d’enseignement, devra, pour ne pas en rester à un effet d’annonce, être assortie d’un correctif au projet de loi de finances 2021. En effet, celui-ci ne prévoit actuellement pas d’augmentation de postes d’enseignants et de personnels éducatifs pour accueillir les élèves concernés ». Mais le Se-Unsa souligne les limites du projet de loi. « Bien qu’il soit nécessaire de s’attaquer à l’islamisme radical, il ne faudrait pas que ce réveil républicain annoncé par le président de la République ne s’opère à l’encontre que d’une seule religion, tout en prolongeant l’assoupissement et le laisser-faire vis-à-vis d’autres… Comment comprendre les regrets quant à la mixité sociale perdue, tout en continuant de la laisser prospérer sans contraintes, notamment à l’École avec le financement public des établissements d’enseignement privé ? »
Educ’France, une structure crée par Anne Coffinier en soutien aux écoles hors contrat craint l’amalgame fait par le président. « Il est urgent de sortir de la confusion sémantique. L’Instruction en famille (IEF) et l’école privée hors contrat sont deux réalités distinctes, dûment prévues par la loi et encadrées précisément. Rien d’illégal, rien de clandestin à cela. Seulement des propositions éducatives plus souples, dans le contexte d’un système scolaire public qui s’est beaucoup rigidifié et qui ne correspond pas à tout le monde… Il est temps de cibler les contrôles sur ceux qui se mettent hors cadre, et non pas de resserrer le cadre sur ceux qui le respectent déjà.Rappelons tout de même que l’essor des écoles privées hors contrat et de l’instruction en famille provient notamment de ce que l’école publique, telle qu’elle se trouve actuellement, ne convient hélas pas à tous les enfants, et que l’école privée sous contrat n’est pas autorisée à se développer par l’Etat. Tirer sur l’école à la maison ou sur les écoles privées hors contrat, c’est tirer sur l’ambulance ».