Par François Jarraud
En hommage à un didacticien puissant et élégant.
« Il y a une ambiguïté fondamentale avec le mot « transmission ». Tout dépend de quoi l’on parle… Il faut toujours revenir à Gaston Bachelard pour qui « l’enseignement des résultats de la science n’est jamais un enseignement scientifique ». On pourrait traduire cela dans le langage contemporain, en rappelant que l’élève ne dispose pas d’un port USB sur sa tempe, qui permettrait une transmission de l’information entre la tête du professeur et la sienne. Apprendre suppose une reconstruction personnelle par chaque apprenant (élève ou adulte) de ce qui a été déjà été construit par les disciplines mais qui lui est encore étranger. Et qui dit re-construction, dit d’abord déconstruction, c’est-à-dire une réorganisation mentale lente et complexe de tout un système de représentations qui vient de loin ».
Il y a quelques mois, Jean-Pierre Astolfi me confiait cette réflexion sur l’apprentissage à l’occasion de la publication de » La saveur des savoirs » (ESF, 2008). Un ouvrage qui montre les puissantes qualités de ce didacticien : une écriture remarquable, dense, claire, témoin d’une pensée ordonnée, riche et profonde. Beaucoup de douceur et de bienveillance aussi. Philippe Meirieu, dans l’hommage qu’il lui rend, évoque à juste titre « une figure de la pédagogie… quelqu’un qui donne à ceux qui se coltinent la tâche d’élever les petits d’hommes, de la lucidité et du courage ». J.-P. Astolfi avait aussi beaucoup d’élégance. Il va nous manquer. Jean-Pierre Astolfi est décédé le 21 décembre 2009.
J.-P. Astolfi dans le Café
http://cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/2008/96_JPAstolfi.aspx
Hommage de P. Meirieu