A l’occasion de la Journée de la laïcité, le 9 décembre, N. Vallaud-Belkacem devrait annoncer de nouveaux contenus pédagogiques pour l’appropriation de la laïcité et la mise en oeuvre de l’enseignement moral et civique pour la prochaine rentrée. Cet enseignement sera-t-il à part ou transversal ? Quel contenus proposera-t-il ? Le Conseil supérieur des programmes a déjà proposé un projet de programme que la ministre devrait valider.
Si l’on en croit RTL, l’enseignement « civique et laïque » traverserait tout le système éducatif, de l’école au lycée mais il deviendrait transversal dans le secondaire. Dans l’entourage de la ministre on dément et on invoque une confusion entre enseignement moral et civique et l’enseignement du fait religieux. Le projet de programme d’enseignement moral et civique remis par le Conseil supérieur des programmes (CSP) cet été, demande « un horaire spécialement dédié ». Même s’il estime que « tous les enseignements doivent être articulés » à cet enseignement.
Le programme du CSP accorde une large place aux références culturelles et à une approche philosophique de cet enseignement. L’instruction civique penchait plutot vers l’institutionnel et le juridique. Les programmes évoquent le vivre ensemble. » L’enseignement moral et civique a pour but de favoriser le développement d’une aptitude à vivre ensemble dans une société démocratique, c’est-à-dire à la fois a)- à penser et à agir par soi-même et avec les autres et à pouvoir répondre de ses pensées et de ses choix (principe d’autonomie) b)- à comprendre le bien-fondé des règles régissant les comportements individuels et collectifs, à y obéir et à agir conformément à elles (principe de discipline) c)- à reconnaître le pluralisme des opinions, des convictions, des croyances et des modes de vie (principe de la coexistence des libertés) ; d)- à construire du lien social et politique (principe de la communauté des citoyens). »
Grand changement aussi dans les méthodes pédagogiques. » Ces valeurs et ces normes ne pouvant se transmettre à l’école que dans des situations pédagogiques et éducatives où elles sont activement impliquées (discussion, argumentation, projets communs, coopération, etc.) », écrit le programme. Alors qu’un récent rapport de l’Inspection montre que la vie démocratique même au lycée est loin d’être atteinte, le programme parle de discussion à visée philosophique, d’apprentissage des « messages clairs », de conseils d’élèves.
Quant à la laïcité, la ministre a infléchi la politique de V Peillon en prenant en compte totalement la décision du Conseil d’Etat alors que son prédécesseur avait prolongé la circulaire Peillon interdisant le port du voile aux parents accompagnateurs. » Le principe c’est que dès lors que les mamans (les parents) ne sont pas soumises à la neutralité religieuse, comme l’indique le Conseil d’Etat, l’acceptation de leur présence aux sorties scolaires doit être la règle et le refus l’exception », déclarait-elle en octobre. Elle ajoutait : » Pour autant, il peut y avoir des situations particulières, liées par exemple à du prosélytisme religieux, qui peuvent conduire les responsables locaux à recommander de s’abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses. C’est un équilibre qui doit être trouvé par les responsables de terrain ». Pour la ministre, la loi de 2004 » est bien acceptée et bien comprise par les élèves et leurs familles. Elle contribue à faire régner, dans les écoles et établissements, un climat apaisé autour de la laïcité ». Cependant elle signalait des « contestations » : « contestations de certains enseignements concernent le fait religieux (refus de visiter des édifices religieux, de suivre un cours sur l’Islam ou un cours de français utilisant comme support la Bible…), la musique (refus de chanter ou de souffler dans un instrument à vent), l’éducation physique et sportive (natation particulièrement), l’éducation à la sexualité, l’histoire de l’évolution (en cours de SVT), le génocide arménien et la Shoah ».
François Jarraud