Le résultat des élections était-il déjà écrit ? Si la loi sur le représentativité syndicale avait comme objectif de favoriser un syndicalisme responsable et de participation, force est de dire qu’elle a échoué. Si la refondation de l’école avait comme mot d’ordre « rétablir la confiance » , les résultats des élections montrent là aussi l’échec. Mais le problème pourrait aussi venir de plus loin…
Le glissement vers l’opposition nette à toute réforme de l’Ecole d’une partie des enseignants est le principal enseignement des élections professionnelles. Deux ans après la Refondation il manifeste le fait que pour le moins elle n’a pas su entrainer l’adhésion des enseignants.
Publiées au printemps 2014, plusieurs enquêtes ont annoncé ce raidissement très net des enseignants. Il faut se rappeler ce que montrait le Baromêtre Unsa, un sydnicat pourtant favorable aux réformes. Selon lui, seulement 21% des personnels sont en accord avec les choix politiques faits dans l’enseignement. 75% des professeurs de lycée et collège, 83% des professeurs des écoles, 81% des directeurs d’école déclarent être en désaccord avec la politique éducative menée actuellement. L’enquête Se-Unsa montre aussi que 54% des enseignants estiment que le métier évolue trop rapidement et 67% sont en désaccord avec cette évolution. Publiée au même moment, l’enquête Talis de l’OCDE montre que seulement 5% des enseignants estiment leur métier valorisé dans la société. C’est le taux le plus faible de l’Ocde.
La Refondation ne s’est pas accompagnée d’une amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants. Leur rémunération ne cesse de baisser du fait du gel du point Fonction publique ce qui ne contribue pas à les mobiliser pour une nouvelle politique éducative. D’autant que les cadres eux se tirent beaucoup mieux du gel salarial à travers de promotions ou même des bonifications indiciaires généreusement accordées par le ministère. Les enseignants n’ont aps vu non plus d’amélioration des conditions d’enseignement. Les postes réellement créés sont destinés à la formation ou compensent mal la croissance démographique en dehors des rares établissements Rep+. Les espoirs mis dans la refonte des programmes ont été déçus : la refonte est à l’ordre du jour mais tarde à arriver. En attendant les débats se multiplient sur l’évaluation, le redoublement, le socle sans que les enseignants aient vraiment le sentiment d’y etre acteurs.
Les élections marquent une division accrue des enseignants. Division entre un pôle réformiste, qui marque le pas, et un pôle qui vit tout changement comme une menace, en progression. Division entre des enseignants, de plus en plus méfiants envers els réformes et les cadres du système, de plus en plus acquis aux réformes.
Si l’on estime que la nécessaire réforme de l’Ecole ne peut pas se faire contre les enseignants, on mesure le travail à accomplir pour rétablir la confiance dans un projet commun. La façon dont sera réglée la question de l’éducation prioritaire sera très révélatrice pour la profession.
F Jarraud