La nouvelle politique d’éducation prioritaire peut-elle réduire l’écart croissant entre le devenir scolaire des jeunes des quartiers populaires et les autres ? Plus généralement, la nouvelle politique de répartition des moyens peut-elle vraiment permettre que » la logique de donner plus à ceux qui ont moins irrigue tout le système » ?
Dès septembre N. Vallaud Belkacem réfléchissait à une nouvelle répartition des moyens qui permettrait de s’attaquer enfin aux inégalités sociales à l’école. Il s’agit à ses yeux de » donner à chaque école et collège les moyens de faire réussir tous les élèves ». Quand elle parle de « rendre ‘l’école plus juste » on sent la même conviction qu’elle met dès qu’il s’agit de l’égalité des garçons et des filles. Issue d’un milieu très modeste, la ministre sait ce qu’elle dit quand elle parle des inégalités sociales à l’Ecole. Le discours est sincère et cette conviction se sent également dans l’entourage de la ministre.
Et il y a dans la nouvelle politique d’éducation prioritaire des points qui accompagnent bien cette exigence. Par exemple le fait que le travail d’équipe ne soit plus une injonction lancée par une institution qui sait très bien qu’elle est impossible à réaliser. En rep les enseignants ont la possibilité réelle de travailler en équipe. Grâce à la pondération. De même l’effort de formation est réel mais on part de tellement bas qu’il faudra des années avant d’avoir le vivier de formateurs suffisant. On peut quand même espérer que la formation se porte sur les difficultés d’apprentissage, un sujet que l’éducation nationale traite fort peu.
Il y a aussi des conditions qui ne sont pas remplies. Les indemnités versées sont trop basses pour inciter des enseignants à aller volontairement en Rep. Ils seront donc toujours alimentés en enseignants par un flux de professeurs débutants généralement peu préparés à ces conditions d’enseignement. La stabilité des équipes, qui est une des clés de la progression des équipes zep, restera fragile. Le ministère s’est interdit la réduction du nombre d’élèves par classe. Pourtant une étude récente publiée par un magazine ministériel montre qu’elle est bine un levier pour diminuer fortement les écarts scolaires.
Un autre élément est la lutte contre la ségrégation scolaire. Pour la ministre dans les inégalités sociales à l’école, « tout le monde est perdant ». Ce n’est pas ce que la recherche dit. La ségrégation scolaire profite aux enfants des plus favorisés. Certains pays, comme le Royaume Uni, ont pris en compte ces inégalités et imposent des critères de mixité. Ce n’est aps le cas dans l’Ecole la plus injuste socialement…
« On ne va pas tout révolutionner d’un coup » », nous a confié une responsable de l’entourage de la ministre. L’engagement du centre a encore un long chemin pour arriver jusqu’au terrain. Le rôle des recteurs sera très important. Mai spartagent-ils la même flamme que la ministre ?
François Jarraud