C’est une leçon qui tombe à point pour les choix éducatifs de N Vallaud-Berlkacem. Alors qu’elle s’apprête à lier les moyens donnés aux établissements en fonction de la lutte contre les inégalités sociales à l’Ecole, l’OCDE démontre que celle-ci est impérative pour retrouver le chemin de la croissance. « Réduire les inégalités de revenus pourrait donner un coup de fouet à la croissance économique », affirme l’Ocde dans une nouvelle étude publiée le 9 décembre. La croissance économique croît plus vite dans les pays où les inégalités de revenus diminuent que dans ceux où les inégalités de revenus augmentent. Le capital scolaire est au coeur de ce processus.
« L’effet le plus important constaté sur la croissance est provoqué par le creusement de l’écart entre, d’un côté, la classe moyenne inférieure et les ménages pauvres et, de l’autre, le reste de la société. L’éducation est la clé : c’est principalement à cause de l’investissement insuffisant des ménages pauvres dans l’éducation que les inégalités pèsent sur la croissance », note l’Ocde. « Ces éléments indiscutables montrent à quel point il est crucial de s’attaquer à l’aggravation des inégalités si l’on veut favoriser une croissance forte et pérenne, et combien il importe de placer cette question au premier plan des débats sur l’action à mener », constate Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE. « Ce sont les pays qui œuvrent à l’égalité des chances dès le plus jeune âge qui parviendront à relever le défi de la croissance et de la prospérité ».
Le creusement des inégalités a coûté plus de 10 points de croissance au Mexique et à la Nouvelle-Zélande ces vingt dernières années, et entre 6 et 9 points aux États-Unis, à l’Italie et au Royaume-Uni. Le même phénomène s’observe en Finlande, en Norvège et en Suède, même si les niveaux d’inégalité étaient moins élevés. À l’inverse, une situation plus égalitaire a contribué à faire progresser le PIB par habitant en Espagne, en France et en Irlande avant la crise. Selon de nouveaux éléments mis en évidence dans ce rapport, les inégalités agissent principalement sur la croissance en limitant les possibilités d’instruction des enfants issus de milieux socioéconomiques modestes, ainsi que la mobilité sociale et le développement des compétences. Les résultats scolaires des personnes dont les parents ont un faible niveau d’instruction se dégradent à mesure que les inégalités de revenu sont plus prononcées. À titre de comparaison, ce n’est pratiquement pas le cas, voire pas du tout, lorsque le niveau d’instruction parental est moyen ou élevé.