Chefs d’entreprise ou chargés d’âmes ? Les jeudi et vendredi 4 et 5 décembre, plus de 200 chefs d’établissements adhérents à l’UNETP (Union nationale des établissements techniques privés), ont réaffirmé leur positionnement au sein de l’enseignement catholique. Le congrès était aussi l’occasion d’aborder la question du numérique et des intelligences multiples.
Pascal Balmand, Secrétaire Général de l’enseignement catholique a rappelé le souhait de la présence des établissements sur l’ensemble du territoire et au service de tous. Bernard Michel, président de l’UNETP a abondé en rappelant que son association allait dans ce sens et en particulier était soucieux d’accueillir tous les publics. C’est en particulier le cas avec le développement des UFA (unités de formation en alternance). Un autre axe de développement est aussi la formation continue, en direction des entreprises. Le changement de mode d’attribution de la taxe d’apprentissage oblige de plus en plus les établissements à se tourner vers les régions qui reçoivent désormais une part de cette taxe et d’autre part pilotent de plus en plus la carte des formations sur leur territoire. Il va de soi que pour l’UNETP ce dossier est très important, car il conditionne les moyens de développement des établissements, tout en restant dans le cadre défini par l’éducation national auquel ils sont associés par contrat.
Ce développement passe aussi par le dynamisme et la créativité des équipes, mais aussi la réflexion sur les valeurs. Un chef d’établissement déclarait qu’il se sent en même temps chef d’entreprise et animateur d’une communauté humaine et que cela peut créer une tension. C’est probablement pourquoi le titre du congrès 2014 était : « Vive les écoles plurielles pour des hommes singuliers ! ». Pour travailler autour de ce thème, deux axes ont été particulièrement présentés : les neurosciences et l’école de demain marquée par le numérique. En abordant la question des intelligences multiples (Howard Gardner) avec un intervenant Québecois, Gervais Sirois, les chefs d’établissements présents ont été invités à réfléchir à la nécessité de dépasser le cadre traditionnel de l’enseignement qui limite son approche à deux formes principales de l’intelligence (langagière et logico mathématique) alors qu’il ignore les autres formes qui pourtant concernent tous les élèves. Pour aborder la question du numérique, outre un dirigeant d’une entreprise mondiale dont le directeur éducation animait un atelier, une consultante et une formatrice venue d’un établissement de la mission laïque aux USA ont évoqué la question sous l’angle de « l’onde de choc pédagogique ». Au travers des quelques réflexions entendues, et relayées par le président de l’UNETP, l’importance de ces deux axes est forte, rejoignant ainsi ce qui se fait par ailleurs dans l’enseignement et les recommandations du ministère pour entrer dans un monde numérique. L’appel à la créativité, présenté ici par l’intervenant Québecois, faisait écho au récent congrès de Doha 2014 sur le même thème.
L’enseignement technique et professionnel n’a pas estompé la question de son appartenance au réseau catholique en abordant la notion de catholicisme social. Pour l’UNETP l’élève doit être « vu comme une personne dans sa globalité » et pas seulement comme un élève dans un système. Passer du siècle des lumières à la fête des lumières (à Lyon) était aussi une des propositions faite aux congressistes. L’idée n’est peut-être pas sans fondement, dans une époque qui n’est pas simple pour les établissements de l’enseignement catholique confrontés qu’ils sont, comme leurs collègues du public, aux évolutions importantes de la société et plus encore, les nouveaux comportements des élèves. Le numérique, ses objets symboles comme les smartphones, était présent dans les mains et les poches des congressistes, de quoi leur rappeler qu’ils doivent vraiment prendre à bras le corps ces questions, souhait des organisateurs de ce congrés.
Bruno Devauchelle