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Le ministre a tenu ses engagements. C’est le message que Vincent Peillon a fait passer le 8 janvier à l’occasion d’un séminaire national de lutte contre le décrochage. Le nombre de décrocheurs remis en formation a doublé en 2013 atteignant 20 000 jeunes. Mais le fléau reste bien présent avec au moins 140 000 jeunes qui quittent l’Ecole sans réelle formation.
En matière de décrochage, la querelle des nombres a à voir avec l’efficacité des dispositifs. Car il faut pouvoir intervenir le plus tôt possible pour enrayer le phénomène. Pour l’éducation nationale, les décrocheurs sont des élèves de 16 à 25 ans qui quittent le système éducatif sans avoir obtenu un diplôme professionnel ou le baccalauréat. L’éducation nationale les estime à 140 000 personnes chaque année ce qui est énorme dans une génération d’environ 800 000 personnes. L’Insee, qui utilise une autre définition arrive à un constat encore plus sombre : » un quart des jeunes entrés en 6e en 1995 n’ont pas terminé avec succès leur formation dans l’enseignement secondaire. Ils sont « décrocheurs » ». Le décrochage est souvent, mais pas toujours, lié à des origines sociales modestes. Il a un coût social faramineux. Le risque de chômage est deux fois plus important pour les jeunes sans diplôme que pour les bacheliers.
Pour Vincent Peillon, « l’approche individuelle des réseaux Foquale doit être étendu à l’Ecole… La philosophie de Foquale est au coeur de la refondation ». Vincent Peillon a rendu le 8 janvier un vif hommage au dévouement des personnels des réseaux Formation Qualification et Emploi (Foquale) qui repèrent et orientent les décrocheurs. Il a saisi l’occasion pour parler prévention et faire de ces réseaux des modèles pédagogiques pour toute l’Ecole. « L’idéal c’est de prévenir. Cela suppose la refondation de l’Ecole avec une école bienveillante qui accorde à chacun l’intérêt nécessaire. C’est un changement d’état d’esprit sur l’élève et la pédagogie ». Le ministre a précisé ce qu’il voulait dire. « Le redoublement n’est nécessaire que dans un quart des cas dans les autres il produit l’échec. On doit apprendre à noter de telle sorte que la notation soit un encouragement pour les élèves et non une occasion de blessure ». Ce discours a été renforcé par un exposé de l’inspectrice générale Anne Armand qui a fait le lien entre les pratiques pédagogiques et la baisse du décrochage.
Vincent Peillon annonce le retour en formation initiale de 34 000 jeunes. 20 000 décrocheurs sont revenus en formation initiale diplômante. 3 000 sont engagés par le Service civique. 11 000 bénéficient d’un parcours de retour en formation accompagné par la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS, ex Mission générale d’insertion). Pour Vincent Peillon c’est le résultat du bon fonctionnement des réseaux FOQUALE créés dans les 360 plateformes déployées sur le territoire national. Ainsi la promesse ministérielle de faire revenir en formation en 2013 20 000 jeunes est tenue et même dépassée. Selon le ministère, les réseaux Foquale auraient contacté plus de 180 000 jeunes en 2013. Un sur 6 aurait été pris en charge.
Le ministre met aussi en avant des dispositifs de prévention. La création d’un référent décrochage dans les établissements les plus exposés en fait partie. « Dès les premiers signes annonciateurs d’un risque de décrochage, ils se mobilisent et coordonnent l’action de prévention menée par les équipes éducatives », affirme une circulaire publiée en avril 2013. « Ils ont également pour mission de faciliter le retour en formation initiale des jeunes pris en charge dans le cadre du réseau FOQUALE ». Au sein de ces réseaux, « après un contact personnalisé dans le cadre de la plateforme de suivi et d’appui aux décrocheurs, un bilan est réalisé par les conseillers d’orientation-psychologues et les personnels de la MLDS. Cet entretien permet d’évaluer les besoins du jeune, ses compétences et son niveau scolaire. À l’issue de cette première phase de positionnement, une solution de retour en formation lui est proposée, soit dans un établissement scolaire, notamment une structure innovante de type « micro-lycée », soit dans un CFA public ou une unité de formation par apprentissage… Le jeune est accompagné par un tuteur de l’Éducation nationale tout au long du parcours de formation ».
Plus discuté, le « dernier mot aux parents » en fin de 3ème est aussi un moyen de lutter contre l’orientation subie. En effet 56% des décrocheurs quittent l’enseignement professionnel souvent suite à une orientation non souhaitée.
François Jarraud
Au BO
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=71326
Les engagements de décembre 2012
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/12/05122012Artic[…]
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« C’est quoi un pays qui est incapable d’assurer à un quart de sa jeunesse un avenir décent ? Si on laisse 150 000 jeunes dans cette situation, que va-t-il advenir de notre pays ? » En décembre 2012, ces mots de Vincent Peillon sonnaient l’alarme. Selon le ministre, la lutte contre le décrochage doit « mobiliser la Nation ». Mais, même si les causes du décrochage scolaire sont multiples, c’est bien d’abord l’Ecole qui est en cause. Le décrochage, c’est notre affaire.
Les jeunes qui décrochent ont souvent de bonnes raisons de le faire. Dans une partie des cas elles sont exogènes à l’Ecole. Ils partent travailler, par exemple, voire travailler pour leur famille. D’autres quittent l’Ecole pour des raisons psychologiques. Dans tous les cas , le décrochage est une rupture avec son environnement social, classe d’âge et/ou parents.
Mais l’Ecole y a aussi sa part. Les difficultés scolaires apparaissent tôt, souvent dès la grande section de maternelle. Les écarts se creusent nettement à l’école primaire où l’enfant apprend qu’il « n’est pas bon ». L’école a du mal à y remédier et quand l’enfant passe au collège ses chances de résoudre ses difficultés sont minces. Globalement chaque acteur, l’école puis le collège, fonctionne comme s’il creusait l’écart entre les élèves en difficulté et les autres au lieu de le refermer. Pour le jeune, c’est manifesté par de mauvaises notes et, on le sait, souvent par le sentiment d’être délaissé par l’enseignant qui, poussé par l’idée de faire avancer la classe, va moins souvent le solliciter. C’est ainsi que la difficulté se transforme en échec. Et quand celui-ci s’installe, à travers le redoublement par exemple, le décrochage « passif » ou actif s’annonce. Il est aussi parfois accéléré par une offre éducative inadaptée qui au moment de l’orientation fait craquer un tissu relationnel devenu bien mince.
La classe y participe. Il y a un style d’enseignement, une certaine efficacité, des routines d’enseignement qui poussent à la marginalisation et à la mise à l’écart des élèves faibles. Il y a aussi un style qui ne génère pas d’empathie et de sympathie et qui laisse flotter un relationnel amer dans les établissements. Il ne suffit pourtant pas de demander aux enseignants d’en prendre conscience. Il faut aussi que cette culture du mépris ne soit pas celle de l’institution et que les conditions de son exercice permettent d’encadrer mieux les élèves.
Parce que le décrochage est aussi presque organisé par le système éducatif. Il suffit de regarder les données officielles pour voir qu’il concerne les lycéens professionnels et plutôt les quartiers populaires. Le ministère semble prêt à bouger, de façon ultra prudente, sur l’orientation subie. Mais observons dans ces quartiers les conditions d’enseignement. Voyons ces lycées où les séries S sont à 20 élèves et les STMG et les secondes à 36. Voyons les collèges des quartiers difficiles avec 23 élèves par classe. Comment ne pas voir que ces conditions organisent l’échec ?
Un effort insuffisant. « C’est un gâchis formidable sur le plan financier et humain. On met des moyens pour que les élèves puissent être qualifiés et 150 000 jeunes quittent le système scolaire sans qualification ! » En janvier 2012, à Pierrefitte (93), François Hollande visite les locaux de l’AFPAD, une association locale pilote contre le décrochage. A sa sortie, il affirme : « J’ai pris l’engagement qu’aucun jeune de 16 à 18 ans ne se trouvera sans solution ». Deux ans plus tard, le doublement du nombre de raccrochés est un bon signe. Mais à ce rythme là c’est un septennat qu’il faudrait pour mettre fin au gâchis.
François Jarraud
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« Je suis un jacobin… Mais c’est un bilan collectif. Le travail avec les autres porte ses fruits ». Présentant les bons résultats de son programme contre le décrochage, Vincent Peillon a joué de deux registres mettant en avant tantôt les pratiques pédagogiques liées à l’éducation nationale tantôt les actions de ses partenaires. Une attitude qui a sa racine dans les actions régionales déjà bien installées. Mais qui anticipe sur la future loi sur la formation professionnelle.
Dans la lutte contre le décrochage l’action régionale est déjà indispensable. Au plus proche du terrain les régions disposent des réseaux d’associations et d ‘entreprises qui peuvent aider au raccrochage des jeunes. Elles sont un puissant soutien pour les structures éducatives comme le smicro lycées. « Je suis enseignante au micro lycée de La Courneuve », nous a confié A Mauroy, déléguée générale de la Fespi. « Je vois bien que la collaboration avec la région fonctionne et permet de faire beaucoup de choses ».
Mais la situation va évoluer avec la loi sur la formation professionnelle qui sera présentée en conseil des ministres le 22 janvier 2014. Le projet de loi accorde aux régions des compétences en matière d’orientation et de formation initiale différée pour les décrocheurs. L’orientation est partagée avec l’Etat qui a en charge celle des élèves et des étudiants dans le cadre du service public régional d’orientation. C’est la région qui pilotera la formation des décrocheurs et leur insertion professionnelle.
C’est cette perspective qui a pesé visiblement à Vincent Peillon tout au long de la journée du 8 janvier. Il lui fallait à la fois affirmer l’intérêt de cette collaboration fructueuse avec les partenaires de l’éducation nationale et rassurer ses propres troupes sur leur place dans le futur dispositif.
François Jarraud
Comment lutte-t-on contre le décrochage en région ?
La région Ile-de-France s’est attachée à travailler sur le décrochage depuis longtemps, en s’y investissant d’abord au travers du prisme de la formation et de l’insertion professionnelles, puis de celui de la formation initiale. Aujourd’hui, fidèle à ses objectifs de réussite pour tous les jeunes, elle veut aller encore plus loin et faire encore mieux. En faisant de la lutte contre le décrochage scolaire une grande cause régionale, les élus socialistes de la région Ile de France entendent coordonner les actions et les réflexions sur le territoire régional, donner une dimension plus collective à maintes initiatives individuelles, et développer, là où nécessaire, des modes de travail efficaces.
Le Café francilien n¨24
http://cafepedagogique.net/regionales/Pages/idf24_Sommaire.aspx
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Symboliquement, le ministre a fait paraitre au Journal Officiel du 9 janvier le décret autorisant l’expérimentation du « dernier mot à la famille » en matière d’orientation. Ce texte, prévu par la loi d’orientation, donne à l’élève s’il est majeur ou ses parents la décision finale. Mais cela suffit-il à assurer un réel libre choix des familles ?
Pris « à titre expérimental et pour une durée de trois ans », il autorise la procédure d’orientation des élèves du collège en fin de troisième à déroger aux dispositions légales dans des établissements scolaires où a lieu l’expérimentation.
« Lorsque les propositions du conseil de classe sont conformes aux demandes des responsables légaux de l’élève ou de l’élève majeur, le chef d’établissement prend les décisions d’orientation conformément à ces demandes et les notifie aux responsables légaux de l’élève ou à l’élève majeur. Lorsque ces propositions ne sont pas conformes aux demandes, le chef d’établissement ou son représentant avec le professeur principal de la classe reçoivent l’élève et ses responsables légaux afin de leur expliquer les propositions du conseil de classe, de recueillir leurs observations et de proposer un entretien avec un conseiller d’orientation-psychologue dans un délai de cinq jours ouvrables. Si, au terme de ces cinq jours, le cas échéant après une nouvelle rencontre avec le chef d’établissement ou son représentant organisée à la demande de l’élève et ses responsables légaux, ces derniers maintiennent leur choix, le chef d’établissement prononce une décision d’orientation conforme à ce choix. Il en informe l’équipe éducative ».
Aujourd’hui en fin de troisième, 65% des élèves sont envoyés en seconde GT et 32% en seconde professionnelle ou CAP. Quelques progrès ont été réalisés depuis 1997, le taux de passage en 2de GT étant passé de 59 à 65%. Le taux de redoublement a reculé passant de 7 à 3%. Les appels pour décisions d’orientation concernent que très peu de cas et les décisions finales prises contre le gré des familles sont encore plus rares. Voilà qui plaide en faveur du libre choix des familles.
Pour autant les décisions d’orientation ne sont pas à l’abri des inégalités sociales. Ainsi si 89% des enfants de cadres sont orientés en 2de GT, c’est le cas que pour 36% des enfants d’inactifs et 43% des employés de service. Or les demandes des familles sont e cause selon une étude de la Depp. Ainsi 91% des cadres demandent la seconde GT pour leur enfant quand ce n’est que 36% des inactifs. A notes égales, les écarts entre les souhaits sont importants. Quand ils sont très bons, 98% des enfants de cadres demandent la seconde GT quand c’est seulement 80% des enfants d’ouvriers non qualifiés.
La conclusion c’est qu’on ne saurait, dans tous les cas, faire l’impasse pour une véritable éducation à l’orientation. Mais celle-ci peut elle avoir lieu si l’élève et sa famille sont convaincus que la décision finale sera prise sans eux ?
Francois Jarraud
Le décret
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTE[…]
Étude Depp
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2013/76/6/DEPP_NI_201[…]
Décrocheurs : Voici Ma seconde chance
Développé par l’Onisep, ce nouveau site est disponible sur le web et sur mobile. Ma seconde chance doit guider les décrocheurs vers des solutions adaptées à leur besoin. Le site propose des ressources pour faire le point avec une proposition géolocalisée et un tchat pour avoir un interlocuteur.
Ma seconde chance
http://www.masecondechance.fr/#accueil
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- Décrochage et réforme du professionnel
Pour lutter contre le décrochage, l’offre de formation professionnelle apparait un atout important. C’est en proposant une solution de qualification rapide et réelle que l’on peut permettre à des élèves en échec scolaire de rester dans une formation qualifiante. C’est l’intérêt du dernier numéro de Éducation & formations de regarder de près l’impact de la réforme du professionnel sur le devenir des élèves.
La réforme du professionnel a supprimé les classes de BEP et invité les élèves à opter pour un CAP en deux ans, conçu comme un véritable filet contre les sorties sans qualification, ou un bac pro en 3 ans. Éducation & formations propose deux études. La première, par Maud Coudène, étudie les CAP dans l’académie de Lyon. Florence Defresne et Mireile Dubois ont étudié le devenir en bac pro.
A Lyon, M Coudène montre que la réforme s’est traduite par une hausse du nombre d’élèves admis en CAP. 19% d’entre eux vont quitter al formation en fin de première année. Un pourcentage qui avoisine la moyenne nationale. Avec la réforme le taux des sorties (décrochage en fait) est passé de 17 à 21%. D’où l’intérêt d’aller voir qui sont ces élèves que le dispositif n’arrive pas à garder. Contrairement aux attentes, ce sont à égalité des garçons et des filles. L’éloignement géographique est un critère de décrochage. Mais l’élément le plus déterminant est le niveau scolaire à l’entrée en CAP.
La réforme du bac pro a fait le pari d’une formation qualifiante en 3 ans au lieu d e 4. Pour Florence Defresne et Mireille Dubois, la réforme permet d’amener davantage de jeunes au niveau du bac. » Intégrer un baccalauréat professionnel en trois ans après la troisième permet à 7 élèves sur 10 d’accéder sans redoublement à une terminale professionnelle. Seuls 4 élèves sur 10 sont dans ce cas lorsqu’ils sont passés par un brevet d’études professionnelles (BEP)… intégrer un baccalauréat professionnel directement après la troisième augmente encore de 8 points les chances d’obtenir, en trois ans, un diplôme de ce niveau ». Sur ce terrain là la réforme fonctionne bien. Mais, les chiffres ministériels montrent l’envers du décor, non évoqué dans l’étude. Le taux de sorties en afin de première année est passé de 8 à 14% avec la réforme. Plus de réussite mais aussi plus de décrochage, voilà el défi de la réforme.
François Jarraud
Education & formations
http://www.education.gouv.fr/cid76383/le-decrochage-scolaire-u[…]
Sur le site du Café
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