C’est au sommet de Davos, devant les grands chefs d’entreprise, que l’OCDE a dévoilé une nouvelle étude basée sur Pisa 2018. Elle montre le faible éventail de choix professionnels que se donnent les jeunes adolescents quand on évoque leur métier futur. Ils n’établissent pas non plus de lien entre ces aspirations et leurs choix d’études. Pour l’OCDE pour assurer une meilleure éducation à l’orientation, il faut développer la formation professionnelle et la mise au travail précoce des jeunes. Une limite est pourtant apportée par Pisa : la France n’entre pas vraiment dans le schéma présenté par l’OCDE.
Le premier point montré par l’OCDE c’est la réduction des aspirations professionnelles des jeunes. « Le rapport, intitulé Dream jobs: Teenagers’ career aspirations and the future of work, mentionne que 47 % des garçons et 53 % des filles interrogés dans 41 pays prévoient d’exercer uniquement l’une des dix professions les plus populaires à l’âge de 30 ans », écrit l’oCDE. « Les chiffres tirés de la dernière enquête PISA menée auprès de jeunes de 15 ans et rendue publique le mois dernier révèlent que les aspirations professionnelles sont aujourd’hui moins diversifiées, ainsi qu’en témoigne la hausse de 8 points de pourcentage pour les garçons et de 4 points pour les filles depuis l’enquête PISA réalisée en 2000 ».
Les 10 voeux préférés des filles restent docteur, prof, manager, juriste, infirmière, psychologue, designer, vétérinaire, policière et architecte (deux entrées nouvelles). Le pourcentage de celles qui veulent devenir professeure a diminué entre 2000 et 2018. Pour les garçons, les métiers les plus souhaités restent ingénieur (pourcentage doublé), manager, docteur, informaticien, sportif, professeur, policier (a doublé) , mécanicien, juriste et architecte.
Et on assiste bien, selon l’étude, à une restriction de ces voeux, les 10 métiers cités réunissant 53% des voeux des filles contre 49% en 2000 et 47% des garçons contre 38%. Mais on notera que cette tendance à la restriction des voeux se trouve notamment en Allemagne (passe de 43 à 51% entre 2000 et 2018 pour les filles de 36 à 38 au total) et en Autriche les pays modèles pour la formation professionnelle alors qu’en France l’éventail s’est au contraire ouvert (de 53 à 43% pour les garçons de 40 à 36 au total).
Selon Andreas Schleicher, Directeur de l’éducation et des compétences de l’OCDE, » trop d’adolescents ignorent ou ne sont pas conscients des nouveaux types de métiers qui se créent, notamment du fait de la transformation numérique de l’économie ». Et d’affirmer la supériorité du système allemand où la formation professionnelle précoce élargirait les choix. » En Allemagne et en Suisse, par exemple, moins de quatre jeunes sur dix se déclarent intéressés par dix professions seulement. En Indonésie, à l’inverse, 52 % des filles et 42 % des garçons se destinent à trois professions uniquement ».
Le rapport va d’ailleurs plus loin encore. L s’ouvre sur une apologie de lamise au travail précoce. « Les jeunes qui combinent un travail à temps partiel avec leurs études ont de meilleurs résultats dans le passage des études à la vie professionnelle. Ils ont moins envie de rester sans emploi, obtiennent des salaires plus élevés… L’engagement dans le monde du travail a des effets positifs éducatifs, économiques et sociaux pour les jeunes ». L’OCDE invite à exposer les jeunes à des programmes d’orientation avec expérience de mise au travail des jeunes.
Le rapport montre aussi qu’il y a un écart entre le bon niveau des élèves et leur voeu de poursuite d’étude. Par exemple en Allemagne, 30% des bons élèves de milieu favorisé n’envisagent pas de poursuite d’études supérieures et 67% des élèves défavorisés. Là aussi notons qu’en FRance ce n’est le cas que pour 10% et 20% . Un système éducatif sélectif et encourageant la voie professionnelle peut aussi avoir un choc en retour…
La FRance apparait par contre mal placée en ce qui concerne l’assistance des jeunes pour leur orientation. On a moins de jeunes qui rencontrent un conseiller d’orientation que dans la moyenne de l’OCDE et c’est beaucoup plus fréquemment le cas pour les jeunes défavorisés que les favorisés. Les bons élèves sur ce terrain sont les pays nordiques, le Portugal, la Finlande. Les Etats Unis et l’Allemagne font mieux que nous.
F Jarraud