Impossible d’avoir des taux de grévistes dans l’Education nationale : la manifestation du 29 janvier a lie un mercredi, un jour qui n’est pas travaillé par une majorité d’enseignants. Les cortèges sont restés très importants mais un peu moins fournis en cette 8ème journée de grève nationale. Mais la détermination des manifestants reste très forte.
Des cortèges contre la réforme des retraites ont eu lieu dans un grand nombre de villes le 29 janvier. A Paris, 180 000 manifestants se sont donnés rendez vous selon la CGT, soit nettement moins que le 16 ou le 24 janvier. A Marseille on compte 75 000 personnes (CGT) ou 4500 (police), 3500 à 10 000 à Bordeaux, 3000 à 35000 à Toulouse, 3000 à 7000 à Lyon, au Havre et à Montpellier, 2000 à 4000 à Rennes.
Dans le cortège les enseignants, en fin de cortège, marquaient par leur détermination. Ainsi Amélie et Margot, deux professeures d’une école maternelle de Gennevilliers, sont en grève quasi continue depuis début décembre. Elle s’apprêtent à reprendre pour répondre aux demandes des parents mais déclarent vouloir refaire grève si nécessaire. « On veut se battre contre ce projet sur les retraites qui nous parait inégalitaire », nous dit Amélie. « On veut défendre le système de retraite actuel, qui est solidaire. C’est notre vision de la société. On ne veut pas être la génération qui aura cédé sur des droits que les générations précédentes ont réussi à arracher ». L’annonce de l’inconstitutionnalité de la loi de programmation ne les surprend pas. « C’ets ce qu’on pensait. On nous avait déjà promis la revalorisation salariale. Mais c’est de la poudre aux yeux pour nous faire reprendre le travail ». Pour Amélie, la loi sur les retraites est « la cerise sur le gateau » d’une dégradation du métier. « Le statut prend des coups. On voit se multiplier les contractuels, la formation est réduite », dit-elle. Margot explique qu’elles sont de plus en plus contraintes de tout justifier dans leur travail. La pression est constante ».
Mme Godo enseigne l’histoire-géographie en lycée à Courbevoie. « On est mobilisé depuis un mois et demi », rappelle t-elle. « On va etre la profession la plus touchée par la réforme des retraites sans aucune garantie de revalorisation. Les promesses ont été retoquées par l’avis du Conseil d’Etat ». Là aussi il y a d’autres facteurs qui expliquent sa mobilisation. « Le salaire est gelé depuis 10 ans. Surtout la réforme du lycée abime nos conditions de travail. Tous les 4 mois les élèves passent une épreuve du bac (l’histoire-géo est concernée par le controle continu NDLR). On est dans des injonctions contradictoires. On nous parle de projet pédagogique, de sorties, de développement des compétences et de l’esprit critique. Mais on est dans le bachotage pendant des semaines avec des épreuves contraintes ».
Elle aussi reste mobilisée. « Dans mon lycée dix professeurs ont fait grève pendant deux semaines ». Le récent sondage des adhérents Se-Unsa montre que la base est prête à se mobiliser même chez les plus modérés.
FRançois Jarraud