Depuis plus d’un semaine, chaque journée ordinaire de l’éducation nationale piétine un peu plus les valeurs du métier enseignant. Le 28 janvier les élèves du lycée Montesquieu de Bordeaux ont été trappés sur ordre du rectorat avec obligation de passer toutes les épreuves du controle continu immédiatement. Mais ça n’a pas marché…
Le 27 janvier les épreuves avaient été reportées par le chef d’établissement devant le refus des élèves de composer. Le 28 janvier tout bascule. « Dès 7h40 les messages des collègues arrivent: entrées du lycée bloquées pour tout le monde. Les profs sont obligés de se garer à l’extérieur et de rentrer par le portail où les élèves sont filtrés par l’administration : seuls les Premières rentrent. Ils découvrent la situation avec nous. Les Secondes et Terminales sont renvoyés chez eux », nous a raconté un enseignant.
« Panique chez les élèves, grosse colère chez les profs. Très vite les Premières se rassemblent dans la cours. Chahut », continue t-il. Les élèves sont mis en demeure de passer tout de suite les 3 épreuves des E3C. Des pressions sont exercées par le personnel rectoral. » Il est inadmissible de placer des élèves dans un climat aussi anxiogène en leur imposant de passer au pied levé une épreuve annulée la veille. Il est inacceptable que des élèves soient pris à parti dans l’enceinte même du lycée par des équipes mobiles de sécurité du rectorat (AEMS) et incités à dénoncer leurs camarades les plus actifs dans ce mouvement d’opposition à la réforme », dit le communiqué de l’assemblée générale des professeurs.
« Les profs en salle des profs sont très choqués. Tous ensemble nous refusons de prendre les élèves et de surveiller les E3C. A 8h15 la proviseure vient nous voir. Elle a subi la pression du rectorat qui refuse que les épreuves soient reportées… Les élèves sont très en colère. Majoritairement ne veulent pas composer dans ces conditions. Seuls 30 élèves le souhaitent. Donc la proviseure après nous avoir consulté, décide de les renvoyer ».
Au final, les épreuves prévues sont reportées jusqu’à vendredi. L’incident a soudé 55 professeurs sur 75. Dans Sud Ouest la rectrice minimise. « Je ne conteste pas les difficultés d’organisation à Montesquieu. Le report de lundi a créé de l’agitation. Aujourd’hui les épreuves ne pouvaient pas se passer dans un climat serein. Mais on a tout le temps de les reporter »…